Terre d’accueil et terre d’asile, la Tunisie l’a toujours été depuis la nuit des temps. Il y a certes de lois, des dispositions légales régissant le statut des étrangers résidents dans notre pays, comme c’est le cas partout dans le monde.
Mais en ce qui concerne ces immigrés illégaux dans notre pays, essentiellement des Subsahariens nés de l’autre côté de la barrière, la chose prend une dimension humanitaire. Ce sont essentiellement des réfugiés fuyant l’enfer libyen, mais qui n’en cessent de baver et de souffrir. Quoi faire ? Les expulser ? Ce serait contrevenir aux dispositions internationales. A moins de leur accorder des papiers de séjour, le temps que les choses se clarifient et que le Haut comité aux réfugiés prenne la mesure du drame.
Il faut simplement se dire que des milliers parmi nos concitoyens vivent dans les mêmes conditions en Europe. Et, alors, encore un petit effort : sauvons et raffermissons nos valeurs humanitaires.
Le problème des migrants illégaux en Tunisie a fait couler beaucoup d’encre, durant les dernières années. Le problème est loin d’être résolu. Cette situation floue et intrigue plusieurs parties de la société civile qui appellent à leur garantir leurs droits et à trouver des solutions concrètes. Ce problème a été évoqué le samedi suite au communiqué publié par la présidence du gouvernement.
Il faut quand même remettre de l’ordre
La cheffe du gouvernement Najla Bouden a présidé un conseil ministériel restreint consacré à l’examen de la situation des migrants illégaux résidant dans le complexe des jeunes à La Marsa, lit-on dans un communiqué rendu public le 24 décembre 2022.
Au début de la réunion, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamal Déguiche, avait présenté une brève déclaration sur un certain nombre d’immigrants illégaux résidant dans le complexe de la jeunesse Marsa depuis plus de cinq ans illégalement, ce qui a perturbé le travail du complexe. en raison de leur refus de quitter les lieux.
Après délibération, en présence de toutes les parties concernées : le ministère de la justice, le ministère des affaires étrangères et le ministère de l’intérieur, il a été convenu qu’ils devaient procéder à leur expulsion en raison de leur statut illégal, à condition que les procédures commencent dès que possible, d’après le communiqué susmentionné.
« Politiques discriminatoires et répressives »
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a mis en garde, le 25 décembre 2022, contre toute tentative de rapatriement forcé des migrants irréguliers et ce, en réaction au communiqué publié par la présidence du gouvernement relatif au rapatriement des migrants irréguliers hébergés au complexe de la jeunesse de la Marsa depuis plus de cinq ans.
Le FTDES appelle, dans un communiqué rendu public, le gouvernement à trouver une solution qui réponde aux attentes des migrants et demandeurs d’asile dénonçant le contenu « discriminatoire » du communiqué publié par la présidence du gouvernement à l’issue d’un conseil des ministres tenu vendredi.
Les Etats impliqués dans le déclenchement de la guerre en Libye, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le gouvernement tunisien sont tous responsables de la situation catastrophique des demandeurs d’asile hébergés au complexe de la jeunesse de la Marsa rappelant que deux migrants ont déjà péri à la maison de jeunes de la région, a indiqué le FTDES.
Selon le communiqué susmentionné, le FTDES appelle les organisations de la société civile à se mobiliser pour lutter contre » les politiques discriminatoires et répressives du gouvernement tunisien envers les migrants « .
Droits des réfugiés et des demandeurs d’asile
Rappelons qu’en 2011, pendant la guerre en Libye, le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) a ouvert un camp de réfugiés à Choucha, qui avait accueilli jusqu’à 18.000 personnes au pic de la crise. En 2013, le HCR a décidé de fermer ce site alors que des centaines de ses occupants attendaient d’être réinstallés dans des pays tiers. Une partie a pu quitter la Tunisie, une autre s’est vue proposer des solutions en zones urbaines. Des dizaines de ces migrants sont cependant restés sur place, réclamant une réponse positive à leur demande d’asile, avant d’être évacués de ce camp en 2017, selon le site « Africa Radio ».
Il est à mentionner que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’efforce de protéger les droits et le bien-être des réfugiés dans le monde entier. Le but du HCR est de faire en sorte que chacun puisse exercer son droit de demander l’asile et trouver un refuge sûr à l’abris de la guerre et de la persécution. Le HCR protège également les apatrides, lit-on sur son site officiel.
Selon l’agence susmentionnée, les réfugiés et les demandeurs d’asile ne peuvent pas être renvoyés ou expulsés vers un pays où leur vie ou leur intégrité physique risquent d’être menacées et ne doivent en aucun cas être renvoyés dans leur pays d’origine. Si vous êtes poursuivi et que vous êtes confronté à une procédure d’extradition ou d’expulsion, vous avez droit à une assistance juridique gratuite fournie par le partenaire du HCR par le biais de l’unité de conseil et d’assistance juridiques.
Les demandeurs d’asile et les réfugiés ont le droit de ne pas faire l’objet d’enquêtes ou de ne pas être condamnés à une amende pour leur entrée irrégulière sur le territoire tunisien. Et d’ajouter que les réfugiés et les demandeurs d’asile ont droit à une assistance juridique gratuite fournie par le partenaire du HCR, d’après la même source.
La protection contre la violence sexuelle et sexiste, l’éducation et l’enregistrement des naissances figurent parmi les droits des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Ghada DHAOUADI