Depuis plusieurs années, on parle de la détérioration de la situation des industries pharmaceutiques en Tunisie: dettes de la pharmacie centrale, pénurie de plusieurs médicaments; des indicateurs qui ne peuvent que traduire que la santé du citoyen lambda est menacée. L’observatoire national du médicament relevant du ministère de la Santé a reconnu, en décembre, que l’approvisionnement mensuel irrégulier touche environ 300 médicaments. Cette pénurie a eu des répercussions négatives sur l’exportation des services de santé car le médecin ne peut plus prescrire des médicaments génériques que le patient ne trouvera pas dans son pays, ainsi il y a de moins en moins de patients qui choisissent la Tunisie pour se soigner, notamment les personnes atteintes de maladies graves comme le cancer, avait indiqué le président du syndicat des médecins du secteur privé, Samir Chtourou (« Mosaique FM », 28 janvier 2023). Les autorités ont rassuré maintes fois les Tunisiens; » La crise que traverse actuellement le secteur de distribution des médicaments est en passe d’être résolue » avait mentionné le président de la République le 7 décembre 2023. Pour sa part, le ministre de la Santé a promis, le 24 janvier 2023, des « changements radicaux » prochainement dans le secteur pharmaceutique. Quelques mois après ces déclarations, le dossier des industries pharmaceutiques et le problème de la pénurie des médicaments ont été évoqués de nouveau.
Corruption dans le secteur de la santé!
Le président Kais Saied a souligné, lors d’une réunion avec Ali Mrabet, la nécessité d’ouvrir tous les dossiers liés à la corruption dans le secteur de la santé, et de poursuivre en justice tous ceux qui ont commis des crimes contre le peuple tunisien, selon un communiqué rendu public le 24 février 2023
Dans le même contexte, Saied a précisé que le secteur de la santé publique « souffre de nombreuses maladies », en raison, notamment de l’affaiblissement du rôle de l’Etat et de la corruption qui ronge de nombreuses institutions, qu’elle soit liée aux établissements hospitalières, à l’industrie pharmaceutique, ou autres structures associées à ce secteur vital, affirmant que le droit à la santé est un droit humain que l’Etat doit garantir à tous.
Parmi les axes qui ont été discutés lors de cette réunion figurent certain nombre de projets qui ont été retardés notamment le projet de l’Hôpital Roi Salmène ben Abdelaziz à Kairouan et « les obstacles fabriqués par certaines parties pour entraver sa réalisation ».
Selon la même source, les fonds nécessaires au financement de ce projet sont disponibles, « mais ceux qui s’opposent à sa réalisation imputent le non démarrage des travaux à la législation et procédures en vigueur », Et d’ajouter qu »il s’agit d’un état pathologique qui doit être traité ». Il a appelé à mettre les parties qui y sont impliquées doivent leur responsabilité.
Les deux parties ont, également, parlé de l’hôpital Ghar Dimaou à Jendouba suspendu depuis des années pour des motifs mal intentionnés visant à bloquer ce projet, selon le chef de l’Etat.
Des lobbies
Le président de la République a souligné lors d’une visite qu’il a effectuée, le 22 février 2023, au siège de la Société tunisienne des industries pharmaceutiques à Ben Arous, la nécessité d’attribuer la responsabilité à toute personne cherchant à « saboter le pays et à opprimer les citoyens ».
Lors de cette visite, Saied a inspecté plusieurs entrepôts de l’entreprise où des médicaments périmés étaient stockés. Selon la même source, » certaines personnes « périmées » cherchent à revenir, c’est pourquoi ils lancent leurs campagnes enragées en collaboration avec des entités douteuses pour frapper l’État ». Dans le même contexte, Saied a précisé que cette situation est « inacceptable » étant donné la perte de nombreux médicaments dans les pharmacies.
Le chef de l’Etat a accusé certains lobbies de « chercher à s’emparer du secteur pharmaceutique et à compromettre la santé des citoyens ». Il a appelé le pouvoir judiciaire à appliquer la loi et à charger les responsabilités, car le pays vit une « guerre de libération nationale contre ceux qui portent la pensée criminelle de détruire l’État », selon ses dires.
D’après Saied, la Tunisie dispose des moyens et des compétences pour produire des médicaments, appelant à une collaboration pour sauver l’État et la patrie et faire des entreprises nationales des institutions rentables et financièrement équilibrées. Il a souligné que l’atteinte des véritables équilibres financiers et l’autonomisation du peuple de son droit à la santé, au logement, à l’éducation et à une vie digne « ne peuvent être réalisés qu’en « nettoyant » l’administration et le pays des agents de l’étranger et des groupes d’intérêts, et de ceux qui cherchent à frapper l’État et à opprimer les citoyens ». Il a également critiqué ceux qui appellent à un dialogue national, se demandant quel est l’intérêt de lancer un dialogue après les élections législatives, les exhortant à prendre connaissance de la situation du peuple tunisien, qui vit dans la pauvreté, la misère et la marginalisation, « alors qu’ils parlent aux médias et profitent des millions », selon ses dires.
Ghada DHAOUADI