Le Front national du salut a appelé à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées et à arrêter les poursuites à leur encontre. Le front assure que « ces exactions n’entameront pas sa volonté de poursuivre l’action jusqu’à faire tomber le putsch, et faire revenir la légitimité constitutionnelle et la démocratie. » Le front a renouvelé l’appel aux citoyens, aux forces politiques et aux représentants de la société civile à participer en force à la manifestation programmée pour le 5 mars à 10H00, pour revendiquer la libération de tous les détenus politiques, les syndicalistes et les journalistes. Mais pourquoi cette vague d’arrestations ? Et à quoi servirait-t-elle ?
Une chose est sûre, le peuple tunisien n’est jamais satisfait. Il est juste bon à critiquer et à se lamenter. Rappelons que la semaine dernière, le ministère du Commerce a annoncé que plus de 12 mille infractions économiques ont été relevées depuis le début de l’année 2023.
Manipulation des prix
Ces infractions concernent essentiellement, la manipulation des prix et les pratiques de monopole (4422 infractions), l’atteinte à la transparence des transactions (6507 infractions) et le détournement des produits subventionnés (102 infractions). Les opérations de contrôle effectuées durant cette période ont permis de saisir des quantités importantes de produits de consommation dont 144 mille œufs, 157 tonnes de dérivés de céréales, 70 tonnes de sucre, 104 mille boîtes de conserves, 29 tonnes de café et 38 mille litres de lait. La plupart de ces infractions ont causé d’importantes pénuries qui perdurent depuis des mois. Ces mêmes pénuries ont engendré d’importantes augmentations des prix sur les produits de consommations.
Un cercle vicieux qui ne fait qu’appauvrir les citoyens. Maintenant, qu’en est-il des responsables de ces pénuries ? Doivent-ils rester en liberté sans être arrêtés et sans être jugés ? Ou bien devrions-nous appliquer la loi et limiter la corruption ?
D’un autre côté, le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Tahri, a assuré que la situation sociale dans le pays atteint un niveauintenable. Dans une déclaration faite, samedi dernier à un journal en ligne, Tahri a appelé le gouvernement à cesser de manipuler les droits des travailleurs et des salariés. Il assuré que le gouvernement plonge davantage le pays dans l’endettement et supprime les subventions, soulignant que le syndicat s’opposera à ces politiques. Il est vrai que la situation sociale laisse à désirer et que le niveau de vie des Tunisiens s’est nettement dégradé, mais qui est le responsable de cette situation ?
« La loi est dure, mais c’est la loi »
Revendiquer une augmentation des salaires et des aides financières à un Etat déjà en faillite est absurde. C’est comme si on demandait à un muet de parler. Mais il est facile de ne pas prendre en considération la crise économique du pays et de continuer les revendications. Mais ce qui est bizarre c’est que l’on ose critiquer certaines arrestations qui ont pour but d’instaurer l’ordre, d’appliquer la loi et de limiter la corruption…
Aujourd’hui, si la situation économique de la Tunisie est juste chaotique, c’est juste la conséquence de plusieurs années de corruption et de mauvaise gestion. Fini les temps de Ben Ali, où la corruption battait son plein. Idem pour la décennie noire. Il est temps que les choses changent. Il est temps d’appliquer la loi pour tous. Si l’on veut la démocratie, alors il faudrait accepter tous les changements. Un pays ne pourra jamais avancer si l’on n’applique pas la loi. Dans les pays développés, personne n’est au-dessus. Le problème en Tunisie, est que jamais président n’avait tenu tête aux personnes qui veulent porter atteinte à la sureté de l’Etat, aux personnes corrompus, avant Saied… Les Tunisiens exigent toujours les changements, mais comment est-ce possible de changer positivement les choses sans appliquer la loi ? Sans arrêter les responsables ? Si on veut la démocratie, il faudrait aussi accepter le recours à la justice. Et comme le dit un proverbe romain « la loi est dure, mais c’est la loi ».
Leila SELMI