Par Slim BEN YOUSSEF
Il faudrait chercher dans les constantes de la diplomatie africaine de la Tunisie contemporaine, dont les pierres angulaires avaient été posées dans les années soixante par le mythique tandem Bourguiba-Senghor, les majuscules les plus épaisses et les enduire d’encre rouge afin que le plus important à dire de l’histoire de l’ancrage africain –trois fois millénaire- de la Tunisie ne soit jamais omis.
De là, accusée récemment de « racisme d’Etat », de « fascisme » et de « discrimination légitimée par les autorités », pointée du doigt à travers le continent et bien au-delà, la Tunisie –antique et éponyme Afriquiya- n’a pas à se défendre : historique terre d’accueil et traditionnel pont de passage ; berceau de tolérance et de cosmopolitisme, la Tunisie, légendaire « mère d’Afrique », est tout sauf xénophobe.
Reste qu’après un peu plus de deux semaines de polémiques intra et extra muros et de « malentendus » diplomatiques sans précédent, la réponse institutionnelle était, évidemment, très attendue. Officiellement, la Tunisie –toutes institutions confondues- « rejette catégoriquement toute accusation liée à un prétendu racisme d’Etat », martèlent à l’unisson Carthage, la Kasbah et les Affaires étrangères, voulant mettre les points sur les i dans un communiqué lâché dimanche soir. Annonce phare : des « mesures » prises dans la foulée pour rendre la vie plus facile à « nos frères » expats subsahariens.
Suffisant pour calmer le jeu ? Le pas en arrière est tangible ; les mesures tantôt bien accueillies, tantôt jugées insuffisantes. Encore faut-il se tirer définitivement de l’imbroglio. La Tunisie se devait, en effet, de réagir vite et correctement. A défaut de quoi l’on se dirigerait tête baissée vers une crise, non seulement sociale et culturelle, mais aussi diplomatique –aussi incroyable qu’inédite- avec le continent.
Aux dérives racistes, aux vagues d’agressions et aux mouvements (très médiatisés) de « fuites de masse », s’ajoutaient les « sonnettes d’alarmes » des ONGs, les rapports scandalisés de la presse internationale et les « inquiétudes » expressément transmises par les ambassadeurs africains. Tout scénario d’escalade semblait –bien sûr- surréaliste, tout au moins invraisemblable ; quand bien même des échos, dans la presse africaine, faisaient pourtant état de potentielles restrictions commerciales, réplique courante de représailles dans la dialectique diplomatique.
En politique comme en diplomatie, les « écarts » sont fréquents. Non sans conséquences, ils restent, toutefois, plus ou moins rectifiables ; même s’il se trouve qu’aujourd’hui, rappeler, par la voie de la diplomatie, les « coutumes » de la politique africaine de la Tunisie pourrait désormais ne plus suffire. Et que, dans le meilleur des mondes, un retour sincère aux sources serait beaucoup plus incisif . Et, d’ailleurs, non moins « profitable », sur fond de « nouvelle donne » économique mondiale. Sincère ? Pour que les mots deviennent, en somme, substantiels ; pour que l’Histoire redevienne signifiante.