Sept artistes du groupe « Interactions » se réunissent de nouveau à la Galerie Aïn des Jardins de Salammbô pour exposer leurs créations plastiques. 20 travaux, représentant des techniques variées, qui révèlent une pluralité de regards dans les différents thèmes traités. Les artistes participants sont Abdelmalek Allani, Fadhel Ghédira, Mohamed Zouari Abdelmajid Ayed, Abdelhamid Sakli, Saïda Dridi et Alya Legsouri.
Abdelmalek Allani expose trois tableaux ; « Mouvement ascendant », « le Quotidien » et « Regarder la boule ». Dans son œuvre « Le Quotidien », le travail de l’artiste nous rappelle le Pop’ Art, qui consiste en une répétition de modèles sur la toile, inspirés de la société, par l’utilisation de couleurs vives. De prime abord, ces formes nous semblent identiques ou presque, quand bien même elles auraient l’air de s’enchainer, telle une bande dessinée, mais elles nous révèlent à la fin un résultat parfois inattendu.
Alya Legsouri nous présente trois petits formats en aquarelle sur papier. Les travaux ont pour titres : « Glaneuses », « Vendeur » et « Marché ensoleillé ». Des couleurs gaies et limpides, allant des plus claires pour aller vers les plus transparentes. Parfois, on remarque des zones d’ombre où la couleur est alors moins pâle.
Les quatre œuvres de Fadhel Ghédira, faites essentiellement en pastel sur papier, révèlent un traitement cubiste de tous les sujets abordés. On a l’impression d’être devant des éléments en décomposition totale : émiettement des éléments, irrégularité, balancement et oscillation des objets et des modèles qui paraissent en perpétuel mouvement. On retrouve cette même folie discordante et ce chassé-croisé dans les lignes et les couleurs dans tous les tableaux exposés. Il s’agit du cubisme contemporain, car depuis son apparition, il n’a cessé de se développer et chacun des peintres cubistes y a laissé ses propres empreintes, tout comme notre artiste Fadhel Ghédira.
Mohamed Zouari est présent avec deux œuvres, à savoir « La dame en rouge » et « Le soufi ». Ces deux toiles révèlent un souci de recherches esthétiques continues et novatrices dans les arts plastiques. Outre l’acrylique, l’artiste y met d’autres matériaux et d’autres techniques qui lui sont propres. C’est que notre artiste n’est pas le peintre traditionnel ni le peintre conformiste car il s’éloigne des sentiers battus pour se forger un style singulier, puisque dans ces travaux, la peinture s’associe à la sculpture et on croirait voir de la « sculpture picturale » ou de la « peinture sculpturale ».
Abdelhamid Sakli continue sa bonne démarche autour de la tradition en présentant quatre toiles : « Nostalgie I », « Nostalgie II », « Sérénité » et « Patrimoine tunisien », qui illustrent avec beaucoup de tact et de créativité certains aspects de la tradition et du patrimoine tunisiens, tels qu’on les voit dans certaines régions. Des figures géométriques, symétriques ou asymétriques, des motifs variés, diverses couleurs, des signes, des lettres d’alphabet arabe animent prodigieusement les travaux de l’artiste. Les titres portés par les tableaux de Sakli nous rappellent bien nos traditions arabo-musulmanes qui sont encore ancrées dans notre mémoire. L’artiste-peintre s’inspire profondément de ce patrimoine immatériel pour le transposer sous forme d’une vision plastique personnelle, créant ainsi des ouvrages qui font jaillir l’authenticité et la richesse d’un héritage culturel immortel.
Abdelmajid Ayed qui participe à cette exposition avec trois œuvres intitulées respectivement : « Sahirtou minhou ellayali », « Welcome » et « Nuit de fête ». Abdemajid Ayed passe pour un grand dessinateur des personnages mythiques ou historiques, comme dans « Sahirtou minhou ellayali » qui s’inspire d’une époque de l’histoire culturelle de la Tunisie et qui nous rappelle le Groupe Taht Essour (Sous les remparts), ce groupe d’intellectuels tunisiens de l’entre-deux-guerres, provenant de toutes disciplines, qui se réunissaient dans un café homonyme situé dans le quartier populaire de Bab Souika. L’artiste a réussi à intégrer cette époque dans une atmosphère plastique personnelle.
Le tissage et le crochet, une autre discipline des arts plastiques, sont présents dans cette exposition grâce à l’œuvre grandiose de l’artiste Saïda Dridi intitulée « Jazia » qui nous rappelle la légende de « Jazia el hilaiya » enveloppée dans ses longs cheveux. Des tresses longues tissées en fil de laine et des nœuds bien serrés qui se croisent et tiennent les tresses bien assemblées et de couleurs très variées. Un travail de fourmi que l’artiste a dû effectuer pour aboutir à cet ouvrage artisanal exécuté avec beaucoup de tact, de passion et de patience.
Hechmi KHALLADI