Par Raouf Khalsi
Quand le vent se lève, dit-on, il y a ceux qui érigent des moulins et ceux qui dressent des murs. Dans quelle logique sommes-nous ?
Les moulins, ici, renvoient à la création d’énergie. Les murs, eux, signifient le repli sur soi et la coupure du monde. Cela revient à s’emmurer. Au-delà de cette allégorie et sur la plan pratique, le discours souverainiste prend le dessus sur toutes ces velléités de sujétion à un monde extérieur qui nous regarde d’un certain œil, et sur toutes formes d’injonctions. Avons-nous pour autant élevé des murailles ?
Le problème c’est qu’il y a une forme d’incompréhension à l’extérieur et qui se meut instinctivement en ingérences toutes infléchies par des réflexes épidermiques, passionnels et fatalement futiles.
Il faut savoir choisir entre décisions souveraines et alignement sur toutes les théories perforantes et qui, toutes, déclinent en un prosélytisme de mauvais aloi.
Il y a seulement que, par vocation, par déterminisme, par sa légendaire ouverture sur le monde, la Tunisie ne saurait vivre dans une suffocante autarcie. Le prolongement sécuritaire de l’Algérie et vice-versa, comme l’affirme le président algérien résume un peu la hantise d’une recrudescence du terrorisme.
En fait, cette corrélation n’est pas nouvelle. Mais, du moins, la bonne entente entre Saied et Tebboune et garante d’une stabilité jusque-là effective et bien perceptible.
Et même si le site Crisis Global Security ( qui se dit organisation spécialisée dans la gestion des risques pour les entreprises) échafaude des scénarii apocalyptiques pour la Tunisie, ou que les agences de notations se préparent pour riposter au Niet de Saied au FMI, il faut bien admettre que la Tunisie ne risque pas de subir d’ébranlements sécuritaires, mais qu’elle vit quand même un délabrement économique, tribut d’une démocratie corrompue durant une décennie. Parce que, finalement, on vivra entre le marteau et l’enclume. L’économie est une science relationnelle. Les finances représentent le diktat suprême : la Tunisie pourrait-elle s’en sortir avec ses propres moyens (comme le prédit Saied) alors que seuls les chiffres sont têtus ? Quel plan, et quel espoir de rapatrier les fonds spoliés ? Pas évident. Quelle alternative au FMI ? Le risque est que l’étau se resserre.
Kais Saied veut éviter au pays d’être inféodé aux circuits internationaux, parce qu’il n’y voit que des lobbys. Quelque part, c’est vrai. Mais alors, si nous voulons ériger des moulins,
Il nous faudra une feuille de route claire, impliquant tout le monde, toutes les sensibilités et des experts crédibles. Si, au contraire, nous dressons des murs, il nous faudra là aussi des experts, mais d’un autre type.