Le Câble de notre envoyé spécial Sofien Rejeb
Grands préparatifs à Jeddah pour la tenue du 32ème Sommet arabe, au milieu des espérances des peuples arabes, du fait que tout indique que ce sommet sera différent de ceux qui l’ont précédé.
C’est que les dossiers qui y seront traités sont de la première importance, et c’est là que les peuples arabes croisent les doigts pour que les chefs d’Etats arabes transcendent les situations conflictuelles ayant gagné en acuité ces dernières années.
C’est que la situation en Palestine, au Soudan , au Yemen et au Liban n’est pas à l’apaisement, ceci sans oublier les frictions bilatérales, entre la Tunisie et le Maroc et entre l’Algérie et le Maroc.
Participation exceptionnelle
Ce sommet de Jeddah auquel participeront, à priori, tous les Chefs d’Etats, dont Bachar Al Assad, et tous les monarques arabes, dont le roi Mohamed VI sera absent et représenté par son frère Rachid, est marqué par le très grand déploiement de la part de l’Arabie Saoudite qui y pèse de tout son poids, en succession du mandat algérien. L’Arabie Saoudite tient absolument, après la tenue d’un sommet, il y a sept mois, placé sous le signe de la réunification, à infléchir des décisions importantes sur la voie de la concorde.
Après les réunions préliminaires au niveau des experts, puis des ministres arabes des Affaires étrangères (là où il y eu un passage de témoin) et après les rencontres, aujourd’hui, entre les dirigeants, les chefs d’Etats et les monarques arabes seront au rendez-vous, demain, où on écoutera les allocutions avant la déclaration finale , où l’accent sera mis sur la nécessité de trouver les mécanismes permettant aux pays de la région de faire face aux défis, tout en veillant à la sécurité et à la stabilité. Surtout que le monde est en train de connaitre des mutations, du fait de la guerre en Ukraine, et du fait aussi des nouvelles alliances géostratégiques. Les pays arabes sont tenus d’intégrer ces donnes et à savoir se positionner pour sauvegarder leurs intérêts.
Tout, cependant, doit se faire en pleine coordination avec la Ligue arabe, dont il faut cependant tenir compte de certains freins l’ayant empêchée de se faire l’écho des vœux des peuples arabes. Cette apathie, telle que décrite par le ministre saoudien des Affaires étrangères Faiçal Ben Farhat , lors de l’ouverture de la réunion avec ses collègues arabes, devrait être redynamisée par l’union et le sentiment d’appartenance , seule voie de salut pour intégrer la dimension d’un monde qui change.
Les plus gros dossiers
D’après nos sources, des dizaines de dossiers seront mis sur la table. Ainsi du retour de la Syrie dans le giron arabe ; ainsi de l’éternel dossier palestinien, surtout avec les derniers développements et la détresse sécuritaire et humanitaire à Gaza et le passe-droit exercé par Israël , partout, et Al Qods et ceci au milieu du silence de la communauté internationale.
Le troisième grand dossier est inhérent au Soudan. Un pays ayant été divisé par le passé et qu’on veut diviser encore par le sang, sur instigation de forces étrangères et particulièrement Israël.
Il ne faut pas oublier les dossiers yéménite, libyen et somalien, autant de pays qui passent par une situation difficile sur le plan sécuritaire, tout comme on se penchera sur le dossier libanais, ce pays qui vit un vide institutionnel, sans président, et qui est empêtré dans une situation politique et économique intenable.
En tout état d cause, l’accent sera mis sur la lutte contre le terrorisme et il est sûr que la déclaration finale de cet après-midi , en tracera les lignes qui ne sauraient autres qu’une étroite collaboration interarabe, tant au niveau de l’échange de renseignements que de concertations continues.
Il y aura aussi à traiter le conflit russo-ukrainien dans son cadre, parce que ses incidences tiennent aussi à la sécurité alimentaire des peuples arabes. Mais il a aussi le problème de l’eau, véritable danger menaçant l’Egypte et le Soudan. De là, émerge la problématique du barrage Ennahdha. Elément encore à réactiver : les zones de libre-échange.
La Turquie… et l’Iran
Le sommet de Jeddah traitera aussi de la Turquie et de l’Iran. On examinera encore cette politique turque à s’immiscer dans les affaires internes de certains pays arabes, tout comme on examinera à la loupe l’importance des élections dans ce pays.
On traitera aussi du rôle iranien dans la région, lequel aura sûrement à changer du fait du rapprochement avec l’Arabie Saoudite, compte tenu du mémorandum signé le 10 mars dernier entre les deux pays, avec l’assistance de la Chine, et ce qui est susceptible de mettre fin à la guerre au Yemen.
Sous tous ces angles, le Sommet de Jeddah infléchira le cour des choses dans le monde arabe, un monde convulsif.