Au cœur du système de santé tunisien, se dressent de nombreux problèmes et obstacles qui compromettent non seulement la qualité de vie des citoyens, mais également le dévouement sans relâche des professionnels de la santé. Dans ce secteur vital, les conditions défavorables ont poussé certains membres de l’équipe médicale à envisager des opportunités à l’étranger, tandis que d’autres ont décidé de rester en Tunisie, malgré un profond mécontentement difficile à dissimuler.
En effet, le syndicat général des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique a dénoncé, dans un communiqué rendu public, la publication, vendredi dernier, d’un arrêté ministériel portant classement des médecins de première ligne en fonction de la date de recrutement en trois catégories à savoir médecin généraliste, médecin de famille et médecin spécialiste en médecine de famille, tous investis de la même mission, mais sans bénéficier des mêmes privilèges et de la même grille des salaires.
Le secrétaire général du syndicat, Imed Khlifi, a indiqué dans une déclaration accordée à l’agence TAP le 30 mai 2023, que la décision ministérielle a été prise de manière unilatérale et constitue une renonciation aux accords conclus avec le ministère de la santé le 7 octobre 2022, soulignant que le syndicat envisage de faire appel à cette décision et qu’une réunion d’urgence de la commission administrative sectorielle sera convoquée. Selon la même source, depuis le 7 octobre 2022, le ministère de la Santé a boycotté le processus de négociation et est revenu sur ses engagements concernant l’unification de l’appellation liées aux médecins de première ligne et l’intégration de la médecine de famille dans le statut de base de la médecine générale.
Rappelons qu’à la suite de la publication du décret gouvernemental n° 2019-341 du 10 avril 2019, fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention des diplômes des études médicales qui stipule le remplacement de la médecine générale par la médecine de famille, les médecins généralistes ont observé plusieurs mouvements de protestation pour revendiquer l’annulation de ce décret, lit-on sur le site de l’agence TAP.
Grève ouverte
A noter que des dizaines d’employés du secteur de la santé, affiliés à la Coordination nationale tunisienne des cadres et agents de santé ont entamé, lundi, une grève ouverte devant le siège du ministère de la santé à Tunis. Les manifestants ont brandi des slogans réclamant l’adoption d’un statut de base pour tous les professionnels du secteur et le recrutement des aides-soignants au chômage de longue durée.
Le secrétaire général de la coordination, Chokri Mabrouki a déclaré, le 29 mai 2023, que le mouvement de protestation se poursuivra en dehors du siège du ministère et qu’une marche sera organisée jeudi prochain vers le palais de Carthage, a rapporté l’agence TAP. Et d’ajouter que les consultations externes et les soins complémentaires ont été suspendus dans tous les établissements hospitaliers ainsi qu’au niveau des services administratifs, des offices et des établissements relevant du ministère.
D’après la même source, les services d’urgence et les services internes dans tous les établissements hospitaliers seront suspendus, lundi prochain, si le ministère de la Santé n’interagit pas positivement avec les revendications du personnel. Les employés de la santé pourraient entamer une grève de la faim en raison de « la politique d’atermoiement du ministère et son incapacité à protéger les droits des employés, à améliorer les services de santé et à fournir des médicaments aux citoyens », a martelé Mabrouki.
Par ailleurs, Mabrouki a souligné que la coordination a envoyé des correspondances au ministère de la santé pour l’informer de l’existence de dossiers de corruption dans plusieurs établissements de santé sans recevoir de réponse à ce sujet, selon lui.
La Coordination nationale tunisienne des cadres et agents de santé a été créée en 2021. C’est un syndicat tunisien indépendant qui compte 15 mille adhérents environ.
Ghada DHAOUADI