Le 6 juin dernier, l’Ambassadeur de France en Tunisie, le Directeur de l’Agence Française de Développement (AFD), et les représentants de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) se sont rendus à Sidi Ali Ben Aoun (Sidi Bouzid) pour une visite de la nouvelle station d’épuration des eaux usées (STEP). Une station qui a été réalisée dans le cadre de la cinquième tranche du programme d’assainissement des quartiers populaires (PNAQP5), financée par l’AFD à hauteur de 90 millions de dinars tunisiens.
Cependant, d’autres STEP sont entrées ou entreront en exploitation grâce à d’autres financements.
Les programmes d’assainissement des quartiers populaires ont permis de réduire les inégalités territoriales et d’améliorer notablement les conditions de vie de près d’un million de personnes habitant dans plus de 900 quartiers défavorisés du pays, c’est ce qui a été souligné lors de la visite de l’Ambassadeur de France en Tunisie, du Directeur de l’Agence Française de Développement (AFD), et des représentants de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) à la nouvelle station d’épuration des eaux usées (STEP) de Sidi Ali Ben Aoun, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
Un potentiel de réutilisation de 803 mille m3 d’eaux usées traitées
Il a, également, été précisé que la STEP de Sidi Ali Ben Aoun intègre aussi les enjeux liés à la lutte contre le changement climatique, aussi bien sur le volet atténuation, avec la mise hors service de fosses septiques humides émettrices et leur remplacement par des systèmes évitant la production et l’émission de méthane, gaz contribuant fortement à l’effet de serre, que sur le volet adaptation, en dotant le gouvernorat d’un potentiel de réutilisation de 803 mille m3 d’eaux usées traitées par an destinées principalement à l’irrigation des terres agricoles de la région, dont 146 mille m3 actuellement disponibles.
Cette STEP fait, donc, partie du Programme National d’Assainissement des Quartiers Populaires (PNAQP) qui a démarré depuis 1989 et se décline selon les plans quinquennaux du pays. Ses principaux objectifs sont les améliorations du cadre de vie des populations défavorisées et des conditions d’hygiène dans les quartiers populaires, la préservation de l’environnement hydrique, et la protection des ressources en eau du pays.
Pour rappel, le premier projet a eu lieu entre 1989 et 1991. Il a concerné 80 quartiers et un réseau de 200 km, avec un coût de 14 millions de dinars. La période de réalisation du second concernait 1992 à 1997, 220 quartiers, 500 kilomètres de réseau et un coût de 38 millions de dinars. Celle du troisième s’étendait de 1998 à 2007 pour un nombre de quartiers de 376, 1100 km de réseau, et 85 millions de dinars.
Le quatrième projet a eu lieu en deux tranches. La première, de 2004 à 2011, a concerné 132 quartiers, 410 km de réseau, et un coût de 48 millions de dinars. Quant à la seconde, elle s’est étalée de 2009 à 2019, avec 232 quartiers, 664 km de réseau, pour un coût de 74 millions de dinars.
Pour cette dernière tranche, le bilan d’évaluation -évaluation qui a eu lieu en 2021/2022- a signalé que les objectifs ont été globalement atteints, que le programme a, notamment, contribué au bien-être sociale.
Vers d’autres stations d’épuration
Le PNAQP5, entamé en 2016, a pour objectifs de réhabiliter 200 quartiers populaires répartis sur plusieurs gouvernorats, avec un réseau de 564 km, et un coût, à la base, de 73 millions de dinars.
Il est à noter qu’à la fin de 2016, les principaux indicateurs de l’assainissement donnaient que 6,3 millions d’habitants, soit 90,3 % de la population totale, étaient raccordés au réseau de l’ONAS, sachant que qu’il n’avait pas vocation à prendre en charge les populations non urbaines. Le nombre de STEP était de 115, avec une capacité totale d’épuration de 250 millions de m3/an, ce qui donnait un taux de saturation global de 86 % ; saturation due en partie aux eaux usées industrielles. Du coup, plusieurs STEP fonctionnaient avec un débit supérieur à leur débit de dimensionnement, ce qui posait un sérieux problème de rendement et de performance. Le réseau était de 16.337 km.
La STEP de Sidi Ali Ben Aoun n’est pas la seule station à émaner du PNAQP5. Rappelons qu’en septembre 2021, Sbikha (gouvernorat de Kairouan) s’est vue doter, elle-aussi, d’une STEP, réalisée avec un financement à hauteur de 30 millions d’euros.
D’autres STEP sont en exploitation grâce à divers financements. Ainsi, début mai de cette année, le projet de station d’épuration dotée du traitement tertiaire des eaux usées à Siliana est entré en exploitation, après l’achèvement des travaux de réhabilitation et d’extension, et ce, grâce à un prêt concessionnel de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), d’un coût d’investissement de 22 millions de dinars. Ce projet s’est inscrit celui de l’amélioration de l’environnement des eaux dans les villes locales.
Les travaux ont permis l’augmentation de la capacité de traitement de la station à 7 mille m3 par jour et l’amélioration de la qualité de traitement des eaux usées dans la station afin de préserver l’environnement dans la région. Quatre autres stations ont bénéficié du financement de la Jica : Medjez El-Bab, Jendouba, Tabarka et Béja. D’autres zones sont, également, visées comme Le Kef, Bizerte, Zaghouan, Kébili, et Sfax.
Un prêt de 113,6 millions d’euros de la Banque mondiale
D’autre part, selon un communiqué de la Banque mondiale, cette dernière et notre pays ont signé, le 2 juin, un accord de prêt d’un montant de 113,6 millions d’euros (377,6 millions de dinars), consacré au Projet d’appui aux partenariats public-privé (PPP) dans le secteur de l’assainissement, et ce, afin d’améliorer la qualité des services de gestion des eaux usées dans certaines régions. Ce projet, s’étendant sur dix ans, devrait profiter à quelque deux millions de bénéficiaires directs dans six gouvernorats (Tunis, Ariana, Sfax, Gabès, Médenine, et Tataouine), ce qui représente plus de 500 mille ménages.
Selon le communique, malgré des avancées importantes, 360 mille personnes environ demeurent privées de services d’assainissement adéquats. Les populations qui ne bénéficient pas d’un réseau d’égouts vivent essentiellement en zones rurales et les eaux usées que génèrent plus de 1,7 million de résidents urbains ne sont pas traitées.
Les activités du projet devraient s’articuler autour de trois composantes : réhabilitation et mise à niveau des infrastructures de gestion des eaux usées, avec un soutien à la rénovation des équipements, exploitation et maintenance des infrastructures de gestion des eaux usées, et renforcement institutionnel et gestion de projet, ce qui consiste à développer la capacité de l’ONAS à élaborer, gérer, effectuer le suivi et rendre compte des transactions de PPP.
Zouhour HARBAOUI