Le dossier des migrants subsahariens demeure un sujet non résolu depuis des mois. Après la mort d’un Tunisien poignardé à mort par des migrants, de graves heurts ont eu lieu à Sfax, ce qui n’a pas manqué d’envenimer davantage une atmosphère déjà bien trop compliquée. A Sfax, les manifestations et les vagues de colère se sont multipliées depuis des jours, réclamant des actions concrètes des autorités pour endiguer le phénomène migratoire et expulser les Subsahariens du pays. Cette situation semble d’ailleurs prendre un tournant tragique avec le meurtre du citoyen tunisien, poussant le président de la république à reprendre les choses en main.
En effet, le président de la République Kaïs Saïed s’est réuni mardi, au siège du ministère de l’Intérieur, avec le ministre Kamel Feki et plusieurs cadres sécuritaires. La rencontre s’est focalisée sur la situation sécuritaire à Sfax suite aux « actes criminels » survenus la veille dans la ville. A ce titre, Kaïs Saïed a tenu à réaffirmer que la Tunisie n’accepte le séjour sur son territoire que selon ses propres lois et refuse d’être une terre de transit ou d’installation des ressortissants subsahariens. Et d’ajouter, la Tunisie est déterminée à ne surveiller que ses propres frontières.
Saïed hausse le ton
Cité dans un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’Etat a une fois de plus évoqué l’existence de « réseaux criminels qu’il incombe à l’Etat de démanteler », soulignant la présence de nombreuses preuves qui confirment que cette situation est « anormale ». Le président Saïed s’est, en outre, demandé comment ces migrants, qui viennent en Tunisie après avoir parcouru des milliers de kilomètres, se dirigent-ils vers une ville ou un quartier en question. Est-ce qu’ils connaissent déjà ces villes et ces quartiers lorsqu’ils sont encore dans leurs pays respectifs ? Sont-ils des migrants ou des déplacés manipulés par des groupes criminels qui exploitent leur misère et visent la paix civile en Tunisie ?
Le président de la République a appelé à la nécessité d’imposer le respect de la loi à ceux qui exploitent ces personnes vulnérables en Tunisie. Il a souligné que « la location de logements aux étrangers exige d’en informer les autorités policières » compétentes et que « l’emploi des étrangers est également soumis à la législation tunisienne ».
Le président Saïed a, enfin, rappelé qu’il n’y a pas de place dans les institutions de l’Etat pour ceux qui cherchent à les démanteler et à porter atteinte à la sécurité nationale. Il n’y a pas non plus lieu d’être indulgents envers ceux qui fomentent les tensions et agissent dans l’ombre. Les lobbies n’ont pas de place dans les institutions de l’Etat, et ceux qui les servent n’y ont pas leur place non plus.
Accrochages, enquêtes et arrestations
La brigade de la police judiciaire à la Médina de Sfax a ouvert une enquête pour identifier les circonstances des accrochages survenus entre des habitants des quartiers populaires et des migrants subsahariens.
Faouzi Masmoudi, procureur de la République et porte-parole auprès du tribunal de première instance de Sfax 1, a indiqué, dans une déclaration accordée à l’agence TAP, que l’enquête a été ouverte sur la base des plaintes déposées par des personnes, victimes de violence.
Selon la même source, ces accrochages, qui ont eu lieu à la cité Rabeth dans la Médina de Sfax, ont provoqué certains dégâts physiques et matériels dont des voitures endommagées par des jets de pierre, avant que la police n’intervienne pour maitriser la situation sécuritaire.
Les autorités judicaires avaient ouvert des enquêtes similaires suite aux évènements qui ont eu lieu, depuis une semaine, dans la région El Haffara au niveau de la route de Mahdia qui connait une présence remarquable de migrants subsahariens. A noter que des activistes de la société civile ont protesté, récemment, devant le siège du gouvernement pour dénoncer l’afflux de migrants irréguliers d’origine subsaharienne vers Sfax, phénomène qui a impacté le climat social, économique et sanitaire au sein de la ville, lit-on sur le site de l’agence TAP.
Le drame a eu lieu près de la route de Mahdia km10 à Sakiet Eddaier et ce après la reprise des affrontements entre des habitants du quartier Sakiet Eddaier et des migrants subsahariens.
Selon Faouzi Masmoudi, procureur de la République et porte-parole du tribunal de première instance de Sfax 1, une enquête a été ouverte pour homicide volontaire avec préméditation, conformément aux articles 201 et 202 du code pénal.
Dans le même contexte, le ministère public auprès du tribunal de première instance de Sfax 1 a ordonné l’arrestation de trois migrants subsahariens suspectés d’avoir tué, dans la nuit de lundi à mardi, un jeune tunisien âgé de 41 ans. Il a ajouté, à l’Agence TAP, qu’un quatrième individu est recherché dans la même affaire. Il est à mentionner que le parquet avait ordonné, le 3 juillet 2023, de placer en garde à vue 34 migrants subsahariens pour entrée illégale sur le territoire tunisien et séjour irrégulier, suite aux actes de violence susmentionnés.
Ghada DHAOUADI