En marge des récents affrontements et tensions survenus à Sfax entre certains habitants tunisiens et un nombre de migrants subsahariens et malgré l’ambiguïté, le manque d’informations et la diffusion de certains discours d’incitation, un grand nombre de tunisiens.nnes (société civile, activistes indépendants et citoyens.nnes) se sont mobilisés pour faire pencher la balance en faveur de l’humanité et prouver que, loin des calculs et malgré certains propos discriminatoires et tendances intolérantes, le racisme n’est pas tunisien !
Un jeune homme qui essaye de soigner des blessures, des jeunes qui distribuent de l’eau, des médecins bénévoles qui examinent les malades, une société civile qui propose des solutions et qui appelle au même temps à la coordination pour collecter les dons et unir les efforts .. Ce sont des initiatives purement tunisiennes qui ont contribué à prouver cela !
La société civile tunisienne qui était à l’heure, n’a pas hésité à exprimer sa position, diagnostiquer la crise et proposer des solutions. Dans un communiqué datant du 5 juillet 2023, 29 organisations nationales et associations ont exprimé leur ferme condamnation de ce qui a été qualifié d’actes de « violence commis à l’encontre des deux populations » et ont également demandé aux autorités tunisiennes de « diligenter des enquêtes impartiales pour que toute la lumière soit faite sur ces faits et ces agissements » tout en rappelant que « les politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne aux pays du sud de la Méditerranée, les obligeant à jouer le rôle de garde-frontières » ont largement contribué, d’après leurs mots, à la « situation dramatique actuelle ». Les signataires de ce communiqué ont aussi exhorté les autorités tunisiennes de « prendre les décisions politiques qui s’imposent en urgence afin d’établir un mécanisme et un circuit clair » permettant de prendre en charge « des personnes étrangères débarquées en mer » et « de garantir un traitement humanitaire conforme aux engagements de la Tunisie en la matière ».
D’autre part, la section Sfax-Sud de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a appelé l’État à adopter un plan de crise fondé sur les principes du respect de l’intégrité des migrants subsahariens d’une part, et de la garantie du droit des habitants de la région à la sécurité de l’autre côté; et a également appelé les autorités à former une cellule de crise composée des représentants des services sécuritaires et judiciaires et des directeurs régionaux des ministères de la santé et des affaires sociales, et ce, en présence du ministre de l’intérieur et avec la participation des représentants des organisations nationales, des organismes professionnels et du reste des composantes de la société civile. En fait, la LTDH de Sfax ne s’est pas contentée de ce communiqué et a été présente sur le terrain pour fournir de l’aide sur plusieurs niveaux aux migrants qui sont encore à Sfax.
Il est important de noter, à cet égard, que différents actes d’aide et de solidarité ont été organisés par des activistes et des citoyens dans plus d’une région.
Pour sa part, le jeune influenceur et créateur de contenu Louay Cherni a eu le courage de publier des vidéos appelant à l’apaisement, au respect de la dignité humaine des migrants et à la solidarité avec eux. En dépit des risques de certaines campagnes de diffamation et de lynchage électronique qui peuvent être lancées contre lui, Louay Cherni a défié la situation de panique généralisée un peu par tout et a fait de ses comptes Instagram et Facebook une source de messages fondés sur les principes de la rationalité, l’efficacité et le respect des droits de tout être humain à la vie, à la dignité et à l’intégrité physique. Dans le même contexte, il a fait rappeler à plusieurs reprises que « les migrants se trouvant en Tunisie ne devraient pas être tenus tous responsables d’une faute ou un délit commis par une seule personne ou par une minorité de leur communauté » et que « les images choquantes de migrants agressés et bloqués au niveau des frontières tuniso-libyennes doivent être remplacées par des photos montrant l’aspect humain des tunisiens et de la Tunisie ». D’après ses mots, les contributions à la cagnotte en ligne lancée récemment sous le nom « Be Human » en faveur des migrants subsahariens bloqués au niveau des frontières tuniso-libyennes sont très positives et encourageantes. Jusqu’à présent, la somme d’argent collecté à travers cette cagnotte a dépassé les 30 millions.
Dans le même contexte, l’instagrameuse d’origine sfaxienne Roua Chaibi (connue pour le surnom Rourouette) a publié des vidéos appelant à la tolérance tout en soulignant qu’elle ne veut pas s’impliquer dans des questions politiques et qu’elle veut juste aider des gens qui sont loins de leurs familles et leurs pays et qui ont besoin d’appui et de soutien. En publiant une vidéo prise alors qu’elle était en train de distribuer de la nourriture à nombre de migrants à Sfax, Roua a noté qu’elle cherche à motiver les gens à remplir leur rôle humanitaire envers ces groupes d’individus comprenant des enfants, des personnes malades et des femmes enceintes.
Rym CHAABANI