Par Samia HARRAR
Il faut prudence, garder. Méfions-nous des évidences : elles peuvent faire très mal… Et puis, ne surtout pas oublier, avec l’exigence de convoquer tous les souvenirs, qui y sont inhérents, qu’à l’entame de toute guerre, il y a eu aussi le « verbe ». Celui qui sert à miner toute trajectoire de paix, qui lui donne « chair et corps », et des ailes pour voler. Mais ce sont des ailes de feu et de fer. Qui, en lieu et place de baliser des chemins pour la liberté, s’arrangent très vite, toujours en pointillés, et mine de rien, sans avoir l’air d’y toucher, par la mettre en « équation » avant de l’oblitérer. Lorsque c’est fait, en général, il est trop tard, pour revenir sur ses pas, ou détricoter les maillages serrés, qui servent à étrangler tout espoir de paix, puisqu’ils ont été conçus pour l’empêcher. Alors il faut y réfléchir. Beaucoup réfléchir avant de s’élancer sur les ailes du vent, courir à sa propre perte, en « avalisant » tout ce qui aura contribué, en amont, à en précipiter l’imminence. Et l’immanence. Tout regret, de ce fait, sera nul, et non avenu.
Le Maroc doit beaucoup réfléchir, l’Algérie doit beaucoup réfléchir, avant que ne s’enclenche un processus de démolition, qui, tel un bulldozer entré en folie, mais une folie savamment calculée, pour faire table-rase de tout ce qui constituerait l’espoir de ressouder, comme on cautérise une « plaie », avec des points de suture, jusqu’à ce qu’elle se résorbe et que la guérison advienne afin de bien gérer ce qui vient de se passer avec les deux « jet-skieurs », franco-marocains, égarés dans les eaux algériennes, et qui ont été tués par les garde-côtes. Désamorcer une « crise » annoncée, en somme, qui pourrait s’avérer explosive parce qu’elle repose sur un « volcan ».
En rapport avec le Sahara occidental, il faut toujours se poser une question fondamentale : à qui profitera une « cassure » ? Ce serait déjà, à notre humble avis, un élément de réponse. Qui mériterait que l’on s’arrête dessus. Et pas qu’un peu.