Au Maroc, l’espoir de sauver des rescapés du violent séisme diminue d’heure en heure. Les chances de survie s’amenuisent quatre jours après le drame qui a déjà fait plus de 2900 morts et ravagé bâtiments et maisons, la plupart dans des villages isolés du Haut-Atlas proches de l’épicentre. Volontaires et secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, tentent d’accélérer les recherches pour retrouver d’éventuels survivants et fournir des abris à des centaines de familles qui ont perdu leurs maisons. Mais dans certaines zones isolées, les habitants affirment être livrés à eux-mêmes.
« Nous nous sentons complètement abandonnés ici, personne n’est venu nous aider. Nos maisons se sont effondrées et nous n’avons nulle part où aller », déplore Khadija, une habitante du village d’Imoulas perché dans le Haut-Atlas, en masquant son visage avec son voile. « Après le séisme, ils (l’Etat) sont venus pour compter le nombre de victimes. Depuis, il ne reste plus un seul d’entre eux (…). Personne n’est là avec nous », témoigne de son côté Mouhamed Aitlkyd, au milieu des gravats. La Croix-Rouge a lancé mardi un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros pour soutenir les opérations de secours au Maroc. L’organisation internationale a déjà débloqué un million de francs suisses de son Fonds d’urgence pour les réponses aux catastrophes, afin de soutenir les activités du Croissant-Rouge marocain sur le terrain.
Dans la localité d’Amizmiz, des dizaines de survivants sont entassés mardi autour d’un semi-remorque, attendant les produits d’aide alimentaire distribués par des bénévoles. « Le gouvernement ne fait rien, alors nous le faisons », déclare Abdelilah Tiba, 28 ans, un des volontaires. « Ce n’est pas le gouvernement qui aide, c’est le peuple », martèle-t-il. « Qu’allons-nous faire lorsque les gens cesseront de nous aider ? », s’inquiète Fatima Benhamoud, 39 ans, qui a reçu une boîte contenant des haricots, des conserves et des biscuits. « Nous avons tout perdu », déplore-t-elle.
Environ 100.000 enfants ont été affectés par le tremblement de terre au Maroc, où ils représentent près d’un tiers de la population, a indiqué lundi Unicef. L’organisation des Nations unies « a déjà mobilisé du personnel humanitaire pour soutenir la réponse immédiate sur le terrain », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a pour sa part présidé une réunion consacrée notamment à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées. « Les citoyens qui ont perdu leur logement recevront des indemnités », a-t-il déclaré lundi. Selon lui, des solutions sont actuellement à l’étude pour les personnes sans-abri.
En attendant, les villages les plus proches de l’épicentre du tremblement de terre restent toujours inaccessibles en raison d’éboulements, soulignent des agences de presse internationales. Dans certaines petites bourgades enclavées, les hélicoptères font des allers-retours pour acheminer des vivres, rapporte notamment l’AFP. L’armée marocaine a installé, par ailleurs, des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés dans les zones enclavées, comme dans le village d’Asni, dans la province sinistrée d’Al-Haouz, à un peu plus d’une heure de Marrakech. Plus de 300 patients y ont déjà été admis, a affirmé le médecin colonel Youssef Qamouss.
Dimanche soir, le Maroc a annoncé avoir accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage : l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Emirats arabes unis. Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon l’Institut de géophysique américain, USGS). Il est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Le séisme est le plus meurtrier dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960 : de 12.000 à 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
(avec agences et médias)