Dans le cadre d’une exposition personnelle intitulée «Regards de femmes», l’artiste-peintre Gerald Di Giovanni a accroché ses dernières œuvres sur les cimaises de la Galerie Saladin de Sidi Bou Saïd.

Gerald Di Giovanni est l’un de ces artistes qui ont élu domicile en Tunisie et en sont devenus amoureux. En fait, il y réside depuis plusieurs années sans jamais quitter ce pays où il retrouve l’origine de ces ancêtres, sachant que ses arrières grands-parents sont enterrés en Tunisie, et où il a découvert la beauté du paysage, le beau climat, la lumière et les couleurs : tout un univers où un artiste trouve son souffle créateur.

Gerald Di Giovanni reçut des études économiques, mais se passionna aussitôt aux arts plastiques et en fait toute une carrière, ayant réalisé jusqu’aujourd’hui plus d’une quinzaine d’expositions. La présente est la deuxième organisée à la Galerie Saladin où il a exposé pour la première fois il y a huit ans. C’est là que je l’ai rencontré et j’ai découvert en lui sa prédilection pour la peinture de la femme, un univers qu’il fait évoluer d’année en année. C’est peut-être la matière et la technique qui ont changé. En effet, ces anciens travaux reposaient sur le dessin au fusain et à la craie, alors qu’aujourd’hui, il nous présente des œuvres à la peinture à huile sur toile ou sur carton. Son style figuratif reste toujours sa vocation artistique depuis ses débuts et sa peinture se caractérise par une fine palette riche en couleurs.

22 tableaux ornent les cimaises de la galerie où il s’agit de portraits de femmes, peintes à moitié ou entières : ces portraits montrent certes des corps de femmes épanouies à moitié dévêtus, mais sans jamais plonger dans l’érotisme, ils mettent en relief leurs charmes et leurs attraits. Ici, on célèbre la beauté féminine en brossant des portraits tantôt de bustes, tantôt de visages, où l’on remarque toujours cette coquetterie des yeux dont le regard est expressif.  Les femmes de Gerald Di Giovanni ont de beaux visages, de grands yeux, larges, brillants, clairs, foncés, tantôt baissés par pudeur, tantôt hagards si bien qu’elles semblent perdues dans leurs pensées ou plongées dans leurs rêveries. Et parfois même, on y trouve des yeux rapprochés sous une paire de sourcils épais qui nous rappelle une tradition bien de chez nous qui voulait que le visage de la jeune fille, notamment les yeux et les sourcils, devait rester intact, sans fard, avant leur mariage. Bref, dans ces portraits l’œil féminin communique par son regard des états d’âmes, des émotions et mêmes des caractères.

Ces portraits représentent des femmes d’origines diverses : il y a la femme arabe ou tunisienne avec la safsari à laquelle l’artiste consacre trois portraits dont « Safsari », « Safsari sur club 1 » et « Safsari sur club 2 », on y trouve également la femme Amazigh et la femme berbère dans les portraits intitulés « So Amazigh yellow », « So Amazigh orange », « So Amazigh blue » et « So Amazigh Red », « Déesse berbère ». Il nous présente également des femmes du harem « « Odalisque parme », « Odalisque romantique » et « Odalisque suave », mais aussi des femmes déesses, comme « Déesse Green », « Déesse couronnée » et « Déesse in yellow ».  Chacun des portraits est unique et se fait remarquer par son originalité. Ces portraits d’où émanent beauté, splendeur, sensualité et poésie, évoquent la puissance féminine dans toute sa splendeur et sa complexité́.

Mais ce qui frappe de prime abord, outre la qualité des portraits, c’est surtout la charge expressive et émotionnelle. En effet, tous ces portraits de femmes sont empreints d’un certain romantisme. L’artiste réussit ainsi à nous toucher, nous émouvoir, mais avec discrétion, pudeur, délicatesse et un indéniable talent. L’exposition est visible jusqu’au 26 octobre.

H.K