Un standing ovation pour cette œuvre du Théâtre national irakien. A la salle du 4ème art l’Irakien Fekrat Salem a donné à voir « Section 0 », une pièce de théâtre pertinente qui fait de la tragédie shakespearienne « Macbeth » une œuvre en complète résonnance avec la tragédie que nous vivons actuellement, lorsque le système scolaire devient défaillant. La pièce de théâtre mêle une certaine vision de la tragédie à la crudité réaliste.
Dans « Section 0 » de l’irakien Fekrat Salem, a donné une mouture moderne de la tragédie Macbeth en planchant sur les différentes acceptions d’un système scolaire en tous les cas défaillant.
La sonnerie retentit. Sur scène les personnages protagonistes prennent d’assaut la direction d’une école. Mensonge, tromperie et fausseté sont les maîtres mots de cette pièce au vitriol et qui met en lumière les plans imaginés par ces imposteurs pour falsifier l’histoire et les manuels scolaires. Ces personnages qui évoluent dans le déni total de leurs actes infâmes sont tour à tour démasqués et à chaque fois couverts d’ignominie. Ici on a affaire au religieux qui fait du système scolaire un ensemble de textes que des élèves psalmodient et répètent d’une manière machinale, la spécialiste en criminologie qui veut user de son savoir pour manipuler les autres , le suiveur qui après avoir pris le pouvoir veut conditionner les autres, etc. Tous ces personnages ne sont autres que les prototypes humains d’une société malade et ce sont ces personnes-là qui ont décidé de faire table rase du système scolaire existant pour produire un modèle d’apprentissage qui ne prend pas en considération les capacités mentales de l’apprenant et tuent en lui tout esprit critique ou novateur. On s’y retrouve certainement surtout quand on parle de « Macbeth » et que l’on cherche en vain qui l’a tué en suspectant tout le monde et en trouvant une excuse au crime de chacun. « Macbeth » est bien évidemment ce système scolaire qu’on a assassiné en toute impunité et qu’on n’a pas jusque-là trouvé son assassin alors que tous sont complices d’un crime collectif.
« Macbeth » une œuvre universelle
« Macbeth » une pièce de théâtre qui à elle seule résume tout ce que les tragédies shakespeariennes portent comme thèmes : la vengeance, la trahison, la folie, la lutte pour le pouvoir, l’usurpation, est aussi une œuvre intemporelle à partir du moment où l’humanité garde toujours en elle les prémices du mal, sombrant de plus en plus dans l’abomination et la sauvagerie. L’Irak pays du Tigre et l’Euphrate, haut lieu de la culture et de la civilisation, pays de la Mésopotamie est devenu au cours des âges et des temps le théâtre d’une guerre sans relâche pour le pouvoir et son euphorie. Et tous ceux qui y étaient voulaient, à tout prix, y rester. Le « J’y suis, j’y reste » machiavélique devient une caractéristique de ceux qui accèdent au pouvoir, ceux-là même qui ne délaisseront pour rien au monde le pouvoir auquel ils ont accédé. Alors, quoi de plus représentatif de cette situation désolante, par moments ridicule, que le théâtre de la vérité ? Un théâtre engagé dans le politiquement incorrect et qui saura porter sur scène une réalité atroce et barbare.
Le théâtre n’est-il pas le plus politique des arts ?
Et pour finir, une question : le théâtre n’est-il pas le plus politique des arts ? Certainement oui, sauf qu’une œuvre n’a en aucun cas l’effet de la panacée pour apporter des changements immédiats mais est en mesure de provoquer un débat sur un sujet délicat dans un pays où la question du pouvoir et ses usurpateurs relève du tabou.
Mona BEN GAMRA