Après avoir été lauréat de plusieurs prix pour son dernier long-métrage « Mustafa Z », sorti en 2017, le réalisateur et producteur tunisien, Nidhal Chatta, revient avec un nouveau long-métrage, baptisé « Bunkoeur », dans lequel il a réunit un casting de premier choix, où brillent une belle brochette de comédiens connus dans le domaine du théâtre et du cinéma, avec un scénario bien ficelé, développé par Sophia Haouas. Le tournage à huis clos se déroule dans un vieux bâtiment colonial, négligé et isolé, situé en bord de mer. Le Temps News a été convié sur les lieux du tournage.
A l’abri des murs défraîchis, des habitants atypiques, des vies mornes et désenchantées. Ce long-métrage lève le voile sur les problématiques qui touchent de plein fouet notre société et élucide des enjeux qui dépassent le simple plateau de tournage. Il s’agit de plusieurs personnages, chacun son vécu et son destin, qui forment un microcosme social, racontant en partie la Tunisie d’aujourd’hui. Une Tunisie en proie à la violence, la haine, l’intolérance, la frustration sexuelle, le racisme, le régionalisme et… le voyeurisme qui fait que chacun observe l’autre et se mêle des affaires d’autrui.
Nidhal Chatta n’a pas manqué de critiquer, dans la même optique, les traditions qui pèsent de tout leur poids sur l’être humain et de porter une réflexion sur les rapports de domination qui s’exercent dans la société tunisienne.
Ce film est une plongée au cœur d’un « zoo humain » et d’un quotidien furieusement sournois, où les personnages, livrés à eux-mêmes, sont dans l’obligation d’affronter un destin ébranlé et de faire face aux traumatismes qui continuent de les hanter. Tous ces personnages sont réunis dans un vieil immeuble où ils vont tisser des liens qui dépassent parfois la simple relation entre locataires. « L’espace est un personnage principal en soi dans ce film », relève d’ailleurs Hichem Rostom, qui interprète le rôle de Ramadi, un personnage mystérieux dans le film. L’étrange bonhomme, « l’homme des bas-fonds », fait partie de l’histoire de cet immeuble. Il vit dans les racines de ce bâtiment.
« A l’extérieur de l’immeuble, le monde n’est pas plus beau, ni plus juste. Les monstres sont partout… Ils ont plusieurs visages, plusieurs facettes… »
Rim Hayouni joue le rôle de Malek, victime d’un viol. Oumaïma Bahri campe le rôle de Jihen, une trentenaire du Sud tunisien, venue s’installer dans cet immeuble pour rejoindre l’homme aimé. Lamine Belkhodja joue le rôle de Khaled, l’ami protecteur de Malek.
Mohamed Dahech interprète le personnage de Mounir, l’homme à tout faire, qui ne parle pas souvent. Tous les locataires font appel à lui quand quelque chose cloche dans l’immeuble.
Fatma Felhi joue le rôle de Azza : un personnage qui est quelque part mystérieux. Elle possède la clé qui ouvre (ou n’ouvre pas) les portes, elle a peut-être des solutions aux problèmes survenus ! Azza apprécie bien Malek. Elle est très à l’aise avec elle et essaye de la protéger.
Mayssa Oueslati joue le personnage de Mouna, une femme divorcée, mère d’une fille. Elle entretient des relations avec plusieurs personnages qui vivent dans cet immeuble.
Abdelmonam Chouayat interprète le rôle de Lotfi : un personnage dur. L’acteur a affirmé que son rôle était dur émotionnellement. Fatma est incarné par Basma El Euchi : la femme de Lotfi.
« Bunkoeur » nous interpelle dans le sens où l’on s’attache très vite aux personnages et à cette histoire tragique, qui est « bien réelle ». La genèse du film est inspirée d’un fait divers ayant eu lieu il y a 25 ans.
S’exprimant sur le choix du casting, le réalisateur a fait savoir que le vrai challenge était de trouver des acteurs capables d’incarner ces personnages dans toutes leurs complexités. « J’ai la chance d’avoir des acteurs extraordinaires, capables d’aller très loin dans l’interprétation des personnages. » a-t-il ajouté.
Selon Nidhal Chatta, le déclic pour réaliser ce long-métrage était, essentiellement, lié à l’histoire de cette jeune fille qui a été victime de viol. « Le déclic est, aussi, de l’ordre de l’intuition, de l’image, des idées et de la relation professionnelle de confiance et de respect avec son équipe. » a-t-il avancé.
Le tournage de « Bunkoeur » prendra fin bientôt. La sortie du film est prévue pour la rentrée de 2022.
Linda MEGDICHE