Par Hédi CHERIF  

Étymologiquement parlant, la stigmatisation, est une réduction de l’identité, d’une créature de ‘’ Dieu ‘’ à une marque distinctive, et négative qui affecte souvent la personne.

Erving Goffman, sociologue américain et auteur de l’ouvrage ‘’ Le Stigmate ‘’,  l’a définie comme une ‘’construction sociale ‘’ variable, spécifique, et changeante, qui s’inscrit dans un processus historiquement complexe, d’où elle tire ses spécificités, tout comme son sens, pour indiquer à la fois, la nature et la gravité de ce phénomène qui persiste et qui change, malgré le cheminement vers les stratégies médicosociales, en matière de prise en charge des victimes de la stigmatisation, tels que : les malades mentaux, les homosexuels, les enfants abandonnés sans soutien familial, les mères célibataires, les minorités raciales, les minorités religieuses et bien d’autres, tels les homosexuels.

Partout dans le monde, la question de la stigmatisation et de la prise en charge de la maladie mentale en particulier, était depuis longue date, au cœur des débats et des investigations scientifiques pluridisciplinaires.

La manière, dont elle est posée, débattue et traitée par les organismes nationaux et internationaux, est aujourd’hui fort contestée et d’autant controversée, malgré les acquis réalisés dans le domaine de la santé mentale, en matière de droits aux soins, et à l’insertion sociale.

La stigmatisation de la maladie mentale  :  de la  » construction sociale  » à la  » construction médicale  »  !

La stigmatisation de la maladie mentale, semble connaitre un nouveau sort celui, du  passage de l’état d’une ‘’Construction sociale ‘’ à une ‘’Construction médicale ‘’ selon la presse médicale internationale.

A ce sujet, A. France, psychiatre et professeur émérite à l’université Duke aux USA, dans son livre ‘’ Sommes nous tous des malades mentaux ‘’ tire les sonnettes d’alarme pour dire  :  ‘’ Cessons de surmédicaliser les vicissitudes de la vie humaine, et d’augmenter considérablement la proportion de gens susceptibles, de recevoir des diagnostics psychiatriques et d’être inutilement stigmatisés. ‘’

D’autres experts américains comme Christophe Lane, auteur de l’ouvrage ‘‘ comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions », sans oublier Le québécois, Jean Claude St Onge, et son ouvrage «  Tous Fous », n’ont pas manqué de pointer du doigt la construction médicale de la stigmatisation.

Si le milieu socioculturel a ses propres mécanismes pour construire une stigmatisation de la maladie mentale, le milieu médico-pharmaceutique n’en fait pas moins, aujourd’hui. Il est accusé d’avoir ses propres stratégies et autant de secrets pour en faire d’autres encore plus.

Dans le présent contexte international, caractérisé par de grandes mutations socio-économiques et de profonds conflits d’intérêts médico-pharmaceutiques, si hippocratique et si réglementée soient-ils, la prise en charge de la maladie mentale continue à être pointée de doigt, socialement et médicalement.

La stigmatisation de la maladie mentale est-elle donc une ‘’construction sociale’’ ou une ‘’construction médicale ‘’? Quel acteur de la vie sociale à culpabiliser devant la situation d’un stigmatisé ?

Nombreux sont parmi nous qui jettent l’éponge devant une telle problématique et se contentent de penser à l’ordre de la création, laissant ‘’ Dieu ‘’ seul responsable de cet ordre des choses.

D’autres pensent que c’est la position la plus faible, puisque par ignorance d’un système plus élargi des causes et des effets, on impute cette même ignorance qui est seulement la nôtre à un principe extérieur. ‘’ Dieu ‘’, principe qui échappe par définition à toutes responsabilisations.

Fort attachée aux sacro-saints principes d’Hippocrate, la prise en charge médico-pharmaceutique de la maladie mentale, taxée  de ‘’ construction médicale ‘’ demeure, malgré les abus constatés et enregistrés une forme de reconnaissance positive de cette même créature.

Qu’en est- il de celle de nature sociale et d’ordre associatif ?

De part les associations nationales et internationales actuellement bien engagées dans de pareils combats de dé-stigmatisation, une nouvelle association la ‘’ Fondation Lina » est aujourd’hui à l’oeuvre . Serait- elle  innovatrice en matière d’accompagnement et de parrainage des personnes en difficulté, victimes de stigmatisation, de rejet et de mise à l’écart social ?

Wait and see.