L’actrice Hasna Ghannem a excellé, le 30 décembre, en présentant sa performance « Parfums », d’après un texte de la poétesse Nesrine Massoudi, à Dar Sebastian, à l’occasion du Décembre des Arts.
Bonnes ou mauvaises, les odeurs ont le pouvoir de convoquer des souvenirs et nous embarquer dans les recoins cachés de notre mémoire. C’est le concept autour duquel tourne la nouvelle performance de l’actrice Hasna Ghannem, après avoir écumé de nombreuses scènes tunisiennes et assuré le premier rôle dans « Monologue, au suivant ».
Seule sur scène avec sa détresse et avec ses maux, sans accessoires ou décors superflus, elle livre une prestation forte et touchante. De retour d’un voyage, les odeurs lui rappellent plusieurs situations et des souvenirs odorants, qui sont des facteurs plus vifs et émotionnels que des images ou des paroles. Elle associe certaines odeurs aux moments passés avec sa mère. Elle se rappelle de son enfance. Elle a le sentiment d’être avec elle, même quand elle était loin. C’est un parfum délicat, mais avec beaucoup de caractère. L’odeur de la terre mouillée lui rappelle, aussi, plusieurs souvenirs.
« Le parfum a le pouvoir de secouer des souvenirs dans l’air », dit Baudelaire. L’encens, le musc, l’encens, l’ambre… mais aussi l’odeur, ça lui rappelle toujours des souvenirs. Elle partage avec le public ses rencontres et ses passions. Mais l’émotion amplifie la mémorisation. Les souvenirs olfactifs renvoient à des moments très intimes comme les odeurs du hammam. Spectacle rythmé avec une grande variété d’émotions, grâce au talent de l’actrice Hasna Ghannem qui fait défiler, sous nos yeux, un échantillon tout à fait représentatif de la femme « libérée » qui veut voler plus haut comme une abeille. Ce parfum, c’est un message. C’est une affirmation de soi. Il n’est jamais le fruit du hasard.
Cette performance se situe au carrefour de plusieurs expressions artistiques, telles que le théâtre et la performance. Ce qui ne permet aucun temps mort. Il y a un rythme qui réveille et éveille sans relâche les sens du spectateur. Et comme toujours chez le dramaturge, la scénographie se révèle étonnante et détonante. En outre, cette performance est un véritable vacarme poétique où l’arabe littéraire et le dialecte tunisien coexistent avec brio, sans décalage aucun, pour créer une délicate et singulière harmonie, jusqu’au moment où le Silence se pose et s’impose en quittant la piscine…
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