A presque 60 jours du premier tour, la campagne de la présidentielle 2022 n’intéresse que 63 % des jeunes de 18 à 30 ans, selon notre baromètre OpinionWay–20 Minutes–Ouest France–Journaux de Loire publié ce mercredi. Et pour cause, 42 % des 18-30 ans affirment que leurs idées ne sont pas représentées par un candidat et 47 % pensent que leur situation personnelle ne s’améliorera pas en cas de victoire de leur candidat favori. Résultat, si les intentions de vote progressent chez les jeunes de 18 à 30 ans, ils ne sont encore que 49 % à affirmer qu’ils iront voter au premier tour de la présidentielle. Un résultat toutefois en hausse de quatre points par rapport au mois de janvier
L’élection présidentielle, ils acceptent bien volontiers d’en parler. Dérangé en pleine séance de sport, ce groupe d’étudiants n’a pas hésité à suspendre ses tractions pour évoquer le sujet. A l’université Paris-Nanterre, la campagne est un vrai sujet de conversation. « C’est très intéressant, note Thomas, 19 ans. La campagne s’annonçait très ennuyeuse, avec un deuxième tour annoncé Emmanuel Macron – Marine Le Pen, et la candidature d’Eric Zemmour la rend plus acidulée ». « Tu veux dire plus stressante », corrige Emma, 20 ans.
Comme ces deux étudiants en droit, comme 63 % des 18-30 ans se disent intéressés par la campagne électorale, selon le baromètre #MoiJeune2022 OpinionWay–20 Minutes–Ouest France–Journaux de Loire* publié ce mercredi. Un chiffre en hausse d’un point seulement par rapport à janvier, mais qui progresse de quatre points pour la catégorie des « très intéressés », qui sont, notons-le, bien plus nombreux que les « pas du tout intéressés », à 9 %.
Si à deux mois du premier tour, on aurait pu s’attendre à un intérêt plus massif pour la vie politique française, beaucoup assurent qu’ils se pencheront sur la question « quinze jours avant » le premier tour du scrutin, le 10 avril prochain. Mais surtout, bon nombre de jeunes (42 %) considèrent que leurs idées ne sont pas représentées par les candidats. « On a surtout l’impression qu’ils sont là pour se tirer dans les pattes, pas pour aider la France », regrette Titouan, 21 ans, étudiant en histoire. « Ce sont des guerres d’ego, tout ça », ajoute Adrien, 19 ans, en licence de droit. « Et les débats ? Ce ne sont que des agressions ! », renchérit Théo, 19 ans. « Aucun candidat ne représente tout ce que je pense », analyse Nelson, 19 ans, étudiant en Staps.
Les jeunes fatalistes
Fatalistes face à cette élection, les jeunes sont 47 % à penser que leur situation personnelle ne s’améliorera pas en cas de victoire de leur candidat favori. Un chiffre toutefois en recul de cinq points par rapport à janvier. Si un optimisme relatif gagne l’ensemble des jeunes de 18 à 30 ans à mesure que l’élection approche, l’effet inverse s’observe chez les 18-22 ans. 40 % d’entre eux estimaient que l’élection n’aurait pas d’impact sur leur vie personnelle en janvier. Ils sont à présent 42 % à être de cet avis.
« Franchement, en tant que citoyenne, je ne m’attends pas à grand-chose », abonde Manon, étudiante en psychologie de 20 ans. « On sait bien qu’on ne verra pas la couleur de la plupart des promesses des candidats », ajoute Fiona, 20 ans. « On vote pour être en accord avec sa vision du monde, mais je sais bien que ma vie à moi ne va pas beaucoup changer », résume Félix, 18 ans, étudiant en sciences politiques.
La tentation du vote blanc
Félix déclare qu’il ira voter. Mais les autres ? Dans les allées de Paris-Nanterre, la grande majorité des étudiants rencontrés assurent que oui, avec des justifications comme « c’est la présidentielle, quand même ! », « c’est un devoir citoyen », « mes copains » ou « mes parents » « m’obligent à aller voter », « je vais entrer dans la vie active, il serait temps que je m’intéresse à la vie du pays ». Mais au global, seuls 49 % des jeunes de 18 à 30 ans assurent qu’ils se déplaceront le 10 avril prochain. Si l’intention d’aller voter a progressé de quatre point depuis janvier, elle reste en dessous de l’ensemble des électeurs français, qui sont 55 % à être certains de se déplacer jusqu’à l’isoloir.
Quant au bulletin qu’ils glisseront dans l’urne, chez les étudiants de Paris-Nanterre, c’est encore assez flou. « On ne vote pas pour le meilleur candidat, on vote pour le moins pire. Ça me révolte », s’agace Théo. Pour beaucoup de ces étudiants, la tentation du vote blanc est bien grande.
(D’après 20minutes)