Le nucléaire est un sujet qui pousse chaque candidat à l’élection présidentielle à se positionner. A moins de deux mois du premier tour de la présidentielle 2022, cette question suscite des débats sur les différentes visions de l’avenir énergétique, même au sein de certaines familles politiques. Tour d’horizon.
EMMANUEL MACRON
Lors de dévoilement du plan d’investissement « France 2030 », le Emmanuel Macron indiquait vouloir « réinventer le nucléaire ». Pour cela, Emmanuel Macron avait annoncé le développement de « small modular réacteurs (SMR) ». La somme d’un milliard d’euros sera allouée à cet objectif.
«Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables», a-t-il dit dans une allocution télévisée.
Le projet global a pour but de «garantir l’indépendance énergétique de la France pour garantir l’approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050».
MARINE LE PEN
La représentante du Rassemblement national estime qu’Emmanuel Macron a commis une «erreur majeure» en fermant la centrale nucléaire de Fessenheim. Elle propose de rouvrir ce site, ainsi que de construire «six EPR».
De plus, Marine Le Pen entend retirer toutes les éoliennes des paysages français.
Si elle est élue, elle démantèlera celles déjà construites et arrêtera «les chantiers qui sont actuellement en cours».
VALÉRIE PÉCRESSE
La candidate des Républicains est favorable à une «remobilisation massive de la filière» du nucléaire. Lors d’un déplacement sur le site de la centrale du Bugey (Ain), elle avait dénoncé la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) et la mise à l’arrêt programmée de douze autres réacteurs d’ici à 2035, diagnostiquant «une vraie catastrophe énergétique» de la France.
Pour y remédier, la présidente de la région Ile-de-France souhaite relancer six EPR à horizon 2035, «traiter la question des déchets» et «assurer la recherche pour travailler sur le réacteur nucléaire de quatrième génération».
La protection et la relance de l’atome sont, selon elle, indispensables pour atteindre «le zéro carbone en 2035». De plus, si elle est élue, Valérie Pécresse demandera également à son Premier ministre «d’établir un grand plan de sauvetage d’EDF».
ERIC ZEMMOUR
L’ancien journaliste et polémiste est sûrement le plus catégorique quant au développement du nucléaire. Considérant qu’il s’agit d’un «savoir-faire français», Eric Zemmour souhaite construire quatorze EPR d’ici à 2050 ainsi que la prolongation de la durée de vie des centrales à 60 ans.
Il compte également «laisser tomber les éoliennes», estimant que c’était «une catastrophe, parce que c’est affreux et ça enlaidit les paysages français».
En parallèle, la candidat envisage de développer la géothermie ou la biomasse afin de compenser «les gros besoins en électricité» que les centrales nucléaires ne pourront assumer toutes seules.
YANNICK JADOT
Pour le candidat écologiste, 2022 est «l’année où tout doit changer». De ce fait, il milite pour l’arrêt de 10 réacteurs nucléaires d’ici à 2035.
Considérant la construction sans cesse repoussée de l’EPR de Flamanville comme «un fiasco absolu», Yannick Jadot souhaite qu’une commission d’enquête soit effectuée.
Le représentant des Verts entend également «renationaliser» Electricité de France (EDF). «Je veux qu’EDF devienne un outil stratégique puissant, cohérent, au service de la transition énergétique», a-t-il déclaré.
JEAN-LUC MÉLENCHON
Le député insoumis, candidat à la présidentielle pour la troisième fois, a été catégorique. « Il faut sortir du nucléaire. Pas par idéologie, mais parce que c’est dangereux et de plus en plus », disait-il lors d’un meeting à Nantes.
Pour Jean-Luc Mélenchon, la sortie du nucléaire sera rendue possible pour 2045 «par la baisse de la consommation» et «le développement des énergies renouvelables, le soutien aux infrastructures de réseaux et l’investissement dans les innovations énergétiques».
FABIEN ROUSSEL
«Nous devons investir fortement. Je suis pour créer une filière dédiée au nucléaire pour former des CAP jusqu’à des ingénieurs», c’est ce qu’a déclaré le candidat du Parti communiste, Fabien Roussel, sur le plateau de Public Sénat.
Si cette position suscite des tensions avec les autres candidats à gauche, notamment Jean-Luc Mélenchon, elle est assumée par Fabien Roussel qui, dans son programme, prévoit la construction de «six EPR supplémentaires au minimum».
Une des raisons qui poussent le candidat du PCF à soutenir le nucléaire, au cœur d’un projet de «mix énergétique», est le prix des factures d’énergies. En effet, elles pourraient être «deux fois plus chères», si la France venait à se retirer.
ANNE HIDALGO
Si elle refuse de construire de nouvelles centrales, la candidate socialiste compte prolonger la durée de vie des réacteurs actuels. Jugeant que la fin du nucléaire ne sera «pas avant 2050», Anne Hidalgo pense que la France a encore besoin de cette énergie et ne peut «sortir du nucléaire en 20 ans».
Dans son programme, la maire de Paris mise sur la prolongation des centrales et propose «un grand carénage», soit un vaste projet industriel visant à allonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires, au-delà des quarante ans prévus.
Pour atteindre les 100% d’énergies renouvelables, Anne Hidalgo compte réorienter les investissements publics, dont ceux du plan de relance.
CHRISTIANE TAUBIRA
La gagnante de la primaire populaire dévoile petit à petit son programme. Sur son site, Christiane Taubira explique ainsi que «le débat sur l’évolution de nos énergies renouvelables sera proposée aux citoyennes et citoyens par le biais du référendum sur le nucléaire».
PHILIPPE POUTOU
La position du NPA concernant le nucléaire est historiquement contre. Son représentant fait partie des candidats les plus hostiles. Il exige la sortie du nucléaire en dix ans maximum. Depuis plusieurs années, Philippe Poutou participe d’ailleurs à des manifestations anti-nucléaires.
NICOLAS DUPONT-AIGNAN
Le président de «Debout La France» souhaite maintenir le nucléaire à hauteur de 70% de la production d’électricité minimum. Le tout, pour préparer l’abandon de 50% de nucléaire dans la production électrique en 2035.
Nicolas Dupont-Aignan estime que «c’est par les centrales de nouvelles générations que l’on arrivera à lutter contre le réchauffement climatique».
Son investissement est, pour lui, primordial. Plus que les éoliennes. En effet, l’ancien maire de Yerres (Essonne) ne voudrait en construire aucune lors de son quinquennat.
JEAN LASSALLE
A ce jour, le député des Pyrénées-Atlantiques n’a pas dévoilé de programme concernant le nucléaire.
S’il est élu, Jean Lassalle développera l’énergie solaire ainsi que celle de la mer.
NATHALIE ARTHAUD
Pour Lutte Ouvrière, le combat contre le capitalisme passe avant tout. Sur son site de campagne, Nathalie Arthaud a estimé que tant que l’on accepte la mainmise des grands groupes capitalistes «sur l’économie, les discours sur la lutte contre le réchauffement climatique, la sauvegarde de la mer ou encore les énergies renouvelables resteront lettre morte».
(agences)