Il n’avait, en 2019, aucune expérience politique. Pourtant, c’est avec plus de 79% des suffrages que Volodymyr Zelensky remportait le second tour de l’élection présidentielle face à Petro Porochenko, devenant le plus jeune président de l’histoire de l’Ukraine. Mais rien ne prédestinait celui qui n’hésitait pas à se qualifier de «clown» à devoir enfiler le costume de chef de guerre.
Annoncée en plein réveillon du 31 décembre, sa candidature ressemblait presque à une blague. En 2015, dans la série «Serviteur du peuple», il incarnait en premier rôle un professeur d’histoire devenu président grâce à une vidéo virale dans laquelle il se révoltait contre la corruption des élus. Six ans plus tard, Volodymyr Zelensky tient tête à Vladimir Poutine alors qu’une invasion militaire russe menace l’Ukraine.
L’ancien comédien, surtout connu pour ses rôles dans des émissions humoristiques et des films grand public, n’avait à l’époque fait aucune campagne traditionnelle, préférant se produire sur scène avec sa troupe de stand-up et s’exprimant davantage sur les réseaux sociaux qu’à la télévision et dans les journaux.
«Lutter pour la paix en Ukraine»
Originaire de Kryvyï Rih, une ville industrielle russophone, dans le sud-est du pays, Volodymyr Zelenski avait établi toute sa campagne présidentielle sur la lutte «pour la paix en Ukraine». A l’époque, l’envie de ses électeurs est claire : élire un candidat qui tranchait avec le système en place, éclaboussé par des problèmes de corruption. «J’ai voté pour Zelensky afin qu’il casse ce système», avait expliqué à l’AFP Iaroslava, une scientifique de 38 ans.
Tendance mondiale, le rejet des élites est particulièrement marqué en Ukraine, où la population de 44 millions d’habitants est éprouvée par des scandales de corruption incessants, une guerre contre les séparatistes prorusses ayant fait près de 13.000 morts en cinq ans et de lourdes difficultés économiques. Le 21 avril 2019, soir de sa victoire à l’élection présidentielle, l’ancien comédien fait une promesse au peuple ukrainien : «Je ne vous laisserai pas tomber».
Quête d’une «baguette magique»
L’éditorialiste Vitali Portnikov avait-il raison de rappeler il y a quelques années que les Ukrainiens «ne votent pas pour un manager, pas plus que pour un leader politique, mais pour un magicien» censé guérir les maux de cette ex-république soviétique par un coup de «baguette magique» ? Père de deux enfants et diplômé en droit, Volodymyr Zelenski est loin de faire l’unanimité même après son élection, certains pointant du doigt le flou de son programme, établi par un vote sur les réseaux sociaux.
Pour le politologue Mykola Davidiouk, le comédien voyait d’ailleurs sa course à la présidence comme «une expérience intéressante, quelque chose qu’il n’a jamais fait».«Je n’exclus pas qu’il brûle d’envie de devenir président, mais, inconsciemment, il est probable qu’il joue le rôle qu’il a joué à l’écran», avait confié l’expert à l’AFP.
«Je n’ai pas d’expérience», mais «j’ai suffisamment de force et d’énergie», avait déclaré M. Zelensky début mars dans un entretien avec l’AFP.
Entouré de réformateurs, il avait assuré vouloir maintenir le cap pro-occidental de son pays tout en menant des négociations avec la Russie, impliquant les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pour régler le conflit dans l’est.
Une carrure de président face à Vladimir Poutine
Fin 2019, soit quelques mois après sa prise de poste, Volodymyr Zelenski avait rencontré Vladimir Poutine à l’Elysée, alors que le Donbass était paralysée depuis plusieurs années, entraînant une guerre des tranchées entre l’armée de Kiev et les séparatistes. A l’issue de cette réunion à laquelle avaient participé Emmanuel Macron et Angela Merkel, Vladimir Poutine avait qualifié son homologue de «sincère» et «sympathique».
Trois ans plus tard, le président ukrainien, qui se disait prêt à se mettre «à genoux» pour éviter un «conflit militaire» entre les deux «peuples frères», durcit le ton. Ce samedi 27 février, Volodymyr Zelenski postait une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il s’adressait au peuple ukrainien, les appelant à ne pas déposer les armes et à défendre Kiev. «Je suis là. On ne va pas déposer les armes et on va défendre notre pays», a-t-il déclaré.
(D’après cnews)