Le contexte actuel de guerre en Ukraine ne fait que le confirmer : l’agriculture tunisienne est à un moment charnière. Il est temps de lui donner du souffle. Face aux pénuries de plus en plus fréquentes de plusieurs denrées alimentaires de base et à l’évolution inquiétante du déficit de la balance commerciale agroalimentaire, l’enjeu est capital est de bâtir notre souveraineté alimentaire et sortir de la dépendance accrue aux importations. La situation actuelle en Tunisie pose un problème particulier pour notre autonomie en céréales, et en huiles et protéines végétales (principaux produits agroalimentaires importés par la Tunisie). Pour relever ce défi aujourd’hui, le concept de filière locale et territorialisée constitue un outil pertinent et stratégique. Le but étant de créer un cercle vertueux pour l’économie du pays où l’émergence d’une production locale d’huiles et protéines végétales permet non seulement d’améliorer la productivité des assolements céréaliers mais également de limiter le recours aux importations des oléo-protéagineux.
À cette fin, le colza constitue une culture essentielle qui, grâce à la coproduction de protéine et d’huile, contribue activement à apporter des solutions à la fois aux défis alimentaires, énergétiques et environnementaux. En Tunisie, la culture du colza est adaptée aux conditions agro pédo climatiques des principales zones de production de blé. Elle est également reconnue comme essentielle pour améliorer les performances et la durabilité des exploitations de grandes cultures. Par conséquent, une plus grande intégration du colza aurait de nombreux effets bénéfiques sur la bonne gestion agronomique des terres et l’amélioration des rendements des cultures céréalières, et notamment celles du blé dur. A ce titre, des études ont démontré que l’introduction du colza dans la rotation des cultures permet une progression du rendement du blé de 20% en moyenne.
Afin de bénéficier pleinement de ces avantages, la Tunisie mise plus que jamais sur le développement de la culture du colza qui couvre 14.330 hectares lors de la saison 2020-2021. La production s’élève à 18.500 tonnes avec un rendement atteignant 30,5 quintaux/ha dans certaines régions. A long terme, la Tunisie ambitionne d’atteindre une surface cultivée de 150.000 hectares de colza, ce qui permettrait au pays de réaliser des récoltes estimées à 240.000 tonnes. À cet égard, l’Institut national des grandes cultures (INGC), en partenariat avec la Direction Générale de la Production agricole et l’Association pour l’agriculture durable (APAD), organise un atelier national sur les enjeux et les opportunités du développement de la filière du colza en Tunisie », les 8 et 9 mars 2022 à l’hôtel Tej Sultan à Hammamet.