La dépression est souvent associée à tort à un manque de volonté, à un caractère faible, alors qu’il s’agit d’une authentique maladie psychiatrique. Plus profonde et plus durable qu’une simple vague de tristesse, elle affecte l’humeur, l’image de soi et de son environnement. Heureusement, on sait aujourd’hui soigner la dépression avec une prise en charge adaptée.
1. Définition de la dépression
Selon l’Inserm, la dépression affecte 15 à 20 % de la population, et ce dans toutes les tranches d’âge. Elle s’observe en effet chez les enfants (3 % des enfants sont affectés par la dépression), chez les adolescents (10 à 15 %), chez les personnes plus âgées, et deux fois plus chez les femmes que chez les hommes, révèle l’Institut du cerveau (ICM). La dépression se distingue d’une tristesse passagère, aussi appelée déprime, par sa durée et l’intensité de ses symptômes. C’est une maladie psychiatrique, qui s’étend au-delà de 15 jours et qui se traduit par une altération de l’humeur, laquelle reste prisonnière d’une douleur morale et d’une tristesse intenses. Un ancrage de l’humeur dans le désespoir et la souffrance sur lequel des évènements extérieurs positifs n’ont aucune prise. Cette souffrance psychique peut conduire le patient à nourrir des idées suicidaires et à passer à l’acte. La personne dépressive éprouve des difficultés majeures à effectuer les tâches du quotidien (se lever, s’habiller, aller au travail ou à l’école…) et voit sa vie sociale très altérée par la maladie.
2. Symptômes de la dépression
Les symptômes de la dépression sont très variés. C’est l’observation simultanée de plusieurs de ces symptômes ainsi que leur durée (supérieure à deux semaines) qui permet de diagnostiquer une dépression :
- Des symptômes psychiques : un état de désespoir intense, une souffrance morale forte, avec une dévalorisation de soi, un pessimisme exacerbé et une forte anxiété. Cet état psychique s’inscrit durablement (sur plus de deux semaines) et nuit à la vie sociale, scolaire, professionnelle de la personne. On note aussi une anhédonie, c’est-à-dire une incapacité à éprouver du plaisir dans quelque domaine que ce soit (activités quotidiennes, loisirs, désir sexuel), une difficulté de concentration et de mémorisation.
- Des symptômes physiques : une grande fatigue (asthénie) non justifiée par un surcroit d’efforts physiques, une lenteur dans l’exécution des tâches, des troubles du sommeil (difficultés à s’endormir et réveils précoces), une perte d’appétit souvent suivie d’une perte de poids, ou au contraire, une prise de poids par compensation alimentaire.
Chez certains patients, la dépression peut aussi se manifester par d’autres symptômes :
- une forte émotivité : la personne a la larme facile ;
- un sentiment de vide intérieur intense ;
- une grande irritabilité ou une agressivité inhabituelle ;
- des douleurs diverses : problèmes gastro-intestinaux, maux de dos, céphalées ;
- des idées suicidaires.
3. Causes de la dépression
Comme pour la plupart des maladies psychiatriques, on n’associe pas une cause, mais plusieurs à la dépression nerveuse. La survenue de cette pathologie est favorisée par plusieurs facteurs :
- Des facteurs psychologiques : les personnes ayant subi des traumatismes dans l’enfance (abus sexuel, maltraitance, carences affectives, abandon), les personnes au profil naturellement pessimiste, négatif, sont plus enclines à avoir une dépression.
- Des facteurs environnementaux : décès, rupture amoureuse, licenciement, accouchement (dépression du post-partum), saisons (épisode dépressif saisonnier), conflit conjugal, familial ou professionnel peuvent favoriser une dépression. De même, les personnes qui n’ont pas de protection, à savoir pas de profession épanouissante, pas de réseau amical, pas de famille soutenante, ont plus de risque de faire une dépression ou mettent plus longtemps à en sortir que les autres.
- Des facteurs génétiques : selon l’Inserm, si un parent a fait une dépression, son enfant a 2 à 4 fois plus de probabilités de présenter un trouble dépressif dans son existence. En cause, un dysfonctionnement dans le fonctionnement du cerveau, plus précisément des anomalies héréditaires concernant les neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine (molécules qui assurent la communication entre les neurones).
- Des facteurs santé : les personnes qui souffrent d’un handicap, d’une maladie chronique ou d’addiction visant à apaiser leurs angoisses présentent des terrains favorables à la dépression.
4. Dépression : quand consulter ?
Il est essentiel de consulter rapidement en cas de signes de dépression. En effet, selon le ministère des Solidarités et de la Santé, la dépression est la première cause de suicides en France. Ainsi, toujours selon cette même source, on observe un taux de 70 % de dépressifs non soignés ou non diagnostiqués chez les personnes décédées à la suite d’un suicide. Le risque mortel est donc bien présent, surtout chez les patients non suivis. Chez les patients suivis pour un épisode dépressif caractérisé, le taux de suicide est de 5 à 20 %. Il est par conséquent important d’être pris en charge tôt, d’autant plus que :
- Les personnes en proie à des idées suicidaires souhaitent bien souvent mettre fin à leur souffrance morale et non mourir.
- Le passage à l’acte n’est pas inéluctable. Grâce à une prise en charge adaptée, on obtient une guérison dans 70 % des cas de dépression selon l’Inserm.
- Le risque de récidive est élevé, de l’ordre de 80 %, toujours selon l’Inserm. Or, plus une prise en charge est précoce, plus elle aura un impact positif sur la chronicité de la dépression et son degré de sévérité.
5. Examens et diagnostics de la dépression
Quand le médecin reçoit une personne souffrant potentiellement d’un état dépressif, il va s’appuyer sur un échange avec elle pour poser son diagnostic, en s’appuyant sur ses symptômes, sa personnalité, ses antécédents. Il se renseigne plus précisément sur :
- les symptômes : sommeil, appétit, moral, anxiété, élan vital, concentration, désir et plaisir, et éventuels maux physiques associés (céphalées, troubles intestinaux…) ;
- depuis quand se manifestent ces symptômes : plus ou moins de quinze jours ;
- la répercussion de cette souffrance psychique sur la vie quotidienne ;
- l’existence d’antécédents dépressifs ou non ;
- le contexte ;
- le profil psychologique de la personne.
Le médecin peut aussi s’aider de questionnaires spécifiques comme outils d’évaluation d’un épisode dépressif caractérisé (questionnaire Q2D de Pichot par exemple).
6. Traitements de la dépression
Selon l’Inserm, grâce à un traitement adapté, il est possible de guérir la dépression dans 70 % des cas. Certes, les risques de récidive sont importants, mais un suivi régulier permet de mieux les prévenir. Le traitement varie en fonction de la sévérité de la dépression et combine plusieurs éléments :
- Une psychothérapie : il s’agit de permettre au patient d’exprimer ce qu’il éprouve, dans un lieu neutre, sans crainte de jugement, auprès d’un professionnel formé à l’écoute et aux troubles psychologiques (psychologue ou psychiatre). La mise de mots sur la souffrance morale, les prises de conscience successives vont peu à peu aider le patient à changer de regard sur lui-même et sur son environnement, à trouver des réponses à ses questionnements et à esquisser des pistes de sortie de dépression. Pour être efficace, la psychothérapie nécessite l’engagement total du patient dans l’exercice, même si c’est long et difficile. La psychothérapie ne s’accompagne pas forcément d’un traitement médicamenteux. Dans le cas de dépressions légères ou modérées, la psychothérapie seule peut parfois suffire.
- Un médicament antidépresseur : prendre un antidépresseur a pour but d’apaiser les symptômes de la dépression. Il s’agit d’aider la personne à retrouver un bon appétit, un sommeil de qualité, une vision plus optimiste et un bon élan vital. Son action n’est pas immédiate et nécessite 3 à 4 semaines de traitement avant que les premiers effets antidépresseurs se manifestent. Le principe d’action des antidépresseurs est de restaurer la bonne communication entre les neurones du cerveau, communication mise à mal dans le cas de la dépression par les anomalies des neurotransmetteurs. Ce traitement doit faire l’objet d’un suivi régulier avec le médecin et ne doit en aucun cas être arrêté sur la décision seule du patient. Y compris quand la phase de crise est passée et que le patient est en phase de consolidation. L’arrêt de l’antidépresseur se fait sur décision du spécialiste (médecin, psychiatre) et de façon progressive, lorsqu’il juge le patient suffisamment stable psychologiquement. On distingue à ce titre différentes familles d’antidépresseurs : les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, les antidépresseurs imipraminiques, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine, et enfin, les inhibiteurs de la monoamine-oxydase.
- L’hospitalisation : en cas de dépression sévère et de manifestation d’idées suicidaires. Le patient est extrait de son environnement stressant, protégé de lui-même en cas d’idées morbides.
- Les thérapies par stimulation cérébrale, comme la stimulation magnétique transcrânienne, plus rarement utilisée : il s’agit de stimuler les cellules nerveuses du cerveau par de brèves impulsions magnétiques.
7. Comment prévenir la dépression
Qu’il s’agisse d’une première dépression ou d’une rechute qu’il s’agit de prévenir, il y a des moyens relativement simples à adopter au niveau de l’hygiène de vie :
- Pratiquer une activité physique aérobie régulière, c’est-à-dire un sport qui stimule l’endurance respiratoire, seul ou en groupe : la marche rapide, la natation, le vélo, le footing par exemple. Le rythme préconisé est de cinq séances hebdomadaires de 30 minutes.
- Faire de la relaxation ou de la méditation de pleine conscience avec un professionnel : cela contribue à la détente physique comme psychique.
- Se nourrir de façon équilibrée : une alimentation équilibrée avec des fruits et légumes frais, des poissons gras, des céréales complètes pour l’apport en fibres contribue à garder un poids équilibré, une bonne santé physique et psychique.
- S’efforcer de tisser et de maintenir des liens sociaux : les échanges (avec la famille, les amis, les connaissances) permettent de lutter contre l’isolement et le repli sur soi et d’avoir du soutien dans les moments difficiles.
(agences et médias)