Après une journée pleine de tension au Tribunal de première instance de Ben Arous, l’Affaire Omar Laabidi, dont la mort remonte au 31 mars 2018, a été finalement ajournée afin d’examiner les demandes préparatoires fournies par le Comité de défense de Omar Laabidi, nous a confié sur les lieux le porte-parole de la campagne « Apprend à nager ».
Un certain nombre d’activistes de la Société civile et des supporters du Club africain se sont réunis jeudi matin devant le Tribunal de première instance de Ben Arous, pour exiger justice pour Omar Laabidi et réclamer l’annonce du 31 mars de chaque année comme Journée nationale contre l’impunité en Tunisie. Le mouvement Baddel, le FTDES et le SNJT, représenté par son président et d’autres membres du bureau exécutif étaient présents.
La Société civile se mobilise
Des tensions ont été constatées aux alentours du tribunal depuis le matin en raison de l’utilisation de barrières de fer autour de la route principale. La tension a régné également au milieu de la salle d’audience, après que les accusés ont délibérément nié les détails les plus simples, même quant à leur connaissance du lieu exact de l’accident. La tension a encore augmenté, suite à un accrochage entre la défense de la victime et les avocats des accusés. Des tensions qui ont poussé le juge à décider la suspension de l’audience. Pendant ce temps, un groupe de journalistes a été interdit de rejoindre la salle d’audience.
Interrogée sur les lieux par le Temps News, l’activiste Nawress Zoghbi Douzi nous confie que la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH) a 14 dossiers similaires au dossier d’Omar Laabidi. Le point commun entre toutes ces affaires, ajoute l’activiste, est le fait qu’aucun des accusés n’a été responsabilisé jusqu’à présent. Nawress Zoghbi Douzi a souligné par la même occasion l’ingérence flagrante des syndicats de sécurité, qui, selon ses dires, ressemble à une démonstration de pouvoir en utilisant les outils et les équipements de l’État.
Pour sa part, le porte parole de la compagne « Apprends à nager », Ayoub Amara a souligné le caractère pacifique de la manifestation, précisant que tous les mouvements jeunes et civils, ainsi que les organisations de la Société civile présentes sur les lieux, se mobilisent essentiellement pour mettre fin, à ce que Amara a qualifié de « culture d’impunité », dont jouissent les forces sécuritaires en particulier.
« Qui a tué mon fils ?! »
En outre, Shaima Jebali, membre de la campagne Baddel-Change, se livre de son côté au Temps News : « En participant à cette manifestation aujourd’hui, tous les jeunes ici présents ont voulu confirmer leur soutien, en tant qu’activistes engagés, à toutes les causes de ce genre, notamment qui concernent les droits et les libertés. »
Moment le plus émouvant de toute la journée, notons-le, c’est la mère de la victime qui, dans un état quasi-hystérique, explose carrément devant tout le monde : « Je veux voir la personne qui a tué mon fils », a-t-elle répété en boucle, avant de s’évanouir.
Il est utile de rappeler, enfin, que l’affaire Omar Laabidi, dont les décès remonte au 31 mars 2018 et avait secoué dès lors l’opinion publique nationale, a été reporté à trois reprises. Fan du Club africain, il avait fui la police lors des affrontements qui avaient suivi un match de footbal et s’est noyé dans l’Oued Méliane, près du stade de Radès. Dans cette affaire, 14 accusés ont été traduits devant le juge d’instruction du Tribunal de Première Instance de Ben Arous pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger ».
Rym CHAABANI