Discours très attendu du Secrétaire général de l’UGTT à l’occasion de la Fête du travail, mondialement appelée La Fête des travailleurs.
Taboubi a commencé son discours rappelant les sacrifices consentis par les travailleurs depuis la grande « Intifadha » des ouvriers de Chicago, il y a plus d’un siècle et demi et qui a donné naissance, à coups de sacrifices et de pertes en vies humaines, aux mouvements syndicaux de par le monde.
Il serait, de ce fait, important de rappeler que l’UGTT est, historiquement, le premier syndicat des travailleurs en Afrique et dans le monde arabe.
Forte de cette légitimité historique, la centrale syndicale se positionne comme partenaire du Pouvoir, mais aussi comme contrepoids.
Aujourd’hui, Taboubi, conciliant jusque-là, appelle avec véhémence le Président de la république à installer Le Dialogue national, l’appelant à consentir à ce que ce Dialogue implique toutes les forces vives du pays.
Par forces vives, il entend les partis qui croient en le côté civil de l’Etat (exclusion d’Ennahdha et de ses satellites ?) ainsi que les composantes de la Société civile. Bien entendu, Taboubi envisage par-là que le Quartet « ayant sauvé le pays et dont les efforts ont été couronnés par le Nobel de la paix) soit un acteur majeur dans ce Dialogue avec, pour locomotive, la Centrale syndicale.
« La consultation nationale n’en saurait être la référence »
Dans son allocution, Taboubi lance un message précis au Président. A savoir que la consultation électronique, ne reflète pas les exigences du moment et qu’elle ne saurait être prise pour rampe de lancement de ce Dialogue, ni qu’elle puisse représenter un référentiel fiable et, encore moins, un indicateur quant aux axes autour desquels il doit s’articuler. A son sens, l’échantillonnage dans cette consultation n’est nullement représentatif de la conscience populaire, ni des besoins institutionnels du pays et, encore moins, des problèmes existentiels du peuple.
Taboubi rappelle le soutien apporté par l’UGTT au 25 juillet, tout en se gardant de trop titiller le Président sur « la concentration des pouvoirs ». Adhésion raffermie au tournant du 25 juillet, donc, mais demande pressante de réajustements , tout en appelant à ce que les réquisits de la démocratie ne soient pas remis en cause.
En tout état de cause, il reste à s’interroger sur ce qu’entend Taboubi par cette formule : « avant qu’il ne soit trop tard… ». Préfiguration d’une escalade ? Ultimatum, comme l’avait fait Houcine Abbassi en prenant les choses en mains et en imposant le Quartet à Moncef Marzouki, Quartet ayant placé Mehdi Jomaâ à la Kasbah ?
Accords sociaux…
C’est sans doute à ce niveau que le discours de Taboubi décline en revendications sociales et salariales, et c’est là qu’il lance des fléchettes à Najla Bouden.
On sait que l’UGTT n’a pas trop mis la pression, compte tenu qu’elle intègre parfaitement l’importance à trouver une issue honorable aux négociations avec le FMI.
Sauf que l’UGTT se dit prête à négocier certaines privatisations des entreprises nationales, mais pas selon les règles du FMI. Ce sera du cas par cas, martèle la centrale syndicale.
Sauf qu’il y a urgence, selon Taboubi, à honorer les accords sectoriels conclus depuis un certain temps. A commencer par l’augmentation du SMIG, le déblocage des augmentations salariales dans la fonction publique, s’appuyant, pour étayer ces revendications, sur le pouvoir d’achat qui s’est érodé, sur l’inflation et sur les dérèglements macroéconomiques.
Discours pas vraiment martial, en définitive. Il n’empêche, Taboubi hausse le ton.
En fait, maintenant il se focalise encore plus sur le Dialogue national. Dialogue qui est aussi l’exigence des travailleurs…Surtout que l’UGTT et l’UTICA scellé la sainte alliance.
Raouf Khalsi