Rumeur, intox, fake news, informations inexactes, imprécises, induisant en erreur, etc. Tout un vocabulaire qui représente les différentes catégories du phénomène contagieux de la désinformation qui ne cesse de s’accroître et de représenter plus d’un danger. Existant partout dans le monde, et même adopté et sponsorisé parfois pour de nombreuses fins, ce phénomène existe notamment en Tunisie et joue actuellement un rôle très négatif dans une situation assez ambiguë, délicate et critique, exactement comme il l’a joué auparavant dans des stations décisives.
Dans ce contexte, le Temps News s’est adressé à la plateforme Tunisienne « Falso pour la lutte contre les fausses informations et les rumeurs » afin d’avoir une idée de près sur ce phénomène, et sur les meilleures mesures visant à aborder cette affaire en question et à lutter contre les dangers qui l’accompagnent.
En effet, la plateforme Falso a été lancée le 2 avril 2020 en marge du confinement général déclaré pendant la première vague du Covid-19 et la crise sanitaire qui a eu lieu à l’époque dans un contexte où les rumeurs, concernant les décisions gouvernementales, les protocoles sanitaires et même les ordonnances médicales, ont proliféré.
La fondatrice de Falso, Zyna Mejri, a considéré que les rumeurs se répandent surtout en temps de crise et ses auteurs profitent de tous les facteurs de manque d’informations fiables et de la vulnérabilité ou l’absence totale des plans de communication. D’ailleurs, cette raison représentait le principal catalyseur pour accélérer le lancement du projet Falso travaillant sur la crédibilité des contenus sur les réseaux sociaux et luttant contre les rumeurs et les fausses informations, a-t-elle déclaré.
« Il S’agit il la plupart du temps de règlements de comptes ou distorsion dans un contexte politique, de la propagande surtout durant les élections, ou simplement de l’intention d’augmenter les taux d’audience. »
Lors de son interview avec le Temps News, Zyna Mejri a indiqué que les discours politiques sont parmi les principales sources de la désinformation affirmant qu’il s’agit notamment d’autres domaines et sujets, mais c’est toujours la mesure dans laquelle l’intérêt public est influencé qui fait la différence. Elle a mentionné, en outre, qu’il ne s’agit pas seulement de la Tunisie soulignant que Donald Trump, par exemple, avait publié sur Twitter à plusieurs reprises des discours haineux et des contenus purement incorrects et cela a presque eu de graves conséquences.
Comment peut-on vérifier la validité d’un contenu suspect ? En réponse à cette question Zyna Mejri a recommandé plusieurs outils faciles à appliquer y compris «TinEye», s‘agissant de la vérification des contenus douteux. En effet, ce moteur de recherche de TinEye est parfaitement utile pour vérifier l’image et pour suivre sa source d’origine, sa propriété et sa licence. D’autre part, elle a accentué l’importance de l’accès à la source principale de l’information en cas de doute.
En février dernier, Falso a déclaré qu’environ 20 pages Facebook sont signalées chaque semaine en tant que des pages publiant des informations ciblées, de fausses informations, ou des discours de haine.
Activités récentes de la plateforme :
Il convient de noter que Falso avait lancé plusieurs projets dans le cadre de la vérification des contenus et des informations.
Par exemple, son équipe a publié le 25 janvier courant un rapport détaillé indiquant que les discours et les déclarations du Président de la République, depuis le 25 juillet 2021 jusqu’au 25 janvier 2022, comprenaient 114 contre vérités.
Selon le rapport, ces contres vérités sont réparties comme suit :
23.3 % de dualité du discours
5.8 % des informations inexactes
35.8 % de fausses informations
35 % de désinformation
D’autre part, la plateforme appelle souvent les internautes à partager avec son équipe les publications suspectes ou les rumeurs auxquelles ils peuvent faire face, dans le cadre de sensibilisation et afin de faire participer le plus de personnes possible pour faire face à ce phénomène.
Entretemps, l’équipe Falso travaille, par ailleurs, sur la réfutation des rumeurs diffusées souvent concernant « la mort » d’un\une certain-e artiste, sportif-ve ou de l’une des autres personnages publiques, et ce bien évidemment dans le but de la réalisation de gains financiers ou de l’atteinte d’un taux d’audience et d’interaction d’avantage.
Au final, admettons que le fait de prévenir et combattre la désinformation est devenu une priorité, pas seulement sur le niveau du travail journalistique, mais aussi sur le niveau des stratégies adoptées par les différentes institutions d’une part et par les individus chacun pour sa part de l’autre côté. Admettons, aussi, que les principes des initiatives pareilles, rares en Tunisie, doivent être tout d’abord valorisés puis généralisés afin de limiter les risques moraux et parfois matériels qui dominent de plus en plus notre quotidien et n’excluent, d’une façon ou d’une autre, personne.
Rym CHAABANI