Comme pour le Covid-19, la vaccination peut-elle être efficace pour éradiquer la variole du singe ? Les cas de contaminations à cette maladie aussi appelée « orthopoxvirose simienne » s’accélèrent en Europe : dans un point d’étape réalisé vendredi 20 mai dernier, Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé a indiqué qu’au moins huit pays ont « signalé des cas ». Le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède sont ainsi concernés,
Cette maladie ne peut être soignée par quelque traitement que ce soit. Côté vaccination, celle-ci ne serait efficace qu’à titre préventif : « Il a été démontré à travers plusieurs études que la vaccination contre la variole [humaine] est efficace à 85% pour prévenir la variole du singe » a précisé l’Organisation Mondiale de la Santé. Efficace certes, sauf que la première génération de vaccins qui avaient été utilisés dans les années 1970 pour éradiquer la variole « n’est plus accessible au grand public », a annoncé l’OMS. La variole avait été éradiquée en 1980 après une campagne de vaccination mondiale longue de dix ans.

Quels stocks de vaccins ?

Alors que les cas de contaminations repartent à la hausse, plusieurs pays d’Europe ont annoncé avoir procédé à de premières vaccinations. C’est le cas en Espagne : selon le quotidien espagnol El País, les autorités ont commandé des milliers de doses. Le Canada de son côté annonce vouloir recourir à son stock de vaccins. En France, la Haute Autorité de Santé devrait se prononcer ce lundi 23 mai sur la question. Reste à savoir quels sont les stocks dont dispose la France : il faut remonter à 2012 pour en avoir trace. Le Haut Conseil de la Santé Publique avait alors indiqué qu’il restait près de 82 millions de doses de vaccins de première génération.

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Que sait-on aujourd’hui sur la variole du singe ?

S’agirait-il alors de retrouver l’immunité collective, tant espérée sur le front du Covid-19. En 1984, les autorités françaises ont mis fin à l’obligation de vaccination contre la variole pour les jeunes enfants : le Haut Conseil de la santé publique a affirmé que « l’état immunitaire de la population générale vis-à-vis de la variole a été modifié de façon drastique avec l’arrêt progressif des vaccinations antivarioliques ». Selon Yves Buisson, membre de l’Académie de médecine, interrogé par BFMTV : « Les personnes qui ont bénéficié de ces vaccins sont plutôt celles qui ont aujourd’hui plus de 50 ans. À l’échelle totale de la population, nous n’avons qu’une protection très relative ».

Alors, est-il possible que l’on en revienne à un schéma de vaccination de masse, comme pour le Covid-19 ? Pas forcément : « Le taux de mortalité » de la variole « est plus élevé pour les enfants et les jeunes adultes et les personnes immunodéprimées sont particulièrement à risque de développer une forme sévère », estime le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). La communauté scientifique plaide en partie pour une vaccination ciblée. En France, un premier cas confirmé de variole du singe a été détecté, jeudi dernier, en Ile-de-France. Ce dimanche 22 mai, les autorités sanitaires ont confirmé, à nos confrères de Ouest France, que plusieurs autres cas suspects de variole du singe étaient en cours d’examen en France.

La Dépêche