Le comité directeur de la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH) avait certes voté, lundi, pour la participation au dialogue national, initié par le Président Saïed. Toutefois, « cette participation est conditionnée par un certain nombre d’exigences », tempère Bechir Labidi, secrétaire général de la LTDH, mettant l’accent sur la nécessité d’intervenir de manière active dans ce dialogue et exprimer les opinions de l’organisation au comité juridique qui s’occupera de la rédaction des chapitres de la nouvelle constitution.
Laabidi, qui considère que les droits et libertés à inclure dans ce nouveau projet sont au cœur des préoccupations de la LTDH et de ses adhérents, a mentionné, en outre, que le récent conseil national a conduit la Ligue à exprimer ses positions sans s’engager pour autant dans un débat stérile sur l’établissement de conditions pour le dialogue et les parties participantes. Pour sa part, Jamel Msallem a déclaré que la Ligue a décidé de participer au dialogue national, tout en se réservant le droit d’émettre quelques conditions. En l’occurrence, la LTDH refuse, d’après lui, de faire de la figuration, autrement dit d’approuver des résultats déjà préétablis.
Réserves et conditions
Quelques heures après l’annonce de la participation, la Ligue a publié une déclaration détaillée sur le nombre de membres votants, la nature de leur vote, ainsi que les principes sur lesquels se base la participation de la LTDH. Parmi les réserves et les conditions, la déclaration a souligné le manque de clarté au niveau des fonctions, des ressources et de la méthodologie relatives aux travaux des comités.
Le texte de la LTDH a mis l’accent, d’autre par sur la nécessité d’aborder les questions des droits économiques et sociaux, civiques et politiques, compte tenu de la spécificité de l’expérience nationale tunisienne, ce qui garantit l’établissement d’un système républicain et d’un État civil démocratique respectueux des droits de l’homme. Cela est sans compter le droit réservé de la Ligue pour exprimer sa position sur le démarche du dialogue s’il ne se conforme pas à ses propositions et à ses principes fondamentaux.
Mécontentement et avis mitigés
Sur les réseaux sociaux, le mécontentement n’a pas été seulement exprimé par les amis et les sympathisants de la LTDH, mais aussi par une grande partie de ses adhérents, qui refuse, en effet, de voire leur organisation « participer à un faux dialogue national, dont les résultats sont connus à l’avance ». « Pourquoi cette politique du fait accompli ? Nous n’accepterons pas que la Ligue des droits de l’homme se transforme en une façade pour la présidence », a-t-on notamment martelé sur les réseaux sociaux.
Dans le même contexte, la branche de la LTDH de Béja a exprimé, ce mardi, à travers un communiqué, son rejet de la dernière déclaration publiée par le comité directeur concernant l’approbation de la participation au dialogue national. En face, bon nombre d’adhérents considèrent, pourtant, que la participation d’une organisation nationale comme la LTDH ne peut être qu’une garantie pour le bon déroulement du dialogue, ainsi que pour la défense des acquis en matière de libertés et de droits.
A noter que le Président de la République Kaïs Saïed a reçu ce mardi, plus précisément à midi, le président de la LTDH, Jamel Msallem. Il était prévu que cette réunion soit une occasion pour aborder davantage la contribution concrète de l’organisation au dialogue national. Pour rappel, le décret présidentiel n°30 portant création du Haut comité national consultatif pour une nouvelle République a été publié le 20 mai 2022 dans le Journal officiel (Jort). Selon ce décret, ce comité se compose de : la commission du dialogue national, la commission consultative des affaires économiques et sociales, et de la commission consultative juridique.
Rym CHAABANI