A chaque haute saison, comme un aimant, Nabeul et Hammamet attirent beaucoup d’estivants et de touristes. Masques, canettes, couches de bébé… Certaines plages ressemblent à une décharge. Alors que plusieurs poubelles ont été installées le long de la corniche, certains estivants ne peuvent s’empêcher de jeter leurs déchets un peu partout, en n’épargnant ni la corniche, ni la plage. Malgré les nombreuses campagnes visant à sensibiliser les citoyens sur l’importance de l’hygiène et du respect des espaces publics, le message ne semble pas donner effet. L’incivisme et la nonchalance atteint son comble, en cette période qui nécessite plus que jamais une campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de l’environnement.
Des millions de tonnes de déchets posent des problèmes environnementaux, économiques, sanitaires et esthétiques. Entre 80 et 90% des déchets marins proviennent de sources terrestres, ce qui est une indication claire des domaines dans lesquels nous devons concentrer nos efforts. Ainsi, à la veille de la période estivale, plusieurs villes touristiques se mobilisent pour rendre leurs plages propres , plus accueillantes, moins encombrées de sachets en plastiques et autres détritus qui jonchent le sable fin.
Une zone de nature : on l’oublie !
La plage est une zone de nature, il est donc inutile de vouloir la rendre plus blanche que blanche Mais c’est aussi le siège d’un enjeu économique. Une plage maltraitée sera une plage érodée, donc moins fréquentée, et donc moins de sous pour la commune. Alors oui, pour répondre à la demande touristique, le nettoyage des plages doit être fait, à la veille de la saison touristique qui s’annonce exceptionnelle. C’est le cas de Tabarka, ou le commissariat régional du tourisme s’est mobilisé cette semaine en conséquence. Les agents municipaux ont retroussé leurs manches, pour soulager les plages du site des amoncellements d’ordures qui s’y sont accumulées. Ils ont multiplié les opérations de ratissage. Ils passent au tamis trois fois par semaine leur grande plage. « La saison démarre. La majorité de notre économie touristique reposant sur ce site au sable réputé très fin, il est impératif pour nous qu’il soit beau », un agent municipal. Et d’ajouter « Une vaste campagne de nettoyage des plages a été lancée en prévision de l’ouverture de la saison estivale. L’objectif est d’interpeller les citoyens sur les pollutions intempestives dont sont sujettes les plages en période de vacances. En ramassant ses déchets, chacun de nous participe à la préservation du patrimoine naturel tunisien. A nous d’agir ! ». Le matériel de collecte et autres outils et équipements nécessaires pour cette campagne ont été mobilisés pour faciliter la collecte des déchets durs et autres granulats de débris de maçonnerie et saletés.
Initiatives pas bien concertées
Ces opérations de nettoyage de la mer et du littoral sont, certes, des initiatives louables, qui visent à sensibiliser la population au problème de la pollution des côtes tunisiennes. De son côté, l’Agence de protection et de l’aménagement du littoral (APAL) a entamé, depuis le début du mois de mai, les travaux de nettoyage des plages publiques qui cible 120 plages s’étendant sur une superficie globale de 7200 hectares. Bien que la saison estivale n’ait pas encore débuté, les corniches et les plages de Nabeul et d’Hammamet ne désemplissent jamais, attirant tel un « aimant » les amateurs du grand bleu qu’ils soient pêcheurs ou simplement amoureux de la mer. Sami, un père de famille et amoureux de la mer se rend chaque samedi avec ses enfants à la plage juste pour admirer le grand bleu. « Cette année, la plage est de plus en plus propre, c’est magnifique, les enfants pourront s’amuser en toute sécurité », estime-t-il. Affichant un paysage irréprochable, les immenses plages de la cité des jasmins sont d’ores et déjà remplies de citoyens, venus nombreux en compagnie de leurs progénitures pour profiter de ce temps printanier. Les plages ont été nettoyées. « J’espère que les estivants et autres visiteurs vont sauvegarder cette belle image de la plage et ne vont pas la dégrader avec leurs déchets », a souhaité une promeneuse. « Malheureusement, les gens ne réalisent pas l’importance de garder les plages propres », se désole un jeune homme. « Les agents de collecte nettoient la plage de fond en comble dès le matin, mais le soir, les baigneurs la laissent encore plus sale », assure un responsable municipal à Hammamet
Devoir de citoyenneté
Les campagnes de sensibilisation permettent d’alerter les consciences sur la nécessité de préserver la plage. En plus des campagnes d’affichage, des cendriers peuvent par exemple être distribués, tout comme des sacs à déchets individuels. Les plagistes peuvent patrouiller pour venir à la rencontre des estivants et les sensibiliser, car le danger est réel : un mégot enfoncé dans le sable peut mettre jusqu’à 2 ans pour disparaître et entre temps, il libérera moult métaux lourds et produits chimiques dans le sable. Une pile, quant à elle, peut empoisonner 1m3 de terre.
La prévention et la sensibilisation permettent donc de prendre le problème en amont et de limiter les dégâts avec une prise de conscience citoyenne. Bien que les mauvais réflexes aient la peau dure, des citoyens, mus par le vent de l’écologie et de la préservation de l’environnement, se sont lancés, ces dernières années, dans une nouvelle forme d’embellissement du cadre de vie de leur milieu environnant, au niveau de certains quartiers. De petites associations agissant pour la protection de l’Environnement ont ainsi réussi à semer les graines de l’amour en lançant des campagnes de propreté de plages. L’essentiel est de faire le « premier pas » et dans la bonne direction pour amener, pour ne pas dire attirer, beaucoup de citoyens, à adhérer à cette action citoyenne, selon les propos d’un animateur de cette opération. Les réseaux sociaux aidant, une certaine émulation s’est créée chez des citoyens qui ont rivalisé d’imagination dans cette exaltante entreprise. Ainsi, l’entretien de nos plages nécessite la mise en œuvre d’une vraie politique de gestion des déchets afin de trouver le juste équilibre entre préoccupation environnementale et exploitation touristique.
Kamel BOUAOUINA