Le sucre autrefois considéré comme un produit de luxe devient, à la fin du 18ème siècle, un aliment nécessaire pour une partie des classes populaires. Ce n’est pas Maud Villeret qui va contredire ce constat, notamment dans son livre « Le goût de l’or blanc : Le sucre en France au 18ème siècle ». En Tunisie, la pénurie des produits de base devient « normale », quasi routinière pour les citoyens. Actualité oblige, c’est la pénurie du sucre en Tunisie qui préoccupe le plus l’opinion publique depuis plusieurs jours.
Sur le terrain, les commerçants ont profité de cette pénurie pour vendre plus de produits. Plusieurs d’entre eux exigent la vente d’autres produits ou d’avoir une longue liste de courses alimentaires pour donner au client un kilo de sucre. D’autres fournissent quelques kilos de ce produit de grande consommation qu’aux clients « fidèles ». Dans le même cadre, les gérants des pâtisseries ne ratent aucune occasion pour se plaindre sur les réseaux sociaux et dans les passages sur les radios et appellent à trouver une solution immédiate à cette pénurie.
Une pénurie qui, visiblement, irrite les citoyens ; et ce, malgré « la guerre contre les spéculateurs » menée depuis des mois par les autorités tunisiennes, et plus spécifiquement les opérations de contrôle économique effectuées par le ministère du Commerce, dans le cadre de la lutte contre la contrebande et du contrôle des circuits de distribution.
Dans le même contexte et sur le plan du commerce extérieur, force est de noter que la balance commerciale alimentaire a enregistré au cours du mois de juin de l’année 2022 un déficit de 1559,7 MD contre un déficit de 806,9 MD durant la même période de l’année précédente, et ceci malgré la hausse des exportations de l’huile d’olive (+34,0%). Le déficit enregistré est essentiellement le résultat de l’accroissement du rythme des importations des céréales (+48,6%) et des huiles végétales (+70,1%), mais aussi et surtout du sucre (+141,0%).
A noter qu’un bateau chargé de 20 mille tonnes de sucre au profit de l’Office Tunisien du Commerce a accosté jeudi soir au port commercial de Bizerte. Pour sa part, le ministère du Commerce a indiqué, maintes fois, que le sucre subventionné destiné à la consommation familiale est disponible « en quantités suffisantes » sur le marché. Des quantités qui pourraient répondre aux besoins dans les différentes régions et mettre fin à la pression ressentie en matière d’approvisionnement. Le ministère a précisé qu’il œuvrera à assurer une meilleure distribution de ce produit avec le contrôle requis pour garantir l’approvisionnement régulier du marché.
Le ministère a rappelé tous les intervenants dans les circuits de distribution des produits de base subventionnés à respecter les règles de transparence et d’intégrité des transactions commerciales et d’éviter toute infraction des lois et des lois en vigueur. Les spéculateurs et les contrevenants sont passibles des sanctions les plus lourdes, menace le ministère. Mais est-ce suffisant pour mettre fin à la pénurie du sucre ?
Ghada DHAOUADI