Il est considéré comme le cerveau des attentats du 11-Septembre. Pourtant, le nom d’Ayman al-Zawahiri, tué dans la nuit de samedi à dimanche 31 juillet, dans une frappe ultra précise de drone américain, est loin d’avoir acquis la renommée macabre de son prédécesseur, Oussama Ben Laden. Pire, il est même synonyme du déclin d’Al-Qaida en tant qu’internationale djihadiste, dépassée par son grand rival, l’Organisation État islamique (Daech). La mort du chef d’Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, ne devrait avoir, ainsi, que peu d’impact sur le plan sécuritaire mais représente une victoire « symbolique » de taille pour Joe Biden, un an après le départ chaotique des troupes américaines d’Afghanistan et à trois mois des élections de mi-mandat. Quel impact aura sa mort, notamment sur le plan sécuritaire ? Qui était Ayman al-Zawahiri ? Comment la CIA a-t-elle pu le traquer ? Que sait-on à propos du missile Hellfire R9X, cette bombe ninja utilisée pour le tuer ? Gros plan sur cette mort qui a marqué l’actualité mondiale en ce début d’août.
Une « consolation » pour les États-Unis après le fiasco afghan
Ancien bras droit et médecin personnel d’Oussama Ben Laden, celui que l’on surnomme « le docteur » ou « le professeur » prend la tête de l’organisation en 2011. Traqué par les États-Unis qui avaient promis une récompense de 25 millions de dollars pour le localiser, il aurait longtemps vécu terré entre le Pakistan et l’Afghanistan, limitant ses apparitions à des vidéos de prêches monotones. Idéologue et gestionnaire sans charisme, c’est lui qui théorise le concept de franchises djihadistes : de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l’Afghanistan, en Syrie et en Irak, il favorise la naissance de filiales, permettant de faire vivre le nom d’Al-Qaïda mais sans vraiment les contrôler. « Le plus grand succès de Zawahiri est d’avoir maintenu Al-Qaida vivante », résume l’AFP. « Al-Zawahiri n’avait plus conduit d’opérations ou même donné un ordre à des combattants depuis bien longtemps », fait noter par ailleurs France 24.
Peu d’impact sur le plan sécuritaire
Selon les analystes, la mort d’Ayman al-Zawahiri ne devrait donc pas changer la donne sécuritaire sur les territoires où Al-Qaïda est implanté. « Il n’y aura aucun effet substantiel », estime un spécialiste des questions de sécurité auprès de l’AFP. « Vingt ans après les attentats du 11-Septembre, Al-Qaida est affaiblie en tant qu’organisation centralisée et on a du mal à croire que la mort d’Ayman al-Zawahiri aura un quelconque impact sur ce qui se passe au Mali par exemple », ajoute-t-il.
L’élimination du chef d’Al-Qaïda représente surtout une victoire symbolique pour les États-Unis. Les Américains soldent ainsi définitivement leurs comptes sinon avec le 11-Septembre, au moins avec ses artisans. Lors d’une intervention télévisée, Joe Biden a rappelé le rôle prépondérant d’Ayman al-Zawahiri dans d’autres attaques visant les intérêts et les citoyens américains, en particulier les attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie en août 1998 qui avaient fait 224 morts.
À trois mois des élections de mi-novembre qui s’annoncent délicates pour le camp démocrate, Joe Biden remporte aussi une victoire personnelle, dont il a bien besoin. Isolé à la Maison Blanche après avoir été testé une nouvelle fois positif au Covid-19, le président américain voit les sondages défavorables se succéder alors que l’inflation bat des records aux États-Unis.
En 2011, la cote de popularité de Barack Obama avait remonté de onze points après l’opération menée par les Navy Seals pour neutraliser Oussama Ben Laden au Pakistan. Cependant, la mort de Ben Laden avait résonné beaucoup plus fort dans les consciences. Concrètement, le nom d’Al-Zawahiri ne résonne pas tout de suite pour une majorité d’Américains.
« Victoire » symbolique
Cette frappe de drone en plein centre de Kaboul, dans un quartier résidentiel situé à proximité des ambassades occidentales, permet également au président américain d’honorer une promesse : celle de continuer la lutte contre le terrorisme malgré le départ chaotique des troupes américaines d’Afghanistan. Cela permet à Joe Biden de montrer aux Américains que la décision de quitter l’Afghanistan n’a pas créé de menace et que le pays a encore la capacité de frapper. Pour le régime taliban c’est une véritable gifle. Il s’agit de la première frappe américaine connue en Afghanistan depuis que les troupes et les diplomates ont quitté le pays en août 2021.
Annoncé mort ou mourant à plusieurs reprises, Ayman al-Zawahiri, 71 ans, aurait déménagé à Kaboul il y a plusieurs mois, selon un haut responsable américain, multipliant les signes de vie. « L’aisance et la capacité de communication apparemment accrues d’Al-Zawahiri ont coïncidé avec la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Taliban », selon un rapport de l’ONU publié à la mi-juillet. « Ayman al-Zawahiri se sentait suffisamment à l’aise et en sécurité pour ne plus se cacher comme il le faisait jusque-là », fait noter une correspondante de France 24 à Kaboul.
La situation est en tout cas embarrassante pour les Talibans qui ont dénoncé la frappe américaine mais sans reconnaître la présence du chef d’Al-Qaïda dans la capitale, violation flagrante des accords de Doha conclus en février 2020. Le pouvoir taliban s’était alors engagé à ne pas faire de l’Afghanistan un sanctuaire pour des terroristes islamistes.
Qui était Ayman al-Zawahiri , ce chef « prosaïque » d’Al-Qaida qui n’aura jamais acquis l’aura de Ben Laden
Le chef d’al-Qaida, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone américain. Depuis 2011 et la disparition d’Oussama Ben Laden, il avait pris la tête de la nébuleuse jihadiste. Gestionnaire falot à la tête d’al-Qaida comparé à son prédécesseur Ben Laden, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, dont la mort a été annoncée lundi par Joe Biden, a théorisé l’essaimage des franchises jihadistes sans vraiment les contrôler.
S’il fut l’un des concepteurs des attentats du 11 septembre 2001, « le plus grand succès de Zawahiri est d’avoir maintenu al-Qaida vivante », selon Barak Mendelsohn, professeur à l’université Haverford de Pensylvannie. Zawahiri était l’un des terroristes les plus recherchés au monde et les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver. Il avait pris la tête d’al-Qaida en 2011, après la mort d’Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan.
40 ans de jihad
Le théoricien à la barbe fournie et aux larges lunettes, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, était entré dès l’âge de 15 ans chez les Frères musulmans et aura survécu à plus de 40 ans de jihad, une rarissime longévité, avant d’être tué à 71 ans. Né le 19 juin 1951 à Maadi, près du Caire, au sein d’une famille bourgeoise -son père était un médecin réputé et son grand-père un grand théologien de la mosquée d’Al-Azhar dans la capitale égyptienne-, Ayman al-Zawahiri devient chirurgien. Ses convictions sont précoces : il intègre la confrérie des Frères musulmans dès l’adolescence.
Impliqué dans l’assassinat, en 1981, du président égyptien Anouar al-Sadate, il est emprisonné pendant trois ans puis rejoint l’Arabie saoudite et le Pakistan au milieu des années 1980, où il soigne les jihadistes combattant les Soviétiques et rencontre Ben Laden. Longtemps à la tête du Jihad islamique égyptien (JIE), il ne rejoindra al-Qaida qu’à la fin des années 1990. Washington le met sur sa « liste noire » pour avoir soutenu les attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en août 1998. Il est également condamné à mort par contumace en Egypte pour de nombreux attentats, dont celui de Louxor, en 1997 (62 morts dont 58 touristes étrangers).
En 2002 puis en 2007, il est annoncé mort mais réapparaît. Devenu le bras droit de Ben Laden, il est également son médecin. Il « n’est pas intéressé par le combat dans les montagnes. Il réfléchit plus sur le plan international », disait de lui Hamid Mir, biographe de Ben Laden, cité par le think tank Counter-Extremism Project (CEP). Avec lui, de fait, « al-Qaida est devenue de plus en plus décentralisée, l’autorité reposant principalement dans les mains des responsables de ses filiales », a ajouté le CEP, qui lui attribue pour autant un rôle de premier plan dans la réorganisation de nombreux groupes jihadistes.
L’ombre de Ben Laden
Depuis 2011, il a vécu terré entre Pakistan et Afghanistan, limitant ses apparitions à des vidéos de prêches monotones. Qu’il soit responsable de son déclin ou qu’il ait réussi à l’amortir, il laisse à tout le moins une organisation aux antipodes de l’internationale jihadiste en guerre contre les Etats-Unis, dont rêvait Ben Laden.
Annoncé mort ou mourant à plusieurs reprises, il avait multiplié récemment les signes de vie. « L’aisance et la capacité de communication apparemment accrues d’al-Zawahiri ont coïncidé avec la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Talibans », selon un rapport de l’ONU publié à la mi-juillet. Malgré son rôle dans les attentats de 2001, la signature fondamentale d’al-Qaida, il n’aura jamais acquis l’aura macabre d’Oussama Ben Laden. Paradoxalement, les Etats-Unis semblaient, presque, se désintéresser de lui. Jusqu’à l’annonce par le président américain en personne de sa mort, lors d’une « opération antiterroriste » ce week-end.
Saif al-Adel, ex-lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes et figure de la vieille garde d’al-Qaida, est souvent cité pour reprendre les rênes. Sauf si une jeune génération venait à émerger.Dans tous les cas, la nébuleuse devra encore s’imposer vis-à-vis de son grand rival, le groupe Daesh, avec lequel elle s’affronte, idéologiquement et militairement, sur de multiples terrains de prédation. Selon la dernière évaluation de l’ONU, le contexte international est toutefois «favorable à al-Qaida qui entend à nouveau être reconnu comme le fer de lance du jihad mondial et pourrait à terme constituer une menace plus importante».
Comment la CIA a secrètement traqué Ayman al-Zawahiri
Les services de renseignements américains ont minutieusement préparé l’opération ciblée qui a permis la mort, à Kaboul, du chef d’Al-Qaïda.
Prendre l’air du balcon de sa résidence d’un secteur chic de Kaboul, ancien quartier diplomatique devenu un nid de dirigeants talibans, c’était le petit plaisir de l’Égyptien Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda et cheville ouvrière des attentats du 11 septembre 2001. Mal lui en a pris. Après une opération d’un classicisme éprouvé, reproduite des centaines de fois depuis la présidence de George W. Bush à la suite des attentats, Al Zawahiri a été tué par un drone de la CIA, opérant en secret depuis une piste de décollage, sans doute située à grande distance de sa cible.
Après la débâcle américaine en Afghanistan en août dernier, les talibans ne se sont pas contentés de faire replonger le pays dans une dictature moyenâgeuse. Ils ont aussi grand ouvert les portes aux chefs terroristes d’Al-Qaïda, leur offrant de refaire de l’Afghanistan ce sanctuaire qu’il avait été pour Oussama ben Laden, le prédécesseur d’Ayman al-Zawahiri. Ce dernier était traqué par les services de renseignements américains et sans doute alliés, depuis des mois.
Dans un communiqué publié en début d’année par le Conseil de sécurité de l’ONU, les experts de l’organisation, dûment renseignés par les services de renseignements de certains États membres, expliquaient l’attitude d’Al-Qaïda depuis le retour des talibans au pouvoir à Kaboul : « Le groupe a maintenu un silence stratégique, probablement dans le but de ne pas compromettre les efforts déployés par les talibans pour acquérir une reconnaissance et une légitimité au niveau international.
Al-Qaïda continue également de se remettre de la perte d’une partie de ses dirigeants et ne serait pas actuellement en mesure de mener des attaques de grande envergure à l’étranger, ce qui reste son objectif à long terme. » Cité par le Washington Post, les services de la DNI (Director of National Intelligence) Avril Haines écrivait pour sa part cette année : « Al-Qaïda va probablement ajuster sa capacité à opérer aux contraintes mises par les talibans. Elle va se concentrer sur sa capacité à sauvegarder son sanctuaire avant de chercher à conduire ou à soutenir des opérations extérieures à partir de l’Afghanistan. »
La Maison-Blanche a briefé la presse sur les conditions de cet assassinat ciblé, précisant que l’enquête était engagée depuis que la présence d’Ayman al-Zawahiri avait été avérée. La CIA a alors amorcé une étude fouillée de la manière dont vivait sa cible à Kaboul, ainsi que ses proches, non sans procéder à une reconstitution de la maison. La CIA voulait éviter la bavure qui s’était produite à Kaboul voici un an, quand une de ses cibles (déjà Al Zawahiri ?) avait été visée par un drone, qui avait fait d’énormes dégâts en tuant une dizaine de personnes. Cette fois, les précautions ont été majeures, affirme l’exécutif américain, sans qu’aucune source indépendante puisse, à ce stade, confirmer ou infirmer la véracité de ces propos.
Une fois ces informations récoltées, confirmées et encore vérifiées, le processus politico-militaire similaire pour chaque opération de ce type s’est enclenché quasi automatiquement. Toujours de source officielle rapportée par la presse américaine, Joe Biden a été informé de l’évolution de l’enquête tout au long des mois de mai et juin, lors de la réunion dans la salle de situation de la Maison-Blanche, auxquelles participaient des membres de son équipe. Ils ont été briefés le 1er juillet par Avril Haines, le patron de la CIA William Burns, la patronne du National Counterterrorism Center Christine Abizaid et le conseiller pour la sécurité nationale Jake Sullivan.
De nouveau, une réunion s’est tenue le 25 juillet, durant laquelle Joe Biden aurait insisté sur la nécessité de réduire au minimum les éventuelles pertes civiles. Lors de cette réunion, les professionnels du renseignement auraient « fortement recommandé » la frappe, que le président aurait alors approuvée. Selon toute probabilité, il a alors signé l’executive order permettant à la CIA de pratiquer, sous son autorité, cette exécution ciblée, d’un homme en perte de vitesse mais qui demeure perçu comme une menace. Surtout, la CIA s’est une nouvelle fois affichée comme le bras armé de la puissance américaine, qui a utilisé cette fois une arme tirée par un drone, silencieuse et atroce, qui n’explose pas, mais découpe ses adversaires en petits morceaux.
« Arme secrète » : Hellfire R9X, la « bombe ninja » qui a tué Al Zawahiri
Développée par la CIA et le Pentagone, l’arme secrète a été tirée depuis un drone pour éliminer le chef d’Al-Qaïda, le 1er août à Kaboul. L’arme, dont l’armée américaine n’a pas reconnu publiquement l’existence, est d’une extrême précision. Dotée de 6 lames, elle permet de tuer une cible sans dommages collatéraux.
Très peu d’éléments ont filtré sur l’opération américaine qui a conduit à l’élimination du chef d’Al Qaida, Ayman al-Zawahiri, lundi 1er août à Kaboul. Tout juste sait-on qu’un drone a tiré deux missiles sur l’homme qui a imaginé les attentats du 11 septembre 2001 avec Oussama Ben Laden, alors qu’il se trouvait sur son balcon dans la capitale afghane. Aucune autre victime n’est connue, et sur place la maison visée ne présente pas de traces d’explosion. Ce dernier indice ne laisse guère de doute : ce sont des missiles Hellfire R9X qui ont été utilisés, c’est-à-dire une version dépourvue de charge explosive, laquelle est remplacée par des lames qui se déploient avant l’impact pour éliminer la cible.
Cette arme secrète a été développée par la CIA et le Pentagone sous le nom d’AGM-114R9X, les trois premières lettres signifiant « Air to ground missile », missile air-sol. L’engin ne compte pas sur un effet de souffle destructeur, mais sur six lames déployables en plus de l’effet cinétique du corps du missile lui-même, lancé à 1 500 km/h. « Ses lames peuvent découper le toit des voitures ou percer des murs d’immeubles », expliquait en 2019 le Wall Street Journal, qui a dévoilé son existence. Il est mis en œuvre depuis des drones télépilotés.
L’arme est surnommée « le Ginsu volant », en référence à la marque de couteaux de cuisine Ginsu, produit phare des émissions de téléshopping américaines dans les années 1980. Baptisé Hellfire R9X, il s’agit d’une dérive du bien connu missile Hellfire, déjà déployé par les États-Unis sur plusieurs terrains opérationnels. Néanmoins, ce dernier a pour désavantage de causer d’importants dommages collatéraux de par sa charge explosive, à l’opposé de sa version R9X utilisée dimanche, qui possède bien une ogive, mais désactivée.
« Le couteau volant »
La létalité de cette arme, dont l’existence n’a jamais été confirmée publiquement, repose d’abord sur ses 45kg de métal. Lancé à toute vitesse, le R9X peut traverser voitures et bâtiments, et bien sûr êtres humains. Pour la cible visée, être touchée par un tel missile revient à « recevoir une enclume tombée du ciel », explique le très informé Wall Street Journal, qui assure que le R9X a déjà été utilisé par le Pentagone et la CIA.
À la charge de l’impact viennent s’ajouter les six lames dont est équipé le missile, qui se déploient à la dernière seconde. En plus d’être écrasée, la victime se retrouve coupée en morceaux. Une caractéristique qui dans le milieu de l’armement a valu à ce missile le surnom de « flying ginsu », ou « ginsu volant », en référence à une marque de couteaux vendus dans les années 70 par les émissions de télé-achat outre-Atlantique. La publicité indiquait que les ustensiles étaient aussi efficaces pour tronçonner une branche d’arbre que couper une tomate. D’autres évoquent un « flying ninja », ou « ninja volant ».
Éviter les victimes civiles
La doctrine sur laquelle s’est développée cette arme remonte à l’ère Obama. Le 44e président des États-Unis souhaitait au maximum éviter les victimes civiles lors des tirs américains, notamment en Afghanistan. En plus des considérations humanitaires et légales, les victimes collatérales peuvent porter atteinte à l’image d’un pays à l’étranger, mais également venir remettre en cause certaines alliances.
Et comme l’ajoute le Wall Street Journal, le « flying ginsu » souhaite venir répondre à un constat. Désormais rodés après des années de frappes tactiques, les terroristes visés par les États-Unis commencent à développer des techniques pour échapper aux frappes, notamment en se cachant dans des groupes de femmes et d’enfants.
Le Hellfire R9X permet enfin de tuer de manière précise un ennemi, même quand ce dernier se trouve dans un immeuble bondé de civils. Car il ne porte pas de charge explosive, il peut difficilement causer l’éboulement d’une construction. C’est d’ailleurs une des raisons qui a motivé Joe Biden à procéder à la frappe contre Ayman al-Zawahiri dimanche. Le président américain souhaitait à tout prix que la famille du chef d’Al-Qaïda, qui se trouvait non loin, soit épargnée.
Le déploiement de cette « bombe ninja » nécessite cependant d’importantes capacités de renseignement. La frappe est chirurgicale. Elle nécessite donc de connaître l’emplacement exact de la personne visée. Pour localiser Ayman al-Zawahiri, la CIA s’est notamment penchée sur les déplacements de sa femme.
Précision chirurgicale
Avant la frappe de Kaboul dimanche, le Hellfire R9X a été identifié de manière quasi-certaines à deux reprises. En février 2017, Ahmad Hasan Abu Khayr al-Masri, un ressortissant égyptien, à l’époque numéro 2 d’Al-Qaïda, était été tué en Syrie. À l’époque, l’impact avait étonné. Un simple trou avait été observé dans le toit de sa voiture, et aucune personne autour n’avait été touchée. En janvier 2019, c’est cette fois le Yémenite Jamal al-Badawi qui avait été neutralisé.
Dans les colonnes du Wall Street Journal, de nombreux responsables américains regrettent anonymement que l’existence de cette arme tactique n’ait jamais été rendue publique. Ils avancent qu’une telle déclaration aurait permis d’indiquer que les États-Unis tiennent à tout prix à éviter les pertes civiles.
En 2011, le missile avait été étudié comme un plan B pour éliminer Oussama Ben Laden au Pakistan, auquel a finalement été préféré un assaut mené par les forces spéciales américaines. Onze ans plus tard, c’est finalement ce missile chirurgical qui a été choisi pour neutraliser le successeur de Ben Laden.
(avec agences et médias)