Définition : Selon les textes officiels en vigueur, la CNAM se définit comme une nouvelle institution introduite par la réforme d’assurance-maladie, qui a notamment pour objectif d’unifier les régimes d’assurance maladie et des prestations sanitaires dans le pays. En effet, c’est pour la première fois que la gestion du risque maladie, auparavant effectuée par la CNSS et la CNRPS, est unifiée en une seule caisse, la CNAM. Cette structure va s’appuyer sur ses 62 centres régionaux et locaux répartis sur tout le territoire Tunisien.
Euphorie rapidement suivie de désenchantement
Un nouveau-né qui fut salué par toutes les franges de la société tellement le programme avantageux proposé paraissait alléchant en mesure de venir à bout et d’aplanir toutes les difficultés endurées par les patients et par ricochet leurs médecins, biologistes, radiologues, pharmaciens, etc. Trois possibilités d’être offertes aux affiliés ; L’assuré a le choix entre trois filières : filière publique (hôpitaux), filière privée (médecin de famille) ou filière remboursement à l’instar de ce qui continue à se passer avec les autres assurances. Rapidement, des lacunes firent surface mettant un bémol à l’engouement initial suscité par la création d’un tel organisme. Nous allons tenter d' »en énumérer quelques-unes recueillies auprès des principaux acteurs : Affiliés et prestataires de soins. Le but étant d’attirer l’attention des responsables concernés pour remédier rapidement à ces manquements. Le train arrivant à l’heure n’étant pas un évènement comme on dit…
Retard monstre dans les remboursements
Un même son de cloche unanimement scandé par tous les intéressés par la CNAM, les remboursements, quand ils sont effectués, accusent des mois voire davantage pour avoir lieu. Passe pour une seule ordonnance non honorée, mais quand des bordereaux successifs entiers se chiffrant en plusieurs millions en arrivent à passer même temporairement par la trappe cela fait désordre et finit pas peser lourdement. Certaines pharmacies ont dû fermer boutique. Pour l’heure, un nombre incalculable de prestataires de services (médecins, pharmaciens, laboratoires, radiologues) exigent d’être intégralement payés en refusant de suivre le régime du tiers payant. Les patients doivent faire le tour de la ville et des patelins avoisinants pour dénicher les rares rescapés acceptant encore d’être alignés dans cette affaire et de répondre par l’affirmative à leurs doléances.
Curieuse exigence restrictive
Un plafond annuel de dépenses de prestations de soins ambulatoires est fixé à : 200 dinars par assuré social, 50 dinars par personne à charge. Au-delà de ce plafond, les frais hors maladies longues durées ou Affections Prises en Charge Intégrale (APCI) restent à la charge de l’assuré. Avec l’envolée vertigineuse du prix des médicaments, une seule ordonnance parfois dépasse allègrement les 200 dinars, les affiliés se trouvent au début de chaque année lors du renouvellement de leur carte contraints à s’acquitter d’un montant faramineux pour avoir dépassé lors de l’année écoulée cette modique somme autorisée. Autre incongruité : un patient atteint d’une maladie ordinaire n’a droit qu’à deux consultations par mois et encore faudrait ‘il qu’il » programme » ses deux maladies à 15 j d’intervalle ! Pour les malades de longue durée la situation est autrement plus saugrenue frisant le burlesque le ridicule : une consultation par trimestre chez le médecin de famille ! Un diabétique qui décompense son diabète avec risque patent de sombrer dans un coma hypo ou hyperglycémique, un ulcéreux qui perfore son estomac, un hypertendu qui atteint des chiffres tensionnels le menaçant d’un Accident Vasculaire Cérébral ( Hémiplégie), un coronarien présentant un syndrome de menace et donc aux limites de l’infarctus, un tuberculeux en poussée, un insuffisant respiratoire chronique suffoquant, un épileptique en décompensation et en pleine crise convulsive , un rhumatisant aux membres ankylosés et pratiquement grabataire, un cancéreux souffrant la martyr ,etc. et bien d’autres malades atteints des » seulement » 24 pathologies entrant dans le cadre de l’APCI, doivent compter les jours et prendre leurs maux en patience le temps que les 90 j + 1 j soient révolus.
Pathologies exclues et médicaments de confort !
Un nombre impressionnant de maladie chroniques ne font partie de la liste officielle des pathologies de longue durée prises en charge par la CNAM ainsi que leurs lourds remèdes. A titre d’exemple, la Prostate est considérée comme un organe » INTRUS » dans l’organisme. Que le patient se réveille (N) fois pour aller au petit coin pour soulager une vessie récalcitrante et ne se vidant que partiellement suite à la prolifération d’un adénome prostatique, que cette masse risque sans thérapie adéquate de se transformer en un cancer de la prostate mettant en jeu le pronostic vital du sujet et endeuillant des familles entières, cela n’émeut personne au sein de nos éminents décideurs. Passe pour les médicaments appartenant à la phytothérapie (issus des plantes) et les compléments vitaminés qui ne sont pas remboursables par les caisses, mais certains remèdes essentiels que nous ne citerons point ne le sont guère également. Ils sont étiquetés comme étant » médicaments de confort »(!). Autre couac, le médecin vous prescrit un médicament (princeps ou original), la CNAM ne prend en charge que le générique à moindre prix que le patient psychologiquement très fragile refuse de prendre et se fait violence financièrement parlant pour acquérir le princeps prescrit par son médecin au détriment d’autres besoins essentiels à assurer à sa famille.
Perte de temps et d’argent
Chaque fin du mois, les prestataires de service (médecins, pharmaciens, laborantins, radiologues) doivent se déplacer en personne ou déléguer leur assistant(e) pour se rendre aux bureaux les proches de la CNAM, faire la queue et y déposer le bilan du mois gravé sur CD en plus d’une copie sur papier. Pourquoi ne pas adresser pareils documents aux services concernés en appuyant tout simplement sur une touche du clavier du lieu même du travail ? Une campagne récente ayant mobilisé agents, lourde logistique, perte de temps pour les affiliés pour la création de la carte » Labès » avec promesse de sa mise en application rapidement. Oui mais depuis l’affaire est entrée en hibernation avec tous les efforts et autres faramineuses dépenses de rester en suspens. Demain il fera jour comme on dit…
Mohamed Sahbi RAMMAH