La liesse et l’euphorie ayant balayé les domiciles des heureux candidats au Baccalauréat ainsi que tous leurs proches ont rapidement été dissipées une fois les lampions des festivités éteints. A leur place, une attente fébrile du verdict de l’orientation à décréter par l’ordinateur selon des critères bien définis et strictement codifiés. Il va sans dire que certains privilégiés parviennent à passer en travers de la trappe suite à certaines interventions mais ils sont minoritaires Dieu merci.
De l’espoir à la désillusion
Nonobstant les « génies-lumières » dans chaque section réussissant avec de très fortes moyennes et donc assurés d’obtenir les doigts dans le nez leur choix de prédilection, le restant des troupes même avec des moyennes avoisinant les 15/20 courent le risque de ne point être satisfaits par la branche qui leur a été allouée. Trois possibilités de s’offrir à eux alors. Faire contre mauvaise fortune bon cœur et y s’engager quand même. Refuser pareille » sanction » et attendre le mois de décembre pour concourir une seconde fois dans le dessein ce coup-ci de réussir le jackpot. Voilà deux années, un élève n’a pu être intégré dans la filière de la Médecine en Juin. Il opta pour cette seconde alternative en se présentant aux concours organisés par les quatre facultés de médecine du pays : Tunis, Sousse, Monastir et Sfax où il parvint à être reçu partout pour opter finalement à la Faculté de Médecine de Tunis proche de son domicile. Et les exemples ne manquent pas dans ce sens. La troisième alternative n’est malheureusement pas à la portée de tout un chacun car revenant par trop onéreuse : L’exil vers les quelques rares pays gardant encore leurs bras ouverts pour recevoir nos bacheliers : L’Ukraine, la Russie, la Roumanie, le Sénégal, l’Allemagne, la France. Pour ces deux derniers pays, exigence d’une forte moyenne alors que pour les autres, on se contente uniquement du certificat du Bac sans être regardant sur les moyennes. Pour exemple, même avec un 10/20, on peut endosser la filière Médecine, Chirurgie dentaire, Pharmacie, etc avec retour au bercail au bout de six années méritoirement titulaire du titre de Docteur.
Le calvaire des exilés
Les bacheliers surtout du sexe faible sont confrontés à un problème de taille une fois l’orientation décidée. Contrainte d’étudier loin du gîte familial. Les foyers universitaires rapidement saturés, ceux privés également, ils sont contraints de se rabattre sur la location de studios ou appartements foisonnant à proximité des institutions universitaires. Pour un appartement proche de la faculté de Médecine de Sousse (S+1) hautement sécurisé avec code d’accès et concierge filtrant les entrées : 680 dinars par mois outre les frais du syndic, l’électricité et l’eau. D’autres locaux sont certes moins chers mais situés dans des immeubles éloignés avec les conditions sécuritaires laissant à désirer où l’on entre comme dans un moulin. Le choix est fait pour les pauvres parents optant pour la sécurité de leur fille quitte à contracter prêts, dettes, emprunts, mise sous séquestre voire bradage de biens, etc. La quiétude n’ayant pas de prix.
La boulimie des facultés privées
Les lauréats refusant de s’éloigner de leur famille se rabattent sur l’enseignement privé. Une multitude de facultés privées où l’on enseigne toutes les disciplines exception faite de la Médecine, Chirurgie dentaire, Pharmacie. Facultés miroitant avantages des plus alléchants à qui mieux mieux : Stages à l’étranger « USA » surtout, assurance de recrutements dans les grosses boites une fois le diplôme en main, Perfectionnement en continu, matériel pédagogique à charge, etc. Soit, mais les prix exigés sont des plus exorbitants se chiffrant par millions (8 mille dinars en moyenne) sans tenir compte des frais d’inscription (700 dinars), du transport, de la sustentation assurée par des gargotes avoisinantes affichant des tarifs à vous couper l’appétit, à vous atteindre d’anorexie. Dans tous les cas de figure, les parents une fois la joie de la réussite au Bac consumée, sont dans la tourmente entre le marteau et l’enclume. Les exigences de leur progéniture rêvant les yeux ouverts d’un avenir radieux et les contraintes financières ne leur permettant point de répondre aux doléances de leur descendant.
Mohamed Sahbi RAMMAH