La capacité de l’Algérie à rassembler les pays arabes lors du prochain sommet de la Ligue arabe – provisoirement prévu les 1er et 2 novembre – continue d’être remise en question par ses voisins régionaux. Alors que le sommet de la Ligue arabe doit se tenir en novembre à Alger, des rumeurs ont évoqué la possibilité de voir le rendez-vous délocalisé, au nom des griefs présumés adressés à l’Algérie au sujet de la Syrie, de l’Éthiopie ou encore du Maroc, rapportent des médias arabes. Cela faisait des semaines que les couloirs du siège de la Ligue arabe, au Caire, bruissaient de rumeurs au sujet de la délocalisation du sommet prévu les 1er et 2 novembre à Alger. Une réunion consultative des ministres arabes des affaires étrangères tenue mardi n’a pas manqué d’ancrer les incertitudes sur le sommet d’Alger prévu début novembre.
Comme le gouvernement algérien l’a déclaré aux journalistes à l’issue d’une session ordinaire du parlement du pays, l’Algérie serait « déçue par la campagne de report » qu’elle subit sous la pression de pays comme l’Égypte. Après la session parlementaire, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamrara, a souligné devant les médias que l’Algérie « est prête » à accueillir la réunion. L’une des principales raisons de cette crise est la récente visite du Premier ministre éthiopien Abey Ahmed Ali dans ce pays d’Afrique du Nord. Outre le renforcement des relations entre l’Éthiopie et l’Algérie, cette visite constitue une menace pour la crise diplomatique actuelle entre l’Égypte et l’Éthiopie concernant l’accès aux ressources en eau du Nil.
« Des fuites organisées au sein du secrétariat de la Ligue arabe prétendent que le sommet d’Alger n’aura pas lieu, qu’il se tiendra finalement au Caire », indique un journaliste égyptien interrogé par MiddleEastEye. La raison ? « Il serait question de pressions de la part de Riyad », a-t-il ajouté, liant l’ajournement d’une visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui était attendu fin juillet à Alger après son passage à Paris, à un désaccord présumé entre l’Algérie et l’Arabie saoudite. Même si aucune information n’a filtré sur l’objet de ce différend, les sujets de discorde ne manquent pas : Iran, normalisation, Syrie…
Fin août, des médias arabes ont publiquement évoqué des « pressions » exercées sur l’Algérie pour la pousser à abandonner l’idée d’organiser le sommet de la Ligue arabe. Selon ces sources, certains pays arabes reprocheraient à l’Algérie une proximité affichée avec l’Éthiopie. Ce pays de la Corne de l’Afrique est en conflit avec l’Égypte et le Soudan à cause de la construction du Grand barrage de la Renaissance, qui se remplit grâce aux eaux du Nil, une source vitale pour les deux pays arabes.
Il est également reproché à l’Algérie sa volonté de réhabiliter la Syrie en l’invitant au sommet de novembre. Des griefs qui s’ajoutent au conflit algéro-marocain, lequel ne serait pas de nature à « unir » les pays arabes, ajoutent encore des sources médiatiques. Devant une telle situation, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a réagi. Il a indiqué dimanche 4 septembre que les préparatifs étaient en cours pour la tenue du sommet arabe et que l’Algérie était « prête à accueillir les délégations participantes ».
Comme pour faciliter la tâche au pays d’accueil, la Syrie a annoncé, lundi, son intention de ne pas participer à la réunion de novembre « par souci de contribuer à la consolidation de l’unité des rangs arabes face aux défis imposés par les développements actuels au double plan régional et international », a indiqué le ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, à l’issue d’une communication téléphonique avec son homologue algérien.
Pour sa part, le ministre koweitien des Affaires étrangères a annoncé la présence de son pays au sommet d’Alger. « Le Koweït sera le premier pays à arriver à Alger et sera le dernier à le quitter », a insisté Ahmed Nasser al-Mohammed al-Ahmed al-Jaber al-Sabah.
Mardi 6 septembre, Ramtane Lamamra s’est déplacé au Caire pour remettre en mains propres les invitations aux présidents de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et au chef de l’État égyptien, Abdelfattah al-Sissi. Depuis l’annonce de la tenue du sommet de la Ligue arabe à Alger, les autorités algériennes ont multiplié les efforts pour convaincre les chefs d’État et monarques des 22 pays regroupés au sein de cette organisation panarabe de faire acte de présence.
La réunion aura un cachet particulier pour les Algériens, qui ont choisi une date symbolique pour sa tenue, le 1er novembre, coïncidant avec la commémoration du 68e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance en 1954. Composée de 22 membres, la Ligue des États arabes se réunit chaque année dans le pays auquel échoit la présidence tournante. Des réunions d’urgence ont lieu exceptionnellement lors d’événements particuliers. Dans ce cas, les rencontres se tiennent souvent au Caire, siège de l’organisation, ou dans un autre pays volontaire.
(avec agences et médias)