Drame en plein centre-ville à Tunis. Un de plus, avec son lot d’indignation et de banalisation de la violence. Bavure, ou attitude strictement sécuritaire ? Les agents de la Douane ont-ils fait de l’excès de zèle, ou y-a-t-il anguille sous roche ? Les responsabilités son diluées, et les versions fusent, toutes contradictoires les unes les autres. Les douaniers sont aux arrêts. Mais, contrebandier ou pas, Mohsen Zayani est mort par balles. De nouveau, le dossier des sécuritaires porteurs d’armes rebondit. De nouveau, l’hystérie face aux tentacules de la contrebande charrie beaucoup de subjectivité.
C’est que la mort de Mohsen Zayani, 24 ans, au niveau du quartier « Le Passage » à Tunis, centre-ville après avoir été atteint par balle a suscité une large controverse et soulevé autant l’indignation, la compassion que les dénonciations, face à un drame de plus.
Depuis, cette nouvelle a été accompagnée par plusieurs témoignages et versions. Mais avant tout, les vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont joué un rôle important au niveau de l’opinion publique et les diverses réactions.
Nous nous sommes déplacés, mercredi soir, devant l’urgence de l’hôpital Charles Nicolle où on a trouvé un rassemblement incluant les amis de Mohsen Zayani et quelques membres de ses amis. Un état de colère et d’acharnement était clair et remarquable chez eux et l’une des raisons de cette colère était qu’ils refusent la version publiée par quelques médias, demandant à ce que ces médias écoutent aussi leurs témoignages autour de tout ce qui s’est passé et qu’il ne faut pas adopter seulement la version officielle. À cause de cet acharnement et de cette colère, ils ont refusé de donner des déclarations aux journalistes qui étaient sur place. En revanche, quelques-uns avaient des séquences vidéos filmant le moment du tir des balles. En nous montrant ces vidéos, certains d’entre eux nous ont affirmé que « la voiture visée par les balles douanières était stationnée dans un impasse et qu’il ne s’agissait pas d’un chassé-croisé d’une poursuite. Donc la situation ne nécessitait pareille intervention », selon leurs dires. Pour sa part, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme, représentée par deux de ses membres, était présente sur place pour suivre l’évolution de la situation et pour mieux comprendre ce qui s’est produit.
Pour sa part, la Douane tunisienne a publié jeudi 8 septembre 2022, un communiqué indiquant que « les services de la garde douanière de Tunis ont obtenu des informations concernant la présence d’une voiture chargée d’une grande quantité de cigarettes de contrebande dans la zone du Passage » et c’est ce qui explique le déplacement d’une patrouille à bord d’un véhicule administratif sur les lieux. Ensuite, et selon le même communiqué, « un grand groupe de contrebandiers se sont rassemblés et ont également agressé violemment la patrouille par des projectiles pour aider la voiture de contrebande et son conducteur à prendre la fuite ».
Quant aux tirs, il a été noté par la même source, que l’un des agents de la patrouille s’est effondré par terre après avoir été grièvement blessé au niveau de la tête des suites de cette agression. Et là, « le conducteur de la voiture de contrebande a tenté de le percuter » ce qui a « obligé les collègues de l’agent en question à lancer des tirs de sommation, dans l’air et sur les pneus, dont l’un a atteint le conducteur » lit-on encore dans la version de la Douane.
Le communiqué de la Douane a souligné aussi que « le parquet a ordonné une enquête dans cette affaire », « que les services sécuritaires compétents s’en sont saisis » et que « les agents de la patrouille ont été placés en détention préventive, dans l’attente de la parution des résultats du test balistique et du rapport de la médecine légale ».
En présentant en préambule, le décès ses condoléances à la famille de Karim Zayani et à ses proches, la douane a exprimé, en outre, sa « vive préoccupation envers l’état de santé du douanier blessé dans le même incident, suite « à l’agression contre la patrouille de la garde douanière ». Dans le même contexte, et selon une déclaration accordée à Mosaïque Fm de la part d’une source officielle de la Direction générale des douanes, le douanier grièvement blessé au niveau de la tête est toujours à l’hôpital et est encore en soins intensifs.
Rappelons, à cet égard, que la Douane avait précisé qu’il est « victime de fractures au niveau du crâne, du nez, de la mâchoire et de la rétine » et qu’il a subi une intervention chirurgicale.
Entre temps, les réactions autour de cet incident sont enflammées et exprimées sur plus d’une analyse et base. En grande partie, les condamnations et les réactions de dénonciation exprimées depuis hier sur les réseaux sociaux étaient autour de toute une situation et les internautes ont cité un ensemble d’incidents qui ont causé le décès d’un nombre de citoyens dans différents contextes comme : Aymen Othman, Omar Labidi… D’autres ont considéré par contre, que ce qui est inacceptable et dangereux est de tirer des balles dans une zone pleine de piétons et de passagers. Une part d’internautes a indiqué aussi que ce qui rend la situation générale plus acharnée c’est qu’un jeune appelé Malek Slimi âgé de 24 ans a été, selon les témoignages de sa famille et ses amis, agressé par des agents sécuritaires la semaine dernière et qu’il est aussi hospitalisé au Charles Nicolle en soulignant que sa situation est devenue critique après avoir été opéré ce lundi.
Ce jeudi, 8 septembre 2022, un autre nombre de citoyens se sont déplacés devant l’hôpital de Charles Nicolle, et il s’agit précisément de la famille de Mohsen Zayani venus de sa ville Sbiba – Kasserine. De l’autre côté, une importante présence secrétaire est remarquablement présente au niveau de l’avenue de 9 avril de Tunis et ses alentours.
Rym Chaabani