L’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a rendu publique, lundi, une enquête dans laquelle elle accuse la Turquie d’avoir forcé des Syriens réfugiés dans le pays à retourner en Syrie. Des centaines de Syriens, principalement des hommes et des garçons, sont concernés, affirme Human Rights Watch. Il s’agit, visiblement, d’une confirmation du changement de politique de la Turquie vis-à-vis des réfugiés syriens.
HRW a interrogé, entre février et août 2022, 37 hommes et garçons bénéficiant de la protection temporaire en Turquie, ainsi que des membres des familles de Syriens ayant été expulsés durant cette période. Ils ont affirmé avoir été forcés de quitter la Turquie après avoir été arrêtés, certains à leur domicile, d’autres à leur travail ou même dans la rue. Tous indiquent avoir été détenus dans des centres d’expulsions dans des conditions indignes, où les coups et mauvais traitements étaient courants. Les Syriens interrogés assurent également avoir été contraints de signer des documents qu’on leur interdisait de lire, mais qui étaient censés prouver qu’ils étaient « volontaires » à un retour dans leur pays.
« En violation du droit international, les autorités turques ont rassemblé des centaines de réfugiés syriens, même des enfants non accompagnés, et les ont renvoyés de force dans le nord de la Syrie », a indiqué Human Rights Watch. Le principe juridique du non-refoulement, qu’Ankara est tenu de respecter en vertu d’un traité international, interdit le retour de toute personne vers un lieu où elle court un risque réel de persécution, de torture ou de menace pour sa vie.
Le mois dernier, la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie a réaffirmé que la Syrie n’était pas sûre pour les rapatriés. Avec 3,6 millions de réfugiés syriens, la Turquie est le pays accueillant le plus de réfugiés au monde.