Par Hédi Chérif, sociologue
Les élections législatives tunisiennes du 17 décembre 2022 , avec un taux d’abstention de 91,02% me font dire aujourd’hui , que ce mutisme des Tunisiens prend un sens redoutable, et masque une forme de ‘’ comorbidité sociopolitique et économique ‘’ sur laquelle aucune thérapie, aucun pouvoir unilatéral ne peut agir réellement .
La Tunisie, continue à tirer le diable par la queue, et à être tiraillée entre un président qui se veut instaurateur d’un État de droit, contre une partitocratie affaiblie, une centrale syndicale frustrée par son exclusion du projet de dialogue national, et une bande de pseudo-affairistes tous vomis par un peuple.
Cette ‘’ comorbidité socio-politique et économique ‘’, est malheureusement soumise à un traitement qui s’est avéré au fil des jours, inapproprié, et il n’est pas le siens .Le coup d’éclat du 25 juillet 2021 , qui a nourri des espoirs chez des Tunisiens était vraiment l’antalgique qui a effacé une douleur sociale, très mal diagnostiquée .
Toutes les mesures unilatérales qui en ont découlé, et qui ont suivi et touché toutes les instances étatiques ( la constitution , la magistrature, l’intérieur, la défense, l’activité associative, politique, syndicale…etc. ), sont aujourd’hui fortement sanctionnées par une abstention aux secrets très profonds , par un silence redoutable , un silence fort chargé de facteurs multiples d’une ‘’comorbidité socio-politique et économique ‘’ impitoyable voire même sans fin.
Les Tunisiens, dans leur très forte majorité ( 91,08 %°), peinent à joindre les deux bouts, souffrent pour trouver le strict minimum pour nourrir leurs familles, pire encore, ils mettent aux enchères une éphémère dignité en perdition.
Plus personne ne croit au miracle, le capital confiance est aujourd’hui compromis . Les Tunisiens, déprimés, ont le moral bas. Ils ont tourné le dos aux jours printaniers pour faire face à des nuits cauchemardesques. L’échec total des élections législatives, n’est que la monnaie d’une pièce de musée qui n’est plus en circulation , elle est à actualiser et à réévaluer. Il est important de rappeler que l’art de conduire les peuples, se situe à la croisée du cœur, et de la tête, des sentiments, et de la pensée. Ce sont les ailes qui permettent au leader de gouverner , de gérer, de s’élever, et d’élever son peuple au palier de la dignité, de la liberté, et de la démocratie