Ces dernières années, la Tunisie fait face à une crise sanitaire sans précédent avec une pénurie de médicaments qui ne cesse de s’aggraver. Les patients atteints de maladies chroniques (diabète et autres) ont du mal à trouver les médicaments nécessaires pour leur traitement. D’autres médicaments vitaux, dont les médicaments antidépresseurs sont particulièrement touchés par cette crise pouvant avoir, ainsi, des conséquences graves sur la santé mentale des patients qui en ont besoin. Face à la pénurie persistante de médicaments, de nombreux citoyens sont contraints de se tourner vers l’étranger pour se procurer leurs traitements indispensables ; ce qui les expose à un risque supplémentaire de mettre leur vie en danger à cause de la perte du temps en attendant la réceptionne leurs médicaments. Et que dire de ceux qui n’en ont pas les moyens. Plus grave encore, Les pratiques de corruption ont aggravé la crise.
Le président de la République avait souligné lors d’une visite effectuée, le 22 février 2023, au siège de la Société tunisienne des industries pharmaceutiques à Ben Arous, la nécessité d’attribuer la responsabilité à toute personne cherchant à « saboter le pays et à opprimer les citoyens ». Lors de cette visite, Saied a inspecté plusieurs entrepôts de l’entreprise où des médicaments périmés étaient stockés.
Cette situation alarmante a été signalée à plusieurs reprises par des experts et des médecins qui ont appelé, maintes fois, à trouver une solution urgente à cette pénurie de médicaments.
La pénurie des médicaments dans les pharmacies privées se poursuit depuis plusieurs mois, affectant près de 300 types de médicaments, a indiqué le président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Ali Bsila dans une déclaration accordée à l’agence TAP le 5 avril 2023.
Selon la même source, cette pénurie concerne tous les types de médicaments, dont une partie importante est remplacée par des médicaments génériques pour répondre aux besoins des patients. Cependant, il existe certaines catégories de médicaments importés qui manquent d’équivalents génériques, selon lui. Cette crise prolongée est due à l’accumulation de la dette de la Pharmacie centrale auprès des principaux fournisseurs et laboratoires de médicaments à l’étranger, et il est nécessaire de fournir une liquidité financière à la Pharmacie centrale pour qu’elle puisse retrouver ses capacités à assurer un approvisionnement régulier en médicaments.
Ali Bsila a ajouté que la Pharmacie centrale souffre d’une pénurie de liquidités en raison de l’accumulation de ses créances impayées auprès de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et des établissements de santé, dont le montant total atteint 1238 millions de dinars jusqu’à novembre 2022. En ce qui concerne les créances de la Pharmacie centrale non récupérées auprès de la CNAM et des cliniques de sécurité sociale, elles s’élèvent à 467 millions de dinars, tandis que les créances de la Pharmacie centrale auprès des hôpitaux publics sont estimées à 741 millions de dinars, en plus de 41 millions de dinars non récupérés auprès de certains clients de la Pharmacie centrale.
Pour sa part, le président du Syndicat tunisien des pharmacies privées, Noufel Amira, considère que la crise de la pénurie de médicaments est une conséquence naturelle des difficultés et des déficits financiers auxquels est confrontée la Pharmacie centrale, et estime que la solution pour assurer l’approvisionnement en médicaments consiste à rétablir l’équilibre financier de la Pharmacie centrale en injectant des liquidités à son profit, ainsi qu’à nommer un directeur général pour la gérer.
Ghada DHAOUADI