Par Samia HARRAR

Il faudra lui demander, comment elle voit l’avenir. Elle pourrait y répondre, puisqu’elle perdure, qu’elle fait de la « résistance », pacifique : bon an mal an ;  et qu’elle se tient toujours, « droit dans ses bottes », en dépit de toutes ses « avanies », et ses drames intimes, pour accueillir, année après année, et à la même période, un flot de visiteurs, venus des quatre coins du monde, pour un pèlerinage, qui a valeur de retour aux « sources », et d’ancrage dans sa propre histoire : familiale ou géographique, ou les deux à la fois, pour un bon nombre de visiteurs, et revêtant un aspect symbolique, lié au « religieux », pour les autres, quand elle constitue, pour nos concitoyens, de confession hébraïque, n’ayant jamais concédé à quitter leur « île », une occasion de fêter, dans la bonne humeur et la convivialité, propre à Djerba, mais aussi, propre à toute la Tunisie, ce qui fait qu’il soit possible, par-delà le passage des ans, d’assurer la « transmission ».  Pour que le monde entier sache, que, malgré tout le tohu-bohu, il y a, quelque part, dans un « coin » sur cette terre, une « île » où tout est possible, un pays, où ce miracle, devenu, de plus en plus improbable, de pouvoir réunir, sous le même drapeau, et sous le même « ciel », des « confessions » différentes, sans que cela ne devienne occasion à s’entre-tuer et à se déchirer, soit possible et se maintienne dans la durée, depuis des millénaires.

Ce miracle est possible, parce que c’est la Tunisie et parce que c’est Djerba. Et loin de toutes les images « d’Epinal », il faut bien concéder que c’en est un, de miracle, qui en appelle, sans grands bruits, à la fraternité entre des hommes, des femmes, des enfants à qui on passera le « relais », pour qu’il soit possible, et sans avoir à en rougir parce que les hasards du « calendrier » sont parfois cruels, de ne pas ternir les « lampions » de la fête, et de ne pas laisser les nuages, assombrir le ciel de Djerba. Quand bien même, pile-poil, et parce que cela serait, en effet, de nature à exacerber les tensions, il y aura eu, mardi 2 mai, quelque part, du côté de la Palestine « spoliée », un prisonnier politique : Khaled Adnane, qui s’est éteint, isolé, dans sa « cellule », après une énième grève de la faim, qui, cette fois-ci hélas, aura eu raison de lui. Qu’il appartienne au « Jihad islamique » ne devra pas escamoter le fait, qu’il se soit battu, pour ses droits et pour les droits des siens et pour sa Terre. C’est à dire qu’il a été acculé à se trouver, du mauvais côté du « manche » : de celui où il faut se battre, pour sa liberté et sa survie, l’une ne pouvant aller sans l’autre.  Il est clair, cela étant dit, et pour être dans l’esprit du pèlerinage de la « Ghriba », qui doit être vécu comme un moment de paix et de partage, que, lorsque l’on est confortablement installé dans son fauteuil, les pieds dans ses « Charentaises », il est facile de condamner. Parce que, de cette perspective « confortable » s’il en est, jurer ses grands- dieux, que, quoi qu’il advienne, jamais, et quand bien même ce serait dans les mêmes circonstances,  l’on ne pourra se résoudre à se venger sur des civils innocents, pour répondre aux « hauts » méfaits d’Israël, qui n’hésite, justement pas, elle, à s’en prendre, impunément, à des civils pour cibles : femmes et enfants d’abord, pour continuer ses opérations des expropriations des terres des Palestiniens, en Cisjordanie ou ailleurs, c’est trop facile…  Et c’est bien pour cela, qu’il n’est pas superflu de répéter, encore et encore, sans se lasser, jamais aussi, que la survie d’Israël, dépend d’Israël, et de ce qu’elle fera, pour rétablir la balance de la justice, afin que les Palestiniens puissent enfin recouvrir leurs droits, avec leur Terre. Continuer à nier cette vérité-là, c’est condamner, irrémédiablement, en l’enterrant, tout espoir de paix. Aussi, et parce que l’espoir, en ce qu’il y a de meilleur, doit toujours conduire les Hommes, de l’île si douce et si belle de Djerba, à partir de la Tunisie, prions, avec nos « invités », pour que le miracle opère, et que la justice advienne…