En Afrique du Nord, la croissance devrait passer de 4,1 % en 2022 à 4,6 % en 2023 et à 4,4 % en 2024, selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques en Afrique en 2023.
En 2023, l’augmentation proviendra en grande partie des fortes reprises au Maroc et en Libye, la première après une sécheresse dévastatrice, la seconde en raison de la fluctuation de la production pétrolière, a expliqué le rapport présenté lors d’une conférence de presse tenue mercredi par la BAD à Charm el-Cheikh en Egypte , à l’occasion de la tenue de la 58e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Groupe de la BAD et la 49e Assemblée annuelle du Fonds africain de développement.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de l’Afrique a été estimée à 3,8 % en 2022, en baisse par rapport aux 4,8 % enregistrée de 2021. Ce ralentissement de la croissance a été principalement attribué au resserrement des conditions financières mondiales et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement exacerbées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui ont freiné la croissance mondiale. La croissance a également été affectée par les effets résiduels de la pandémie de COVID-19, ainsi que par l’impact croissant du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes.
En dépit de ces facteurs, les économies africaines sont encore résilientes face aux chocs, souligne le rapport qui prévoit une croissance moyenne de 4,1% entre 2023 et 2024.
Le rapport a souligné que les prévisions de croissance sont exposées à des risques négatifs importants, notamment une croissance mondiale en demi-teinte qui, si elle s’affaiblit encore, pourrait affecter la demande d’exportations africaines, outre la persistance des conditions financières mondiales tendues, qui a exacerbé les coûts du service de la dette, ainsi que des pertes et dommages énormes dus aux changements climatiques.
Le rapport de la BAD sur les perspectives économiques pour l’Afrique 2023 a souligné l’importance d’accélérer l’action climatique et la transition verte pour promouvoir une croissance globale et pérenne du continent africain
Les flux de financement privé pour l’action climatique en Afrique n’ont pas été à la hauteur des besoins du continent. Entre 2600 et 2800 milliards de dollars américains sont nécessaires d’ici 2030 pour mettre en œuvre les ambitions du continent en matière d’action climatique, telles qu’elles sont exprimées dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN) soumises jusqu’en avril 2023. Sur une base annuelle, cela représente entre 234,5 et 250 milliards de dollars américains. Le financement climatique privé en Afrique devrait donc augmenter d’environ 36 % par an.
Le rapport souligne également l’importance du rôle du capital naturel en Afrique, qui s’élevait à 6,2 billions de dollars en 2018, pour combler le déficit de financement climatique et promouvoir la croissance verte. Ainsi, grâce à une gestion durable, le capital naturel important du continent peut être transformé en actifs financiers pour compléter le financement de l’adaptation climatique et atténuer ses effets, ainsi qu’en investissements qui renforcent la transition vers la croissance verte.
La Banque a recommandé aux pays du continent à mettre en place des politiques et des mécanismes adéquats, dont des mécanismes financiers, pour mieux comprendre la véritable valeur du capital naturel de l’Afrique et promouvoir le contenu local et la valeur ajoutée.
Dans le même contexte, la BAD a appelé au renforcement des capacités institutionnelles pour combler les lacunes de gouvernance qui empêchent le continent d’exploiter pleinement le potentiel de ses ressources naturelles, et à créer des chaînes de valeur et des marchés régionaux pour bénéficier des synergies entre les régions.
Les travaux des 58e Assemblées annuelles de la BAD ont démarré mardi, sous le thème » Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique « , avec la participation d’environ 4 000 participants de 81 pays.
Les pays africains participant à ces réunions annuelles, du 22 au 26 mai 2023, à Charm el-Cheikh en Egypte , ambitionnent d’exhorter le secteur privé à accroître le financement climatique pour mettre en œuvre des projets verts et une agriculture durable.
Ces rencontres visent à intensifier les efforts de sensibilisation à l’importance de lever des financements privés dans le climat en Afrique, qui est le plus faible au monde, d’autant plus qu’il ne dépasse pas 14% du total des financements climat sur le continent, alors que le taux de la contribution du secteur privé aux investissements climatiques dans le monde a atteint 49 %.
(TAP)