Le dossier du phosphate de Gafsa suscite l’intérêt de nombreux citoyens, experts et autorités depuis plusieurs années. Ce secteur, considéré comme l’un des piliers de l’économie tunisienne, a rencontré plusieurs défis au cours de la dernière décennie. Des problèmes de transport, des protestations des employés et des cas de corruption ont été constatés. Récemment, le juge d’instruction du tribunal de première instance de Gafsa a ordonné l’arrestation de 5 personnes pour suspicion de corruption liée à l’affaire du marché public d’acquisition d’engins lourds pour le compte de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) en 2019, pour une valeur dépassant les 12 millions de dinars. Le 13 juin 2023, Saied, a exprimé publiquement ses préoccupations et a mis en lumière les enjeux entourant ce dossier.
Le président Kais Saied s’est rendu, mardi soir à Gafsa, vivier de richesse phosphatière du pays où la production s’est estompée depuis quatre ans sur fond d’un sérieux mouvement de contestation enclenché par les sans- emploi de la région. Dans le même contexte, le chef de l’Etat s’est rendu à la délégation de Redeyef, là où se trouve l’unité commerciale de production de phosphates dont le siège est investi depuis 2020 par des foules de protestataires en quête d’emploi.
La contestation sociale a provoqué un arrêt forcé de la production commerciale des phosphates et par la même, une baisse drastique des livraisons vers les fabricants d’engrais chimiques. Aussitôt rendu sur les lieux, le président de la République s’est réuni avec une foule de demandeurs d’emploi, lit-on sur le site de l’agence TAP. Pour l’essentiel, leurs revendications portent sur la nécessité d’acter au plus vite les » procès-verbaux » conclus par le passé avec les responsables gouvernementaux et régionaux. Il est également question de les recruter dans les entreprises environnementales, la Société tunisienne pour le transport de produits miniers et au sein de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).
Le président Saied a précisé que la Tunisie est actuellement en mal de ressources financières et a tant besoin de sa richesse phosphatière ainsi que de toutes ses potentialités nationales pour relever les grandissimes défis socioéconomiques posés. Selon la même source, « il est impérieux voir impératif que le secteur du phosphate retrouve au plus vite son rythme normal de production » Est-il besoin de vous signaler que le conseil de sécurité nationale s’est réuni le 26 avril dernier rien que pour examiner en profondeur la question de la production phosphatière, a-t-il rappelé aux demandeurs d’emploi.
Il est grand temps de prendre l’initiative et de lancer vos propres projets privés, s’est adressé le président de la République aux sit-inneurs, les pressant à s’impliquer davantage dans l’exploitation des terres agricoles pour créer de la richesse. Et d’ajouter que le président Saied a tenu à rassurer les sit-inneurs sur l’avenir de la CPG. Plus question de céder la compagnie, a-t-il dit, réaffirmant l’engagement à traduire en justice » les corrompus » qui s’évertuent à mettre à genoux l’Etat et ses entreprises publiques.
Il est à mentionner que le mouvement contestataire des demandeurs d’emploi à Redeyef a largement perturbé le processus de commercialisation et de livraison à partir de Redeyef d’un stock important de phosphate commercial, estimé à 1.5 million de tonnes, vers les clients de la CPG essentiellement des industriels des engrais chimiques 35 mille tonnes de phosphate exportées vers le Pérou.
Rappelons que la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) a entamé, le mercredi 7 juin, le chargement d’environ 35 mille tonnes de phosphate commercial sur un bateau appartenant à un client péruvien accosté au port de Sfax. La compagnie a indiqué sur sa page Facebook que cette opération s’inscrit dans le cadre de son programme d’exportation pour l’année 2023. Depuis le début de l’année 2023, la Tunisie a pu exporter 70 mille tonnes de phosphate commercial vers les marchés internationaux, contre 90 mille tonnes de phosphate exportées en 2022.
Le responsable du département de la communication au sein de la CPG, Ali Houchati avait indiqué dans une déclaration accordée à l’agence TAP , en mai 2023, que la compagnie se prépare à exporter 40 mille tonnes de phosphate commercial vers le marché indonésien précisant que l’exportation vers ce pays a été arrêtée depuis 2010 au profit du marché local.
La CPG table sur la production de 5,6 millions de tonnes de phosphate commercial, au cours de l’année 2023, en vue d’améliorer le rythme de production de la dernière décennie, caractérisée par un rendement dont la moyenne ne dépassait pas les 3,5 millions de tonnes. L’objectif de la CPG est d’atteindre un volume mensuel de production équivaut à 400 mille tonnes au niveau des différentes unités réparties sur les délégations de Metlaoui, M’dhilla, Om laârayes et Redeyef.
Ghada DHAOUADI