Depuis le 09 juin, l’artiste Mohamed El Melki expose au Palais Kheireddine de la Médina et ce, jusqu’à la fin du mois. L’exposition s’intitule : « Entre le plastique et le poétique : poésie de l’après retraite », un titre qui suggère ce mariage entre la peinture et la poésie. L’exposition, qui se veut rétrospective, est le fruit de plusieurs années de créations artistiques et réunit un grand nombre d’œuvres de grands ou de moyens formats (certains ont 3m sur 2m) où peinture et poésie se marient pour donner de véritables chefs-d’œuvre. En associant peinture et poésie, l’artiste cherche à traduire ses impressions sur un passé révolu certes, mais qui reste encore gravé dans la mémoire collective, ce qui nous donne à voir autrement cet héritage traditionnel que nous ont légué nos ancêtres.
En se déplaçant dans la galerie, le visiteur découvre que les toiles exposées par l’artiste évoquent des souvenirs personnels et de la nostalgie du passé, de la vie d’antan, lui servant ainsi de sources d’inspiration. Les tableaux exposés donnent l’impression qu’ils sont faits en vers poétiques, tellement ils en sont inspirés. En effet, la peinture chez notre artiste s’assimile à la poésie : les mots qu’il a écrits de sa plume sont transposés en tableaux. C’est que, à travers ces œuvres, l’artiste nous raconte tout ce qu’il a vécu, écouté, regardé, observé, fait et aimé, durant les différentes étapes de sa vie, de l’enfance à l’âge adulte, en passant par la jeunesse, pendant sa vie à la Médina et dans les quartiers populaires environnants. C’est donc le fruit de toutes ces strates, de toutes ces influences souterraines, le plus souvent inconscientes qui explosent ici en effusions poétiques et picturales.
Dans cette exposition, El Melki souligne une fois de plus le sérieux de sa démarche artistique caractérisée par une gamme chromatique variée et surtout réalisée avec beaucoup de tact et d’imagination, dignes d’un peintre-poète. Dès lors, le désir nous entraîne bon gré mal gré dans les univers d’un artiste pour qui peindre est synonyme de composer des vers poétiques : le mariage de ces deux arts aboutit à des œuvres foisonnant de sentiments profonds et de sensations intenses.
Nous avons abordé l’artiste qui nous a parlé longuement de son parcours et de son expérience artistique et poétique. Il prépare actuellement un projet spécial qui consiste en une série d’expositions personnelles (dont la prochaine aura lieu en septembre prochain à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun) avec la publication d’un livre d’art sur sa carrière et son expérience artistique dans le cadre d’un projet soutenu par le ministère de la Culture. Cet artiste, amoureux de l’artisanat et du patrimoine vestimentaire de la Tunisie, étant un grand designer de chaussures, a en effet voyagé dans plusieurs pays (France, Italie, Espagne…) pour acquérir des expériences dans les dessins, les modèles et la décoration, outre les arts de la mode. Il s’est livré depuis les années 70 au monde de la peinture et des couleurs, devenu ainsi un grand amoureux des arts plastiques. Avec son attachement fidèle à la terre avec laquelle il entreprend une relation intime, l’artiste Mohamed El Malki a choisi de puiser ses travaux artistiques dans le patrimoine national. Sa vision de la tradition et du patrimoine est tout à fait particulière, dans la mesure où elle est différente et nouvelle par rapport aux anciens travaux d’autres artistes anciens ou contemporains qui ont abordé le même thème. Les travaux comme « Sidi Bou Saïd », « Aïn Drahem », « Ettabel W zakkar », « Tsunami », « la kachabia » et d’autres encore, ne laissent pas le visiteur indifférent, étant envahi par de fortes émotions qu’il ne saurait dissimuler. Mohamed El-Melki nous invite, dans cette exposition, à découvrir notre patrimoine vu autrement, abordé avec beaucoup de sensations et d’émotions et surtout avec beaucoup de soin et d’élégance, émanant d’un artiste confirmé ayant derrière lui plusieurs années d’expériences artistiques.
Plus d’une quarantaine de tableaux dont la plupart sont peints à la main. Pour réaliser ses œuvres, le peintre nous a appris qu’il se servait uniquement de la main et des doigts, se passant du pinceau. La matière utilisée devient alors malléable et constitue un parfait prolongement du corps de l’artiste. Cette technique de la peinture à la main consiste à étaler de la matière avec des mouvements de balayage des mains et des doigts. L’artiste nous laisse cependant bouche bée devant la façon avec laquelle il manie la peinture et en fait de véritables œuvres d’art.
Hechmi KHALLADI