• Du 27 juillet au 7 août

Cadre magnifique, beau programme. Dans la médiocrité ambiante de l’événementiel de cet été, le festival de Dougga sort incontestablement du lot. Dans sa 47ème édition qui se tient du 27 juillet au 7 août, la manifestation promet de belles soirées musicales au beau milieu des ruines, avec, comme cerise sur le gâteau, des visites guidées du site et une table d’hôtes de gastronomie locale. Un divertissement de haute qualité qui, à notre goût, vaut indubitablement le détour. Avant-papier.

En alliant valeurs sûres, fraîcheur et bon goût, Dougga 2023 a concocté une programmation plutôt équilibrée pour un rendez-vous de divertissement estival grand-public. Certes, le festival ne s’est pas trop aventuré dans la découverte des talents méconnus ; mais, en mettant en tas les têtes « vendeuses », il n’a pas sombré pour autant dans la médiocrité. Une recette plutôt harmonieuse dans sa globalité, rehaussée, notamment, par quelques concerts éclectiques qui, conjugués aux charmes irrésistibles de la cité antique et aux délices culinaires de la région, feront de bonnes dates à marquer dans l’agenda estival de cette année.

Commençons par la fin : le concert de Dhafer Youssef, programmé en clôture (7 août), représente, à notre goût, un épisode musical de haute facture. Le Tunisien, maître du oud et vocaliste transcendant, est évidemment attendu après le lancement de son neuvième album « Street of Minarets », sorti début 2023. Avec ses mélodies aériennes et ses envols mystiques, son concert promet un voyage musical et spirituel éthéré au milieu des magnifiques ruines de Dougga.

Côté têtes d’affiches, le dinosaure du malouf Zied Gharsa, valeur sûre de l’évènementiel grand-public, ouvre certes le bal (27 juillet), mais le vrai moment phare de cette édition reste le concert de Nabiha Karaouli (3 août) qui promet une soirée « nineties » comme on n’en fait plus. Avec son vieux répertoire, devenu culte, et sa voix majestueuse, la diva tunisienne sera un pur régal pour un public de plus en plus nostalgique des années 90.

Habituée de Dougga, Souad Massi (2 août) sera, elle aussi, parfaitement dans son élément à l’amphithéâtre de la cité antique. Avec son ancien répertoire apprécié à sa juste valeur en Tunisie, l’Algérienne a également du nouveau à présenter. Elle, qui vient en tournée cet été pour son dernier album « Sequana », sorti fin 2022. Elle monte certes à Carthage (6 août) et se produit dans d’autres villes, mais, au bon plaisir du « feeling », la date de son concert à Dougga serait, à notre sens, la bonne à cocher.

Le mélange audacieux des genres sera surtout de mise, avec, au moins deux concerts très singuliers qui favorisent un dialogue de sonorités locales d’Afrique du nord qui s’annonce pour le moins alléchant, et qui, combinés à la grâce du site archéologique, valent très bien le déplacement : d’abord, l’incontournable Mauritanienne, Noura Mint Seymali, associée au talentueux Tunisien Nidhal Yahyaoui (30 juillet) ; et puis, de la grande ambiance avec le groupe marocain Bab L’Blues (1er août) mené par la transcendante Yousra Mansour, qui sera apposé au non moins talentueux duo tunisien Nour & Selim Arjoun. Résultat des courses en deux concerts : du maure au gnaoua en passant par le chaoui ; le tout enrichi de sonorités modernes et emmêlé de pop, d’afro, d’électro, de rock et de blues. Quel plaisir !

La fraîcheur sera, par ailleurs, au rendez-vous avec un concert inédit du groupe de rock jordanien El Morabba3 (4 août), alors que la chanteuse syrienne Faïa Younan (28 juillet), qui a conquis un public considérable en Tunisie, fait quasiment événement à Dougga. Du reste, les deux spectacles tunisiens, « Trig » de Mehdi Ayachi & Riadh Bedoui et « Denya » de Dali Chebil & Mohamed Ben Salha, programmés le même jour (31 juillet) seront dignes d’intérêt, tandis que deux soirées rap grand-public, avec Kaso (5 août) et Balti (6 août), complètent le tableau.

De la musique, en somme, pour tous les goûts ; il ne manquerait plus, d’ailleurs, qu’un zeste de théâtre pour que le divertissement soit complet. N’empêche, au-delà de la programmation musicale, le Festival international de Dougga offre une « expérience culinaire exceptionnelle », préviennent les organisateurs, et propose des visites guidées pour admirer le site archéologique et « plonger dans l’histoire fascinante de ce lieu emblématique ». Gros point fort, en effet, de cette manifestation très ancrée dans son authenticité culturelle locale.

Côté transport, les organisateurs rassurent : plusieurs lignes de bus seront mises en place pour faciliter l’accès aux festivaliers, dont des allers-retours assurés quotidiennement depuis la capitale pendant toute la durée du festival. La grande nouveauté, enfin, concerne l’hébergement : les habitants locaux de Dougga et de Téboursouk qui accueilleront une dizaine de participants. L’occasion de « favoriser l’échange interculturel et stimuler l’économie locale », soulignent les organisateurs.

Excentrique comme festival ? Au sens propre, peut-être bien. Très authentique, en tout cas. Passionnant, surtout.

Slim BEN YOUSSEF

 

Le programme

27 juillet – Zied Gharsa (Tunisie)

28 juillet – Faïa Younan (Syrie)

30 juillet – Noura Mint Seymali (Mauritanie) – Nidhal Yahyaoui (Tunisie)

31 juillet – « Trig » de Mehdi Ayachi & Riadh Bedoui (Tunisie) – « Denya » de Dali Chebil & Mohamed Ben Salha (Tunisie)

1er août – Bab L’Blues (Maroc) – Nour & Selim Arjoun (Tunisie)

2 août – Souad Massi (Algérie)

3 août – Nabiha Karaouli (Tunisie)

4 août – El Morabba3 (Jordanie)

5 août – Kaso (Tunisie)

6 août – Balti (Tunisie)

7 août – Dhafer Youssef (Tunisie)