Par Kamel Ben Younes*
Les sommets bilatéraux et régionaux entre les chefs d’états et de gouvernements africains se sont multipliés ces trois dernières années, parallèlement à l’extension des conflits armés et la succession de coups d’états .Les régions du Maghreb ,du Sahel et du Sahara attirent de plus en plus l’intérêt des grands décideurs du monde, notamment à cause des guerres en Libye et au Soudan, des conflits Maroc-Algérie ainsi que les coups de force et les « guerres par procuration » au Mali, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Niger..
Certaines « grandes capitales » sont en train de régler leurs comptes au sud de la méditerranée en général, dans certains pays au moyen orient et en Afrique en particulier. Il s’agit bel et bien d’une course contre la montre.
Une compétition entre les « anciennes puissances coloniales » et les « nouvelles superpuissances » se confirme, notamment pour des finalités énergétiques, nucléaires, commerciales, sécuritaires et géo stratégiques.
« Nouvel ordre régional et mondial » ?
Dans ce contexte se sont multipliés les conférences ministérielles et les sommets consacrés à la « coopération avec les pays africains ». Elles sont organisées aussi bien dans le continent africain, que dans les grandes capitales du monde. Washington, Paris, Bruxelles, Londres, Tokyo , PEKIN, Ankara et Moscou ont respectivement reçu les grands décideurs des pays du Sud Méditerranée et du continent africain . Certes cet intérêt aux « pays du Sud » est ancien.
Depuis une trentaine d’années se sont multipliés les sommets bilatéraux et régionaux des leaders américains, européens, chinois, turcs, iraniens et russes avec les chefs d’états africains.
Mais les derniers sommets de Washington, de Paris, de Pékin et de Saint Pittsburg en Russie ont certainement un « sens exceptionnel ».
Le processus de construction du « nouvel ordre mondial » après le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’extension des conflits OTAN-Russie s’impose.
La « neutralité » de la Tunisie ?
Dans ce contexte, comment la Tunisie et ses partenaires Sud Méditerranéens devraient -elles agir Faudrait -il confirmer la politique du « non alignement »et de « neutralité positive » ?
Ou bien il faut encourager « l’émergence du nouvel ordre mondial » et essayer de s’y intégrer ?
Dans les deux cas, la Tunisie et ses voisins de la région Euro-méditerranéenne ont ils les moyens et la volonté pour imposer une « nouvelle vision sécuritaire et géo stratégique » qui assure respectivement les intérêts des peuples et des états anciens signataires du processus de Barcelone ?
Seraient ils en mesure de régler leurs conflits à aspects sécuritaires, militaires et économiques avec leurs propres moyens sans s’impliquer davantage dans les « guerres des grandes puissances » , y compris celles qui opposent l’Otan,la Chine, la Russie , le Japon, l’Inde, la Turquie, l’Iran et Israel ?
Quelle nouvelle stratégie ?
Les bonnes intentions sont nombreuses, aussi bien après les sommets arabes d’Alger et de Jeddah que suite aux sommets africains et aux initiatives africaine pour résoudre les conflits en Ukraine, au Soudan, dans le pays du bassin du Nil ou entre le Maroc et l’Algérie ..Cependant la réalité sur terrain est plus compliquée. Certains facteurs structurels compliquent la situation davantage. Après trois décennies, le processus d’intégration euro-méditerranéenne est « un slogan »
Les principes des conférences de Barcelone 1995 et 2005, notamment sur la mobilité des personnes, des marchandises et des capitaux entre les deux rives de la Méditerranéenne, ne sont plus à l’ordre du jour. L’extrême droite et ses alliés néo fichistes sont de plus en plus influents à Bruxelles, Rome, Paris, Londres et Madrid.
Dans les pays du Sud, les processus de développement et de démocratisation sont en crise « structurelle. ». De nouveau, les « priorités sécuritaires » l’emportent. Que faire ? Le pragmatisme s’impose. Il faudrait investir davantage dans le secteur de la « sécurité alimentaire et socioéconomique », garantir les besoins des citoyens en nourriture et en santé en Tunisie et dans la région. Parallèlement, les ministères des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité devraient multiplier les efforts et contacts visant à résoudre les dossiers sécuritaires « lourds » dans un cadre régional.
La convergence des intérêts devrait mobiliser les « grands décideurs en méditerranée et en Afrique »
*Expert en géostratégie
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