Plusieurs pays adoptent des stratégies innovantes pour encourager la pratique du recyclage, tout en suscitant une prise de conscience collective sur sa valeur cruciale. En Europe, l’Allemagne se distingue par sa démarche exemplaire : une récompense monétaire pour chaque bouteille recyclée, une incitation tangible à préserver notre terre. Simultanément, en Italie et dans de nombreux autres pays, des événements inspirants et des initiatives innovantes éclosent dans les établissements scolaires et au sein de la société, capturant les esprits des plus jeunes dès leur plus tendre âge. Le recyclage se transforme ainsi en un mode de vie instinctif, un acte presque subconscient, gravé dans leurs habitudes quotidiennes.
Cependant, la Tunisie, véritable joyau méditerranéen, est aux prises avec une crise de déchets dont les répercussions sont profondes. Les déchets altèrent l’image du pays et entravent son plein potentiel. Les occasions de recyclage demeurent en grande partie inexplorées.
Seulement 8% des déchets ménagers et assimilés sont recyclés et valorisés
En effet, seulement 8% des déchets ménagers et assimilés sont recyclés et valorisés, alors que 20% sont jetés dans la nature et 70 % sont enfouis dans des décharges qualifiées de contrôlées, selon les données publiées par le Forum Ibn Khaldun pour le développement (FIKD).Ces chiffres démontrent la mauvaise gestion des déchets en dépit de son importance économique, notamment en termes de production d’énergies renouvelablesa Tunisie produit autour de 2,8 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés et presque 350 mille tonnes de déchets industriels qualifiés de dangereux, dont un tiers devrait être traité de manière écologiquement acceptable.
A noter que le reste de ces déchets industriels demeure en grande partie stocker aux alentours des usines.Et de rappeler qu’à cause du refus de la population de Jradou (gouvernorat de Zaghouan), le centre de traitement des déchets dangereux installé dans cette région est à l’arrêt depuis la Révolution de 2011.Les déchets ménagers et industriels constituent encore une source importante d’insalubrité tant en milieu urbain que rural et de dégradation de l’environnement et de la qualité de la vie, selon le forum susmentionné.
Dans le même contetxe, le Forum a mis l’accent sur l’absence de dispositifs de quantification, de caractérisation et d’analyse des déchets, aussi bien à l’échelle nationale qu’au sein des communes et ce malgré de multiples tentatives.Et d’ajouter que la gouvernance des déchets telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, particulièrement sur le plan institutionnel et organisationnel, constitue l’une des entraves majeures à la promotion d’une gestion performante des déchets, lit-on sur le site de l’agence TAP.
Le FIKD a proposé dans ce cadre de développer et de mettre en œuvre une stratégie globale, intégrée de gestion qui favoriserait la réduction et la valorisation des déchets et dans laquelle s’impliqueraient efficacement l’ensemble des acteurs concernés ; à savoir les communes, les structures de l’environnement, la population, les entreprises, les consommateurs, les médias et les structures de recherche.
Il a préconisé aussi d’instaurer une redevance pour la gestion des déchets pour tout producteur sur la base des quantités produites et des qualités.
Ghada DHAOUADI