« Anamorphose », c’est le titre de l’exposition collective qui se déroule actuellement à l’Espace Aïn de Salammbô. Sept artistes contemporains y participent avec leurs œuvres hétéroclites, dans ce sens qu’elles s’écartent parfois de la réalité, de par la conception des formes, le choix des techniques nouvelles qui reposent essentiellement sur la technologie moderne et le numérique.
Décidément, le numérique se fait de plus en plus une place dans l’art contemporain. L’entrée du monde de l’art dans l’ère numérique est un véritable défi. Omniprésents dans nos vies quotidiennes, le numérique et les nouvelles technologies le sont aussi dans les domaines de la création artistique. Cette digitalisation de notre monde n’a cependant pas entraîné la disparition de pratiques plus ancestrales, comme la peinture classique qui ne meurt jamais, mais qui se fait repenser et réinventer dans un monde de plus en plus numérisé. En effet, le numérique a opéré une profonde mutation du monde de l’art, qui a suivi de près les différentes évolutions dans ce domaine.
Les artistes exposants ici sont Amir Chelly présent avec 04 œuvres, Aya Ben Amor 02 œuvres, Hamza Moussa 02oeuvres, Inès Arif 04 œuvres, Lobna Ben Saâd 03oeuvres, Nadia Lajili 05 œuvres et Rim Bouras 03 œuvres. Nous n’allons pas parler de chaque artiste à part ni de leurs œuvres respectives prises séparément. Mais nous nous bornerons de mettre l’accent sur l’originalité de ces œuvres auxquelles les passionnés des arts plastiques en Tunisie sont peu habitués, dans la mesure où le numérique est utilisé comme un outil au service de la peinture.
Nos artistes travaillent à parti de photos prises dans la réalité qu’ils retravaillent avec des outils informatiques. Ils recourent à différentes matières et techniques en y déployant une impressionnante palette de couleurs, dont les nuances démontrent une réelle sensibilité. Ces sept artistes ont certainement dû faire un travail sur ordinateur en laissant libre cours à leur imagination créative, réalisant d’abord des croquis sur différents supports auxquels ils ont ajouté de la couleur qu’ils ont scrupuleusement choisie. Ils combinent ainsi travail numérique et travail pictural. Ce procédé de création n’est pas moins noble que la peinture à l’huile, l’acrylique ou la gouache. Les techniques sont différentes, peut-être plus rapides, mais l’esprit créatif existe.
D’autre part, tout en se croyant voyager dans une réalité virtuelle, les artistes se réfèrent souvent à la peinture classique en s’inspirant d’œuvres anciennes et au monde vécu en y puisant des scènes quotidiennes. Tout cela subit chez nos artistes des transformations profondes ou légères au point de paraître peu ordinaires à nos yeux. Cependant, il y a toujours un message à véhiculer ou une idée à interpréter. Bref, on peut voir dans cette exposition une collection d’anamorphoses qui sont des œuvres artistiques empreintes d’une sorte d’illusionnisme et parfois de surréalisme où apparaissent des formes et des éléments tantôt partiellement déconstruits, tantôt totalement défigurés, provoquant ainsi des illusions trompeuses, mais séduisantes et merveilleuses. Une exposition à voir sans modération jusqu’au 26 octobre.
Hechmi KHALLADI