Sur les bancs des universités, les étudiants en journalisme du monde entier ont été imprégnés de l’éthique journalistique, des principes fondamentaux, et du devoir de transmettre l’information de manière impartiale, quelles que soient les conséquences, même si cela signifie mettre en jeu la vie de certains. Ils ont été présentés en exemple les médias respectant ces principes, dont les chartes semblaient être des modèles à suivre. Cependant, à chaque conflit international, il devient manifeste que ces médias ne sont que partiellement alignés sur les principes et les valeurs qui devraient guider cette noble profession.
Par exemple, lors des tragédies à Gaza, lorsque l’attention du monde se tourne vers les Palestiniens, plusieurs ressentent un profond désir de comprendre les détails des événements survenus sur cette terre, de connaître les bilans humains et les crimes perpétrés contre les citoyens. Que ce soit pendant leur pause déjeuner au travail ou à la fin d’une longue journée, bon nombre d’entre eux passent d’une chaîne d’information à une autre pour entendre ce que les correspondants de différents pays ont à dire. Cependant, il est de plus en plus évident qu’il existe autant de réalités que de chaînes d’information. Les chiffres diffèrent d’un média à l’autre, les responsabilités varient, et les victimes se transforment en coupables selon certains médias, tandis que la désinformation prend de l’ampleur. Sur les réseaux sociaux, la frustration s’exprime largement, certains s’interrogeant sur la crédibilité des textes historiques, alors que l’histoire est en train d’être déformée sous leurs yeux. Certains médias ont même été boycottés par des défenseurs de la cause palestinienne, et des rumeurs circulent sur la démission de journalistes tunisiens qui, soucieux de ne pas trahir la voix de la vérité, refusent de participer à des chaînes d’information qui non seulement manquent de neutralité, mais sont également manipulées pour servir des agendas politiques et présenter une version biaisée de la réalité médiatique.
Les enjeux de la désinformation
À côté des trois pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire) la pensée politique des 20e et 21e siècles découvre que les moyens de communication ont le pouvoir d’influencer les décisions publiques. Le pouvoir des médias de masse apparaît libre de toutes les limites et insuffisamment règlementé. Ce quatrième pouvoir, dans l’escalade des intérêts politiques, devient l’unique qu’il vaut vraiment la peine de contrôler. La construction de la paix aujourd’hui passe par la conception d’un système de médias fondé sur la liberté et l’indépendance, particulièrement dans une Afrique peu alphabétisée et où le sens critique doit s’épanouir, selon le livre » la désinformation et ses applications aux conflits internationaux ».
Alors que la mésinformation fait référence à la diffusion accidentelle d’informations inexactes, la désinformation, non seulement est inexacte, mais vise principalement à tromper et est diffusée dans le but de causer un préjudice grave. Elle peut être diffusée par des acteurs étatiques ou non-étatiques ; elle peut affecter un vaste éventail de droits fondamentaux, saper la réponse des politiques publiques ou encore amplifier les tensions en période d’urgence ou de conflit armé. Il n’existe pas de définition universellement acceptée de la désinformation. Aucune définition ne peut se suffire à elle-même, tant les contextes dans lesquels la désinformation peut survenir sont variés et complexes, comme le processus électoral, la santé publique, les conflits armés ou le changement climatique, lit-on dans le rapport « Combattre la désinformation » publie sur le site officiel des Nations Unies.
Ghada DHAOUADI