Les femmes les plus belles, les plus intelligentes, les plus profondes sont les femmes séditieuses, les femmes insurgées, les femmes rebelles. Ce sont les plus « complètes », les plus irrésistibles, les plus séduisantes. Elles sont palestiniennes. Ce sont les femmes de la Résistance. Dès lors qu’elles répondent à l’énergie insurrectionnelle tout à fait surnaturelle qui les habitent, au souffle subversif surréel qui anime leurs âmes, à la pétulance factieuse extraordinaire qui meut leur corps, à la flamme surhumaine qui les hisse au rang de déesses, elles permettent une transcendance révolutionnaire d’autant plus sublime que l’épopée tragique à laquelle elles se soumettent est plus irrattrapable, et elles procurent une joie qui est à la proportion de la bravoure inégalable qu’elles inspirent. Le plaisir qui en résulte est celui, abstrait, suréminent, métaphysique, qui suit le sacrifice par lequel la Palestine colonisée se soulage d’un faix de violence génocidaire devenu insupportable, et qui se rassemble, chaque jour, chaque minute, chaque seconde, sur le dos d’un martyr aussi exceptionnel qu’arbitraire tué à Gaza.
Sacrées sublimatrices. Je soutiens qu’elles correspondent à un idéal de vie, un idéal d’amour, un idéal de résistance, qui serait universel. Je corrige : qui est universel.
Ces femmes de la Résistance palestinienne, belles, intelligentes, profondes, sont, pour la plupart du temps, inconnues, « ordinaires », anonymes. Nos pensées vont surtout vers elles. Ces quelques lignes chantent leur gloire.
N’empêche, l’une de ces femmes est aujourd’hui célèbre. Très célèbre. Encore enfant, elle mord, en 2015, un soldat israélien pour l’empêcher d’arrêter son petit frère, plaqué au sol et qui avait le bras dans le plâtre. La scène, filmée, fait le tour du monde et devient iconique. A 16 ans, elle est emprisonnée pendant huit mois pour avoir giflé, en 2017, deux soldats israéliens. Elle devient très vite une icône mondiale de la Résistance palestinienne. Elle s’appelle Ahed Tamimi. Elle n’a aujourd’hui que 22 ans.
Battue lâchement par un groupe de soldats israélien surarmés puis arrêtée ce lundi 6 novembre dans son village Nabi Saleh en Cisjordanie occupée. Motif : « incitation à la violence et à des activités terroristes sur Instagram ».
Slim BEN YOUSSEF