Dans sa guerre médiatique (l’autre guerre) contre Gaza, la nomenklatura occidentale n’en finit pas de surprendre. Pas un jour ne passe, depuis le 7 octobre, sans qu’elle n’invente un nouveau refrain : droit d’Israël de se défendre, daéchisation du Hamas, lutte contre l’antisémitisme, etc. De la victimisation de l’entité sioniste à la diabolisation de la Résistance palestinienne, les rengaines médiatiques suivent une logique toute simple : défendre l’indéfendable. Peut-on défendre le « droit » d’Israël de commettre un génocide ? Pour l’establishment occidental, la réponse est oui. Comment défendre le génocide commis par Israël ? Dans cet exercice-là, la fabrique à mensonges occidentale est un vrai cas d’école.
Ecoutez la der : le Hamas utilise les civils et les hôpitaux comme boucliers humains.
Comme une traînée de poudre, la ritournelle, sortie de la bouche d’un porte–parole de l’armée génocidaire israélienne est rabâchée à satiété. Dans la foulée, l’Union européenne condamne l’utilisation d’hôpitaux et de civils comme boucliers humains. Washington développe : le Hamas ne représente pas le peuple palestinien parce qu’il utilise les hôpitaux et les civils comme bouclier humain. Les médias, eux, se surpassent. Un titre s’interroge : Les civils de Gaza comme « boucliers humains » ? Un autre renchérit : Les terroristes utilisent-ils les civils palestiniens comme boucliers humains ? Un autre tranche : Le Hamas utilise les palestiniens comme boucliers humains. Les plateaux télévisés décortiquent. Les émissions radio déchiffrent. Les dépêches inondent le Web. Les caricatures brocardent à qui mieux mieux. Tout est manipulé. Tout est détourné. Tout est inversé. Tout est perverti. Tout est délire et escroquerie.
« Bouclier humain » ? Après la tragédie, la farce.
Evidemment, les citoyens libres du monde ne sont pas dupes. Les dirigeants sont criminels, les médias sont complices, mais partout, les marées humaines inondent les rues pour la Palestine. N’empêche : nous vivons un moment d’une extraordinaire bouffonnerie : le renversement du réel n’est-il pas le summum du burlesque ? C’est que, depuis le 7 octobre, le déni occidental oscille entre perversion grotesque du réel et psychose ubuesque. A vous dire la vérité, ça m’a donné envie de réviser mon Molière.
Tirez le rideau, la farce est jouée.
Slim BEN YOUSSEF