Par Jamel BENJEMIA

Dans le kaléidoscope effervescent des temps modernes, où les cieux bruissent d’urgences planétaires, s’est ouverte à Dubaï une conférence cruciale : la COP28 (« 28ème réunion de la Conférence des Parties »), pèlerinage annuel des nations vers le sanctuaire de la préservation climatique. Un éclat de désespoir et d’espoir s’entremêle dans cette rencontre où les délégués, tels des oracles contemporains, tenteront de déchiffrer l’avenir d’une terre en perdition.

Les symphonies tumultueuses de ce ballet diplomatique résonnent depuis la déclaration originelle de Rio en 1992, l’année où l’humanité, face au miroir de son impact écologique, esquissa les premiers pas de sa danse avec le destin climatique.

Les troubadours des temps modernes narrent ce voyage temporel, des promesses de Berlin à l’apathie post-Kyoto, pour aboutir à l’ode désespérée de la COP21 à Paris, où l’humanité promit de retenir l’ardeur d’un climat en furie.

A l’orée de la COP28, les regards se tournent vers les Émirats Arabes Unies (EAU), contrées de contradictions où le pétrole et les énergies renouvelables s’entremêlent dans un tango époustouflant.

« Cassandre », dans son plaidoyer prophétique, décrit un monde en proie à une fièvre climatique, où les feux, les inondations et les sécheresses deviennent les notes funestes d’une partition écologique déséquilibrée. La Terre, le vaisseau de l’humanité, tangue dangereusement sur des eaux incertaines.

Le « rapport du Club de Rome », tel un grimoire écologique, ajoute une voix sombre à ce chœur apocalyptique. Ses pages dévoilent les insuffisances des engagements actuels, transformant l’espoir de « limiter le réchauffement à 1.5 °C » en un songe lointain. L’ONU, elle-même, offre une épitaphe : « nous sommes désormais sur une trajectoire menant à une augmentation de 2.9 °C d’ici 2100 ». Les montagnes de promesses se muent en vallées d’incertitudes.

Dans ce cénacle d’urgence, la COP28 s’annonce comme un chapitre crucial, une épopée où les nations esquissent les contours de leur destin écologique. Les Émirats Arabes Unis, paradoxe dansant entre les mirages du pétrole et les oasis des énergies renouvelables, seront-ils le théâtre d’une renaissance ou d’une élégie climatique ?

Les délégués, tels les émissaires d’une humanité en sursis, écriront-ils un nouveau chapitre dans le grand livre de la survie planétaire ?

L’historique des « COP »

Dans l’épopée tumultueuse des « COP » précédentes, chaque acte a constitué une tentative de l’humanité pour esquisser son destin climatique. Le récit débute en 1992 à Rio de Janeiro, où 178 nations se sont rassemblées dans une fresque d’espoir. La Déclaration et la Convention issues de cette conférence décennale de l’ONU sur « l’environnement et le développement » tracent les premières esquisses du « développement durable », évoquant la nécessité pressante de « réduire les émissions de gaz à effet de serre ».

Les années qui suivent, de Berlin à Genève, témoignent d’évolutions prometteuses. À Berlin, des objectifs chiffrés visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre sont énoncés, insufflant un dynamisme tangible dans la bataille climatique. À Genève, le « GIEC » (« Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ») publie son deuxième rapport avertissant que les changements climatiques présentent un danger imminent pour l’humanité. Les espoirs prennent leur envol tandis que la « COP » se profile comme l’arène où se dessinent les contours de notre engagement collectif envers la Terre.

Pourtant, le récit prend un tournant à « Kyoto » en 1997. Un protocole contraignant, non signé par les États-Unis, voit le jour, établissant des directives, dont l’objectif est de « réduire les émissions de CO2 de 5.2% d’ici 2020 », avec l’année 1990 comme référence. Un serment gravé dans l’histoire, mais le sommeil l’envahit dès l’année suivante.

Il faut attendre 2015 pour que la COP21 à Paris devienne le théâtre d’une ambition renouvelée. L’objectif audacieux de contenir l’augmentation de la température mondiale « bien en dessous de 2 °C » est proclamé, esquissant ainsi une vision de préservation radicale. Cependant, la réalité post-Paris, marquée par des « COP » sans importance, transforme l’espoir en une ombre fragile.

L’histoire climatique est une mosaïque complexe d’efforts et d’échecs. Les actes précédents résonnent comme les échos d’une quête perpétuelle, de promesses non tenues et d’urgence climatique grandissante. Les délégués présents à Dubaï, porteurs du fardeau de ces actes passés, cherchent à écrire un avenir où l’humanité n’est plus captive des flammes de l’indifférence climatique.

Les enjeux

La COP28 s’inaugure dans un contexte mondial où l’avenir de la planète est suspendu à un fil. Au cœur de cette réunion décisive à Dubaï, l’évaluation mondiale des actions climatiques se dessine comme l’élément central de l’intrigue.

« L’Accord de Paris », fruit d’une petite révolution à la COP21, se soumet à l’épreuve de son bilan quinquennal. Plus de 1000 documents passés en revue, une évaluation implacable des réalisations des nations. Les constats sont alarmants : les engagements actuels laissent la planète sur une trajectoire de « réchauffement de 2.9°C d’ici 2100 », bien au-delà des limites fixées à Paris.

La danse entre les énergies fossiles et renouvelables éclate au grand jour. Organisée par les Émirats Arabes Unis, un État pétrolier, la COP28 transporte au cœur de la contradiction. Les énergies renouvelables, sous les feux des projecteurs, incarnent l’espoir d’une transition énergétique. Cependant, le paradoxe persiste avec la présence omniprésente du lobby des énergies fossiles, où les discours de « confiance » et de « coopération » se heurtent à l’urgence proclamée par les scientifiques du monde entier.

Au centre de l’attention, l’énergie devient l’épicentre d’une proposition ambitieuse. Les Émirats Arabes Unis aspirent à un « paquet énergétique » : un triplement de la capacité mondiale en énergies renouvelables et un doublement de l’efficacité énergétique d’ici 2030. Les espoirs se nichent dans cette proposition, mais l’ombre des combustibles fossiles plane sur son acceptation dans le texte final.

Les finances, le nerf de la guerre climatique, s’inscrivent comme un acteur crucial. Les pays du Sud, souvent plus vulnérables face aux changements climatiques, réclament une aide des nations riches. Les débats enflammés autours des « 100 milliards de dollars promis en 2009 » à Copenhague resurgissent, mettant en lumière les failles de l’engagement.

En cette COP28, le monde retient son souffle avec une impatience palpable. Les défis se dessinent, laissant les délégués aux portes d’une arène où les décisions transcendent les mots, où l’avenir de la planète est en suspens.

Perspectives et craintes

Les perspectives et les craintes s’entremêlent en un crescendo d’anticipation à l’approche de l’issue de la COP28. L’horizon climatique oscille entre l’espoir d’une avancée significative et la crainte persistante d’un statu quo préjudiciable.

Du côté des perspectives, l’annonce d’un « paquet énergétique » ambitieux par les Émirats Arabes Unis apporte une lueur d’espoir. Cependant, les regards restent fixés sur la question épineuse de l’abandon des combustibles fossiles, une étape cruciale pour infléchir véritablement la trajectoire climatique.

Les perspectives financières alimentent à la fois l’espoir et l’appréhension. L’atteinte, pour la première fois, des « 100 milliards de dollars promis en 2009 » apporte un souffle d’optimisme quant à un soutien accru aux pays les plus vulnérables.

Cependant, les débats persistants sur l’origine des fonds et leur affectation aux projets d’adaptation soulèvent des doutes quant à la concrétisation de ces engagements financiers.

Les tensions entre les défenseurs des énergies fossiles et les partisans des énergies renouvelables jettent également une ombre sur les perspectives.

Le défi de concilier des intérêts contradictoires subsiste, évoquant le spectre d’un compromis dilué qui pourrait ne pas répondre à l’urgence climatique.

Les enjeux sont colossaux, le temps presse, et les regards du monde convergent vers Dubaï avec une attente fébrile.

L’écho des propositions du nouveau « rapport du Club de Rome » résonne dans cette arène climatique.

Un mécanisme financier incitatif qui encourage le passage des énergies polluantes aux alternatives renouvelables, est un signal fort en faveur d’un changement radical dans notre approche énergétique. Il encourage à abandonner les vestiges du passé et à embrasser un avenir propulsé par des énergies propres et durables.

Que la COP28, sous l’influence de ces idées novatrices, devienne le catalyseur d’une ère où les générations futures regarderont en arrière et reconnaîtront ce moment comme le tournant vers une planète verte et saine.

L’espoir réside dans la capacité de cette conférence à être plus qu’une simple réunion, mais le point de départ d’une aube radieuse, portant en elle l’espoir concret d’une transformation positive.